Carburants : Malgré le réajustement, le FMI prédit l’insoutenabilité des subventions
Bien que le trésor public se déleste ainsi d'une charge financière colossale, l'Institution financière internationale reste néanmoins pessimiste en ce qui concerne la soutenabilitée des subventions aux carburants consignées dans la loi de finances 2023
Le 31 janvier 2023, le gouvernement camerounais a finalement acté la hausse des prix à la pompe après des semaines de suspense. Depuis le 1er février 2023, le prix du litre de super qui coûtait 630 FCFA est passé à 730 FCFA, soit une augmentation de 100 FCFA. Quant au gasoil, il est désormais vendu à 720 FCFA le litre, contre 575 FCFA il y a encore quelques jours. Ce qui correspond à une augmentation de 145 FCFA. Cet ajustement haussier est intervenu après les consultations menées à Yaoundé entre le FMI et les autorités locales pendant une grande partie du mois de janvier, dans le cadre du programme économique et financier que les deux parties mènent ensemble.
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Avec cette augmentation d’un montant global de 245 FCFA appliquée au prix du super et du gasoil, la trésorerie de l’Etat se déleste certainement d’une charge financière considérable, toutefois les prévisions du FMI demeurent pessimistes. Notamment en ce qui concerne la soutenabilité du mécanisme de soutien à l’achat des carburants qui même réduit de plus de 400 milliards a toujours une incidence négative sur le PIB. Pis encore, le montant officiellement consigné dans la loi de finances 2023. «Contrairement à la mesure proposée ci-dessus, le gouvernement camerounais a également la possibilité d’opter pour une augmentation de moindre importance. Soit un ajustement haussier équivalent à 21% qui serait conforme au seuil de rentabilité de la contribution nette des produits pétroliers au budget. Les prix à la pompe devraient alors s’établir à 764, 697 et 424 francs CFA le litre pour l’essence super, le gasoil et le pétrole lampant respectivement. «Dans ce scénario, les subventions diminuent à 476 milliards de francs CFA, un montant qui demeure élevé, à 1,7 % du PIB, mais inférieur au coût de 712 milliards de francs CFA dans le scénario [aucun changement]» a indiqué le FMI.
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Bien qu’elle ne saurait intervenir dans un avenir très proche, une nouvelle hausse des prix des carburants n’est pas à exclure. Surtout que, comme elle l’a rappelé à plusieurs reprises, l’objectif est de supprimer complètement les dépenses ayant trait aux subventions mentionnées supra. Ceci, afin de créer un espace budgétaire pour financer les investissements productifs et les dépenses sociales. «Les subventions sont mal ciblées en ce qui concerne les couches vulnérables, et ont un effet d’éviction sur les dépenses prioritaires. A titre d’illustration, les subventions aux prix des produits pétroliers représentent six fois le budget alloué à l’agriculture, quatre fois celui de la santé et plus de trois fois celui de l’énergie et de l’eau» révèle le FMI.
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Néanmoins, Les efforts consentis par le Cameroun dans ce processus de réforme des subventions des prix à la pompe ont certainement favorisé l’annonce d’un décaissement imminent de 45 milliards dans le cadre des accords de la facilité élargie de crédit (FEC) et du Mécanisme élargi de crédit (Medc). « La mission a conclu un accord au niveau des services avec les autorités camerounaises sur les politiques économiques et financières qui pourraient soutenir l’approbation de la troisième revue du programme appuyé par la FEC et le Medc. La conclusion de la troisième revue par le Conseil d’administration du FMI prévue en début mars 2023 permettrait le décaissement de 55,2 millions de DTS (environ 74,6 millions de dollars» renseigne le FMI qui par la même occasion, fait des projections économiques optimistes pour le Cameroun au courant de cette année. Selon cette institution financière internationale, «Le déficit budgétaire global devrait diminuer à 1,7 % du PIB en 2023, soutenu par la poursuite de la reprise, la hausse des cours du pétrole et des recettes fiscales non pétrolières