Cameroun : Les syndicats font pression pour un SMIG à 60 000 FCFA
Sous le lead d’Isacc Bissala, président de l’Union générale des travailleurs du Cameroun (Ugtc) ces dernières promettent d’œuvrer pour que la hausse de 41 875 FCFA proposée par le gouvernement connaissement un ajustement haussier .
La hausse du salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig) sera à l’ordre du jour d’une réunion tripartite à laquelle vont assister le ministre du travail, les organisations syndicales spécialisées dans la défense des droits des travailleurs, ainsi que les organisations patronales. Cette assise qui aura lieu au plus tard le 8 février 2023 va donner l’occasion à ces différentes intelligences de tabler définitivement sur la proportion de hausse à appliquer au Smig actuel qui s’élève à 36 270 FCFA. Toutefois, en attendant l’ouverture des débats, certains protagonistes affichent déjà la couleur. C’est notamment le cas du gouvernement qui, à travers un communiqué publié par le secrétaire général des services du Premier ministre le 31 janvier 2023 a suggéré une hausse de 5 605 FCFA, soit un smig à 41 875 FCFA.
Ce réajustement marginal ne correspond pas aux aspirations des organisations syndicales qui militent pour un smig à 60 000 FCFA minimum. Isaac Bissala président de l’Union générale des travailleurs du Cameroun (Ugtc), chef de file de cette contestation, promet d’ailleurs de faire bloc pour que la hausse proposée par le gouvernement soit unanimement rejetée. «Le smig ne sera pas à 41 875 FCFA. Ça vous pouvez en être sur» a-t-il promis. Bien qu’il reconnaisse au gouvernement le droit de faire des propositions concernant la hausse du salaire plancher, il estime tout de même celle qu’il a faite n’est accompagnée d’aucune explication qui viendrait la justifier «Une réunion tripartite va se tenir le 8 février 2023 au ministère des Finances. Chaque partie va essayer de venir avec ses propositions sur la table. Le gouvernement viendra avec 41 875 FCFA, les employeurs et les travailleurs viendront avec ce que nous avons arrêtés lors de la dernière réunion tripartite. Nous avons arrêtés entre 60 000 FCFA et 80 000 FCFA. Il y aura donc un consensus. C’est après ce consensus que vous saurez donc que le smig a été arrêté au Cameroun à tel montant», a-t-il expliqué.
Cependant il sera difficile de faire plier le gouvernement sur ce point bien précis, surtout qu’il fait actuellement face à des contraintes budgétaires qui l’ont contraint à réduire l’enveloppe des subventions aux carburants qui est projetée à 350 milliards en 2023, contre plus de 700 milliards en 2022. Face aux députés lors de la session parlementaire de juin 2022, Grégoire Owona, le ministre du Travail et de la sécurité sociale expliquait par ailleurs que toute hausse du Smig nécessite la mise en branle de certains instruments juridiques et financiers, dont l’opérationnalisation doit d’abord faire l’objet d’une analyse minutieuse. «Le Smig est une norme nationale. On s’est demandé s’il ne faut pas avoir plusieurs Smig par secteur. Le débat juridique s’est invité et on en est encore là jusqu’à aujourd’hui. Ce n’est donc pas une affaire simple».
Bien avant son exposé devant les députés, il avait tenu sensiblement le même discours aux organisations syndicales et organisations patronales le 16 juin 2022. «Les échanges de ce jour s’inscrivent dans la continuité de la série de consultations engagées avec vous (responsables syndicaux, ndlr) il y a peu. Le gouvernement est bien conscient des enjeux et surtout du critère de soutenabilité économique du Smig. C’est pourquoi il a opté pour cette démarche qui se veut méthodique, rigoureuse et constructive. Il s’agit de concilier les intérêts économiques et sociaux, de manière réaliste avec l’accroissement de la productivité et la promotion du travail décent»
Pour mémoire, la dernière augmentation du Smig date de 2014. Il était préalablement de 28 000 FCFA, et avait été relevé à 36 270 FCFA, soit une augmentation de 8270 FCFA, après des concertations entre les organisations des employeurs et des travailleurs