Cameroun: le taux d’endettement inquiète
Estimé à 38,6% du PIB au mois d’avril, la dette publique du Cameroun pourrait bien franchir la barre des 45% d’ici la fin de l’année 2020.
A la fin Avril 2020, l’encours de la dette publique et à garantie publique du Cameroun est estimée à 8 826 milliards de F CFA soit une hausse de 5,4% par rapport à la situation à fin décembre 2019. C’est ce que révèle le document de programmation économique et budgétaire à moyen terme 2021-2023 rendu public par le gouvernement. Un chiffre qui situe le taux d’endettement du pays à 38,6% du PIB. En termes de répartition, cet encours est constitué à 99,6% de la dette publique directe (dont 75,7% de dette extérieure et 24,3% de dette intérieure) et à 0,4% de la dette avalisée par l’Etat. S’agissant de la dette extérieure, elle se compose d’une dette bilatérale évaluée à 3 097 milliards, d’une dette multilatérale de 2 526 milliards et d’une dette commerciale estimée à 1 029 milliards de F CFA. La dette intérieure est quant à elle composée de titres publics, d’emprunts consolidés Beac, de dette structurée et de dette non structurée.
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Si jusqu’ici le taux d’endettement du pays, qui se situe largement en dessous de la norme communautaire de 70% du PIB, reste maîtrisé il n’en demeure pas moins que la situation avenir reste inquiétante. D’après le gouvernement, l’encours de la dette publique a augmenté de plus de 34% en deux ans du fait entre autres des décaissements sur les appuis budgétaires obtenus dans le cadre du Programme Economique et Financier (Pef) en cours avec le FMI, la mobilisation des titres publics (638 milliards d’Obligations de Trésor) et l’accélération des travaux des grands projets d’infrastructures. Avec les crises sécuritaires que traverse le pays, la pandémie du coronavirus et son impact sur l’économie, le volume de la dette devrait davantage s’alourdir laissant ainsi planer le risque d’un surendettement élevé d’ici 2023, selon les projections du FMI. Une hypothèse que le gouvernement relativise. Même si face au déficit budgétaire enregistré du fait de la pandémie du coronavirus, la politique de financement du budget est essentiellement axée sur l’endettement, le Minfi soutient qu’« au cours de la période 2021-2023, le gouvernement poursuivra une politique d’endettement visant à maintenir sa dette publique viable avec un degré de risque de surendettement au plus modérée». Certes, la 5eme revue du Programme Economique et Financier (PEF) avec le FMI a conclu que la dette publique du Cameroun était soutenable mais avec un risque de surendettement élevé.
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Selon le FMI, elle devrait atteindre 45,2% du PIB en 2020. « Le risque de surendettement élevé se justifie par le dépassement, depuis l’année 2018, de deux ratios de liquidités que sont que sont le ratio de service de la dette sur les recettes d’exportations, d’une part et le ratio service de la dette sur les recettes publiques, d’autres part. Ce qui indique qu’à partir de 2018 jusqu’en 2026, le trésor public rencontrera d’énormes difficultés pour honorer ses engagements notamment le règlement du service à bonne date » avait exprimé le ministre des finances, Louis Paul Motaze lors de la présentation du projet de budget initial 2020 aux parlementaires.
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