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Budget rectificatif 2023: le Cameroun va emprunter 200 milliards de F sur le marché international

Le financement pour lequel les négociations sont d’ailleurs très avancées avec deux institutions financières permettra de satisfaire une exigence du Fonds monétaire international (FMI), qui souhaite que les pouvoirs publics diminuent, cette année, le stock des reste-à-payer de l’année 2022, estimé à environ 450 milliards de FCfa.

La loi de finances rectificative de l’année 2023 dont une copie est parvenue à la rédaction de EcoMatin, et qui sera examinée par les députés au cours de la session parlementaire qui s’ouvre le 8 juin 2023, a été transmise il y a quelques jours à la présidence de la République. Malgré les derniers arbitrages qui vont précéder sa signature sous forme d’ordonnance par le président de la République, Paul Biya, le document final intégrera un emprunt en devises d’un montant de 200 milliards de Fcfa. Selon les sources d’Ecomatin, ce nouvel emprunt a été convenu avec le Fonds monétaire international (FMI), au cours de la 4è revue du programme économique et financier avec le Cameroun. Les fonds mobilisés permettront d’apurer une partie des reste-à-payer de la dette intérieure, que l’Etat aurait dû payer à ses prestataires selon ses prévisions budgétaires de l’année 2022.

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Pour obtenir l’enveloppe requise, explique une source qui a participé à l’élaboration de la loi de finances rectificative attendue au cours du mois de juin 2023, le Cameroun a fait le choix d’aller sur le marché international des capitaux. En lieu et place d’un eurobond, comme en 2015 et 2021, le gouvernement a opté pour un prêt en syndication, auprès des banquiers et autres institutions financières. Les sources d’EcoMatin affirment d’ailleurs que les négociations relatives à ce financement sont très avancées avec la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) et la banque américaine Citigroup.

Ce choix du marché international des capitaux s’explique par le durcissement des conditions sur le marché local et sous-régional. En effet, alors que le gouvernement est autorisé par la loi de finances 2023 à mobiliser 450 milliards FCfa par émissions des titres publics, le ministère des Finances peine, depuis le début de l’année 2023, à réussir ses opérations sur le marché des titres publics de la Beac. Contrairement aux années antérieures, depuis le mois de janvier dernier, pas une seule émission de bons du trésor assimilables (BTA) et d’obligations du Trésor assimilables (OTA) de l’Etat du Cameroun n’a permis de mobiliser la totalité de l’enveloppe recherchée. La faute aux taux d’intérêts élevés exigés par les banques agissant comme Spécialistes en valeurs du Trésor (SVT) sur ce marché. Ce durcissement des conditions de financement par les banques est, elle-même, la conséquence de la politique monétaire restrictive mise en place par la banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac), pour combattre l’inflation dans l’espace Cemac.

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Par exemple, au terme de la première session ordinaire de son Comité de politique monétaire (CPM) de l’année 2023, tenue le 27 mars 2023 à Yaoundé, la banque centrale des pays de la Cemac à une nouvelle fois revu à la hausse ses principaux taux directeurs. C’est ainsi que le taux des appels d’offres (TIAO), qui est le taux auquel la Beac fournit de la liquidité aux banques commerciales, passe de 4,50% à 5% ; tandis que le taux de la facilité de prêt marginal, qui est le taux auquel les banques commerciales empruntent de la liquidité auprès de la banque centrale pour une durée de 24 heures, est passé à 6,75%, contre 6,25% auparavant. C’est la quatrième fois depuis décembre 2021, que la Beac revoit à la hausse ses principaux taux directeurs.

Assèchement des banques

Ces décisions de la banque centrale, qui sont accompagnées depuis quelques semaines par l’augmentation de 70 à 100 milliards FCfa du volume de liquidité prélevé dans les coffres-forts des banques commerciales chaque semaine par la Beac, dans le cadre de ses opérations de reprise de liquidité, permettent d’assécher les banques. Et par conséquent de durcir l’accès aux financements, qui ne sont désormais disponibles que pour les emprunteurs qui consentent à payer des taux d’intérêt élevés. Cette conjoncture défavorable plane d’ailleurs sur l’emprunt obligataire 2023 que le Cameroun se prépare à lancer à la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (Bvmac), dont le siège est à Douala.

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En effet, comme l’a récemment révélé Ecomatin, face au durcissement des conditions sur le marché local et sous-régional, le Cameroun a dû réduire de 25% l’enveloppe initiale de son appel public à l’épargne de l’année 2023, passant de 200 à 150 milliards FCfa. De plus, afin d’atténuer son exposition aux taux d’intérêts élevés du marché, l’Etat du Cameroun a décidé de lancer, pour la première fois dans l’espace Cemac, un emprunt obligataire à taux variables. En d’autres termes, pour le même titre, le Cameroun proposera aux investisseurs des rémunérations plus élevées pour des maturités longues, et des taux d’intérêt plus bas pour des courtes maturités.

Toujours en rapport avec le durcissement des conditions sur le marché local et sous-régional des capitaux, confie une source au ministère des Finances, malgré l’insistance du ministre Motazé, les arrangeurs de l’emprunt en préparation n’ont pas pu garantir une prise ferme de plus de 92 milliards FCfa, alors que le gouvernement espérait 120 milliards FCfa. « Ils n’ont simplement pas de trésorerie », explique la source. Du coup, l’Etat du Cameroun partira sur le marché pour mobiliser 58 milliards FCfa, afin de garantir le succès de l’opération. Alors qu’au cours de l’emprunt obligataire de 2022, avant l’ouverture des souscriptions, le Cameroun avait déjà obtenu une prise ferme de 180,5 milliards de FCFA, sur une opération de 200 milliards FCfa, qui avait été par ailleurs sursoucrite à 235 milliards FCfa.

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