Cameroun : en 2023, l’Etat n’a collecté que 5 milliards de recettes auprès des travailleurs étrangers
Le gouvernement peine encore à dépasser les 25% du taux de collecte des recettes issues des frais de visas appliqués aux travailleurs de nationalité étrangère.
En debut novembre 2023, EcoMatin s’inquiétait de la non atteinte des résultats de collecte des recettes non fiscales provenant des frais de visas appliqués aux travailleurs de nationalité étrangère. Projetées à 14 milliards de Fcfa en 2023 par le ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle (Minefop), à peine 35% de ces objectifs ont été réalisés. « La collecte de cette recettes parafiscales engagée depuis le 1er janvier 2023 et a permis à l’Etat du Cameroun à date, de collecter 5 milliards de Fcfa », fait savoir dans les colonnes du journal à capitaux publics Cameroon Tribune, Jeanine Ngo’o Eba, Directeur de la régulation de la main d’œuvre au Minefop.
Le paiement, apprend-t-on de la même source, se passe par virement bancaire dans le compte qui a été ouvert à la Cameroon Postal Services(Campost) ; le postier public camerounais. Sauf que le gouvernement camerounais a encore du pain sur la planche dans cet exercice de mobilisation de recettes non fiscales car, seuls 2,5% de travailleurs étrangers se sont déjà acquittés de leur devoir. « Tout ne se passe pas sereinement puisque l’assiette de collecte prévoit 60 000 travailleurs de nationalité étrangers au moins, mais les 5 milliards de F ont été collectés auprès de 1 500 travailleurs. Voyez que le gap est grand et l’Etat n’a pas encore pu dépasser 25% du taux de collecte », avoue le cadre du ministère de l’Emploi.
N’ayant pas pu mobiliser 14 milliards au cours de l’exercice précédent, l’Etat vise logiquement au moins 20 milliards d’ici à la fin de l’exercice budgétaire 2024. C’est en tous cas, le principal challenge que devra relever la plateforme mise sur pied en vue d’élaborer le fichier des travailleurs étrangers avec des précisions sur les salaires de ceux-ci. D’autant plus que pour le Minefop Issa Tchiroma Bakary, l’absence de ce dispositif constituait « une anomalie » pour le gouvernement.
A en croire Jeanine Ngo’o Eba, cette nouvelle démarche des pouvoirs publics est une réponse au secteur privéqui a émis en novembre 2023, un plaidoyer. « L’une des récriminations du patronat camerounais était que le contact physique entre les usagers et les agents du ministère sur le terrain entraînait des lenteurs administratives et quelques dérives… Les dossiers sont traités en ligne et tout le monde peut avoir accès à cette plateforme de manière transparente », rassure-t-elle.
Pour rappel, c’est dans la loi de finance 2023 que le gouvernement camerounais a institué un prélèvement au titre des frais de visa de travail apposé sur les contrats des travailleurs de nationalité étrangère. « Le prélèvement susvisé est fixé à l’équivalent de deux mois de salaire et traitement brut pour les travailleurs non africains ; d’équivalent d’un mois de salaire et de traitement brut pour tout travailleur africain, avec abattement de 50% », lit-on.
La plus grosse partie des ressources mobilisées sera progressivement allouée à la formation professionnelle (qui coûte cher) afin de relever les compétences et établir l’adéquation entre les formations et les besoins des entreprises.
A LIRE AUSSI :
- Cameroun : le gouvernement et le secteur privé passent au scanner la loi sur le prélèvement des frais de visas sur les contrats des travailleurs étrangers
- Les mesures du gouvernement pour accélérer la traque des travailleurs étrangers illégaux
- Cameroun : le gouvernement annonce l’expulsion des travailleurs illégaux étrangers dès juin 2023
- Traque des travailleurs étrangers illégaux : le gouvernement redoute la perturbation des grands chantiers