Cameroun : le retrait de la Russie de l’accord sur les céréales entrainera t-il une nouvelle hausse des prix du blé ?
Selon les responsables de la filière meunière, l’impact que pourrait engendrer le retrait de la Russie sur l’accord sur les exportations de céréales en mer Noire, ne devrait pas être immédiat au Cameroun, car les stocks pour les deux prochains mois ont d'ores et déjà été commandés.
Le 17 juillet 2023, la Russie a décidé de se retirer de l’accord sur les exportations de céréales en mer Noire. Ce dernier conclu en juillet 2022 par la Russie et l’Ukraine après médiation de l’ONU et de la Turquie est destiné à éviter une crise alimentaire mondiale en permettant les exportations de céréales ukrainiennes via la mer Noire en toute sécurité malgré le conflit en Ukraine. La Russie qui manifestait depuis plusieurs semaines une volonté de ne pas reconduire l’accord, justifie cette décision par le fait que l’accord sur les exportations de céréales ne remplissait pas toutes les conditions d’une nouvelle prolongation.
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S’achemine-t-on encore vers une nouvelle hausse des prix du blé comme lors du déclenchement du conflit? Il y a fort à parier que oui, car ces deux nations comptent parmi les plus gros pays exportateurs de blé dans le monde –les deux pays ont représenté 28 % de a production mondiale en 2019-. « Avant la guerre, L’Ukraine était le 5e Exportateur mondial de blé, donc ne plus pouvoir exporter son blé par la Mer noire va entraîner une diminution de l’offre mondiale, car ce blé devra emprunter des circuits longs pour arriver à destination. Par conséquent, il est fort probable qu’on connaisse un ajustement des prix à la hausse.» , confie Alfred Momo Ebongue, Secrétaire général du Groupement des meuniers du Cameroun. Au moment où nous mettons en ligne cet article, la tonne de blé se vend à 738,75 dollars (432 822 Fcfa) sur Chicago SRW Wheat Future (bourse américaine).
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Pour l’heure, ce retrait de la Russie sur l’accord des céréales ne semble pas encore avoir des conséquences directes à l’échelle locale. Mais l’on joue néanmoins la carte de la prudence: « le refus par la Russie de renouveler l’accord sur le corridor n’impactera pas notre marché intérieur dans l’immédiat car nos commandes de blé jusqu’en Septembre ont été déjà passées. Nous restons prudents à partir d’Octobre, ce d’autant plus que le trend baissier observé sur le cours du blé depuis quelques mois s’est stabilisé, amorçage même une petite hausse», argue Alfred Momo Ebongue. Indiquons ici qu’au mois de mai dernier, les prix-sortis usines du sac de 50kg de farine avaient connu une baisse de 1 500 Fcfa (que ce soit la farine d’entrée de gamme, milieu de gamme ou haut de gamme).
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Avec le déclenchement du conflit russo-ukrainien, le Cameroun pays importateur de blé a dû réaménager son circuit d’approvisionnement. « En effet, 60 % de nos importations de blé étaient Russo-Ukrainiennes avant le début de la guerre, aujourd’hui nous avons augmenté nos volumes d’importations de France et nous sommes tournés vers l’Allemagne, la Pologne et d’autres pays de l’Europe de l’Est tels que l’Estonie ou la Lituanie. Nous sommes donc devenus beaucoup moins dépendants de la Russie et de l’Ukraine. D’ailleurs, nos importations de blé d’origine russe ont été suspendues puisqu’aucune banque du système SWIFT n’accepte de payer des transactions faites avec la Russie.» , rajoute notre interlocuteur. Notons ici que la Russie occupe 45 % de parts de marché des importations camerounaises de blé en 2020. Soit 395 597 tonnes, d’une valeur de 62,792 milliards de Fcfa, selon le rapport ‘‘Commerce extérieur : échanges commerciaux entre le Cameroun, l’Ukraine et la Russie’’, publié par l’Institut national de la statistique.
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Au 1er mai 2023, l’accord sur les exportations de céréales en mer Noire a permis d’exporter plus de 30 millions de tonnes de céréales et d’autres denrées alimentaires. Dont du maïs (51 %), du blé (27 %), des produits à base de tournesol (11 %) et d’autres produits (10 %). Selon l’ONU, ces produits ont été envoyés vers 45 pays sur 3 continents. Dont 725 000 tonnes de blé à destination de l’Afghanistan, de l’Éthiopie, du Kenya, de la Somalie, du Soudan et du Yémen.
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