Cameroun : annoncé depuis 10 ans, le recensement général se précise
Avec le recrutement de plus de 30 000 agents recenseurs, le démarrage du projet est prévu pour décembre 2023 même si les moyens à utiliser pour rassurer de l’effectivité de l’opération dans les zones à conflits restent un secret pour le moment.
Initialement prévu de 2013-20216, et renvoyé aux calendes grecques plusieurs fois, le lancement du Recensement général de l’agriculture et de l’élevage (Rgae) couplé au 4e Recensement général de la population et de l’habitat (Rgph), pourrait effectivement démarrer cette fois-ci entre novembre-décembre 2023, comme annoncé en mars dernier par André Mbairano Dji, le coordonnateur du Rgae.
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La preuve, d’après Joël Hervé Efon, chef d’unité cartographie le chef d’unité de cartographie au Bureau central des recensements et des études de population (Bucrep) , un appel d’offres a été lancé pour le recrutement de plus de 30 000 agents recenseurs. « En effet, le recensement général de la population et de l’habitat, de l’agriculture et de l’élevage a été fait à travers plusieurs phases. La première phase que nous avons appelée la cartographie a consisté à délimiter le territoire national en zones de travail assez homogènes dans lesquelles les agents recenseurs vont travailler. C’est l’ensemble de ces zones qui forme donc l’effectif à mobiliser. Et donc, dans les 32 059 agents à recruter, nous aurons 24 170 agents recenseurs effectivement qui seront encadrés par 7 881 chefs d’équipes », s’est-il confié à nos confrères du poste national ce 12 septembre 2023. A en croire la même source, environ 21 000 candidats se sont déjà signalés en ligne soit un gap de plus de 11 000 à combler à trois jours de la fin des recrutements.
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Les zones en crise
S’il l’on peut d’ores et déjà afficher un brin d’optimisme au regard de l’ambiance qui prévaut autour de ce projet gouvernemental, il reste tout de même l’épineuse question de l’insécurité qui pourrait freiner l’effectivité de l’opération sur l’étendue du territoire camerounais. Or, intervenant dans les colonnes de Cameroon Tribune en mars 2023, André Mbairano Dji faisait savoir que « le recensement implique la descente effective sur le terrain des agents recenseurs parce que c’est au niveau des ménages qu’ils administrent les questionnaires ». Pourtant, « quand il y a insécurité, ce n’est pas évident de réaliser sereinement le recensement qui, pour cette année, sera mutualisé ». Pour le chef d’unité cartographie 4e Rgph, « en ce qui concerne les zones en crise, nous avons élaboré une stratégie et nous avons été appuyés en cela par des partenaires techniques et le moment venu, nous dévoilerons cette stratégie », s’est-il réservé au média national tout en invitant les autorités administratives et traditionnelles à s’y impliquer « pour que le recensement ait un franc succès ».
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Du reste, les moyens financiers nécessaires (environ 20 milliards de Fcfa) seront certainement mobilisés dans leur intégralité d’ici la fin d’année à défaut de l’être après que le recensement aura débuté. Pour le moment, aucune information ne filtre sur les détails chiffrés des fonds déjà disponibles. Mais l’on se souvient qu’au cours de la 10e session du Comité technique du Rgae tenue le 22 mars 2023 à Yaoundé, les partenaires techniques et financiers tels que le Fonds international de développement agricole (Fida) de la Banque mondiale, ont promis une enveloppe de 6 milliards de Fcfa au Cameroun dans le cadre de ce projet.
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Pour mémoire, dans un contexte où le Cameroun entend faire de l’import substitution une boussole de son économie, le Rgae permettrait de produire des informations statistiques sur toutes les exploitations de l’agriculture et de l’élevage et leur environnement, à contribuer à la mise en œuvre d’un Système permanent et intégré des statistiques agropastorales(Spisa). Cet outil fournira annuellement les données actualisées sur les projections, les productions et les superficies agricoles, le cheptel et l’aquaculture, les revenus des ménages, leur situation alimentaire et nutritionnelle ainsi que les prix.
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