Campagne cacaoyère : avec 186 754 tonnes en 2022-2023, les exportations du Cameroun dégringolent de plus de 18%
Selon les chiffres que l’Office national du cacao et du café (Oncc) s’apprête à révéler au cours du lancement de la campagne cacaoyère 2023-2024, prévue ce jeudi 7 septembre 2023 à Ngomedzap, la filière camerounaise a perdu un volume de 42 166 tonnes en termes d’exportation, lors de la campagne 2022-2023, par rapport à 2021-2022. Une situation à laquelle n’est pas étranger le siphonnage de la production locale par le voisin nigérian.
Le Cameroun a officiellement réalisé des exportations des fèves de cacao de 186 754 tonnes au cours de la campagne cacaoyère 2022-2023. Selon le bilan élaboré par l’Office national du cacao et du café (Oncc), dans le sillage du lancement de la nouvelle campagne 2023-2024 ce 7 septembre 2023 à Ngomedzap, ces exportations ont dégringolé de 42 166 tonnes, soit 18,4%. En effet, lors de la campagne 2021-2022, le Cameroun avait exporté 228 920 tonnes de fèves brutes vers le marché international.
L’Oncc souligne cependant que cette baisse des exportations aurait pu être atténuée, si les exportations illégales vers le Nigeria, à partir du bassin de production du Sud-Ouest du Cameroun, avaient été prises en compte. « Il serait nécessaire d’appliquer un taux de correction des volumes exportés de l’ordre de 40 000 tonnes, issus des sorties des produits du bassin de production du Sud-Ouest vers le Nigeria, pour avoir la réelle production nationale commercialisée », peut-on lire dans le rapport de l’Oncc, que Ecomatin a pu se procurer.
En effet, le siphonage de la production cacaoyère du Cameroun par le Nigeria a été un véritable caillou dans la chaussure de la filière locale, au cours de la dernière campagne. A cause du contexte d’insécurité dans le Sud-Ouest, deuxième bassin de production du Cameroun derrière la région du Centre, les exportations frauduleuses vers le Nigeria se sont amplifiées au cours de la dernière campagne, au point où le ministre du Commerce a dû interdire toutes les exportations vers ce pays voisin. Mais, l’on peut constater que cette interdiction survenue le 13 juin 2023, a été décidée pratiquement à la fin de la campagne, prévue traditionnellement à la mi-juillet.
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« Constat a été fait qu’au titre de la campagne cacaoyère 2022-2023, le volume des exportations frauduleuses, principalement à destination du Nigeria, a atteint des niveaux inédits, compris entre 30 000 et 60 000 tonnes, soit 10 à 20% de la production nationale de cacao, représentant un manque-à-gagner pour le Trésor public de près de 10 milliards de FCfa, en termes de droits de sortie et de redevance à l’exportation, et une perte sèche, au titre du rapatriement des devises, d’environ 60 milliards de FCFA », révèle Luc Magloire Mbarga Atangana dans la circulaire signée le 13 juin 2023, à la sortie d’une réunion de crise avec les acteurs de la filière cacao, au sujet des exportations frauduleuses vers le Nigeria.
Une campagne 2022-2023 mitigée
Cinq jours après l’interdiction des exportations de fèves vers le pays le plus peuplé d’Afrique, et la mise en place d’un dispositif de contrôle et de surveillance des routes ouvrant sur le Nigeria, la douane camerounaise procédait, dans la nuit du 18 au 19 juin 2023, à la saisie de 140 tonnes de fèves en voie d’exportation vers ce pays voisin. La prise a été effectuée par les éléments du Groupement actif des douanes du Sud-Ouest, dans les localités de Mamfé, Besong Abang et Ekok.
Une campagne 2022-2023 mitigée
Cinq jours après l’interdiction des exportations de fèves vers le pays le plus peuplé d’Afrique, et la mise en place d’un dispositif de contrôle et de surveillance des routes ouvrant sur le Nigeria, la douane camerounaise procédait, dans la nuit du 18 au 19 juin 2023, à la saisie de 140 tonnes de fèves en voie d’exportation vers ce pays voisin. La prise a été effectuée par les éléments du Groupement actif des douanes du Sud-Ouest, dans les localités de Mamfé, Besong Abang et Ekok.
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Cependant, au-delà de la gangrène des exportations frauduleuses vers le Nigeria, la campagne cacaoyère 2022-2023 s’est achevée sur une baisse de la production nationale commercialisée. Selon les chiffres de l’Oncc, cette production a été de 262 112 tonnes. Comparée aux 295 163 tonnes de la campagne 2021-2022, cette production est en baisse d’un peu plus de 11%, soit 33 051 tonnes. Les prix aux producteurs ont quant à eux progressé au cours de la campagne, atteignant un maximum de 1 480 FCfa le kilogramme, alors que la même quantité de fèves était cédée à 1 290 FCfa, au cours de la campagne 2021-2022. L’Oncc note cependant que certains acheteurs portés vers les exportations frauduleuses vers le Nigeria, ont même acheté le kilogramme de fèves jusqu’à 1 600 FCfa dans le bassin du Sud-Ouest.
L’amélioration observée sur le prix moyen maximum pratiqué par les acheteurs pendant la campagne, l’a également été au niveau de la transformation locale des fèves. Le rapport de l’Oncc note sur ce segment une légère hausse de 2,7%, passant de 86 850 tonnes transformées en 2021-2022, à 89 204 tonnes de fèves transformées en 2022-2023. Au cours de la campagne, cette transformation des fèves en produits finis ou semi-finis a été assurée, apprend-on, par six unités industrielles appartenant pour la majorité à des multinationales, et 34 unités artisanales, portées par les opérateurs locaux.