Cameroun-Russie : la coopération comme elle va
Alors que Gazprom et Lukoil s’apprêtent à se livrer une guerre dans le secteur de la production du gaz naturel liquéfié dans le pays, EcoMatin fait le point sur les relations bilatérales russo-camerounaises, vieilles de 55 ans.
Face à la presse le week-end dernier et dans la mouvance du tout premier sommet Russie-Afrique, en marge duquel se tiendra un forum d’affaires, le président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, s’est bombé le torse en indiquant que son pays et ses entreprises disposent de ressources colossales et sont plus que jamais prêts à faire du business en Afrique. Ils n’attendraient pour cela de leurs partenaires africains, que des garanties en termes de mécanismes de protection des investissements ; que ceux-ci leur assurent un climat d’investissements favorable. Avec son potentiel minier impressionnant, le gouvernement a annoncé en avril 2019 avoir découvert plus de 300 nouveaux sites dans cinq régions, le Cameroun devrait en principe, au terme du sommet de Sotchi, convaincre d’autres entreprises russes, principalement celles qui font dans la mine, de venir s’établir dans le pays. Dans le secteur énergétique, la présence russe au Cameroun est symbolisée par Gazprom Marketing & Trading Singapore Pte Ltd, filiale à 100% de Gazprom, la plus grande entreprise russe de par la valeur boursière.
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Elle produit notamment, depuis l’an dernier, du gaz naturel liquéfié (GNL) au large de Kribi. Grâce à cet investissement, le Cameroun est devenu en 2018, le deuxième pays au monde à utiliser cette technologie pour liquéfier du gaz naturel (le premier étant la Malaisie). Au premier trimestre 2019, sa production était de 693 830,42 m3. Cette production est exportée en totalité vers la Chine et Taïwan (Asie), les deux plus gros demandeurs de gaz naturel liquéfié au monde. La Société nationale des hydrocarbures (SNH), indique d’ailleurs que la demande de ces pays (73%) devrait continuer augmenter du fait de leur croissance économique et démographique trop rapide et trop forte. De nouveaux investissements russes dans le secteur seraient donc du pain béni pour le Cameroun qui a besoin non seulement d’accroître ses sources de revenus, mais aussi de les diversifier davantage.
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Bonne nouvelle : lors de son assemblée annuelle des actionnaires, en juin dernier, Lukoil, un autre géant russe de l’énergie, a fait part de son intention de concurrencer Gazprom dans la production du GNl au Cameroun. Il ne devrait pas tarder à faire connaître ses prétentions en termes de coût de l’investissement. En 2014, le Cameroun et la Russie ont célébré 50 ans de coopération. A l’occasion, il avait été rappelé que, dans le secteur de l’éducation, l’Ecole des eaux et forêts de Mbalmayo et l’université de Dschang ont bénéficié d’importants appuis de la Russie. Par ailleurs, plus de 2000 étudiants Camerounais ont été formés en Russie depuis 1964. En avril 2015, le Cameroun a paraphé avec l’ex-puissance soviétique, un accord de coopération militaire et technique. Dans la foulée, le pays de Vladimir Poutine avait mis à la disposition de l’armée camerounaise des armes et des équipements militaires sophistiqués de dernière génération, pour combattre Boko Haram. Il avait également déployé dans le pays, 1900 tonnes d’aide alimentaire destinée aux réfugiés que le pays accueille, pour un montant d’environ 3 milliards Fcfa. Au plan économique, la présidence de la République avait annoncé en 2015, que le Cameroun bénéficierait de plus en plus de l’expertise russe dans le domaine de l’industrie et de l’énergie, avec la participation des banques et de grandes entreprises venues de Russie. Le sommet de Sotchi pourrait donc servir de base à la matérialisation de ces promesses et engagements. Une aubaine pour le Cameroun qui a tant besoin de ressources non seulement pour continuer à supporter ses dépenses sécuritaires, mais surtout, pour financer ses projets infrastructurels, principalement dans les deux secteurs précités.