BICEC : les défis du nouveau directeur général
Rochdi Sanhaji, d’origine marocaine, devra améliorer les services de la banque, regagner la confiance des partenaires et clients, et s’intéresser à la stabilité et à l’épanouissement du personnel.
Depuis mardi 1er octobre, la Banque internationale du Cameroun pour l’épargne et le crédit (BICEC) est aux mains du groupe marocain Banque centrale populaire (BCP), qui a racheté 68,5% du capital de la filiale camerounaise du groupe français Banque populaire caisse d’épargne (BPCE). Dans la foulée de cette acquisition, Rochdi Sanhaji a été désigné directeur général, pour conduire le développement de cet établissement de crédit.
« Avec l’appui de ses nouveaux actionnaires de référence, BCP et l’État camerounais, la BICEC entame dorénavant une nouvelle phase de son développement, en plaçant la satisfaction de ses clients et la promotion des talents locaux au centre de ses priorités », a annoncé Kamal Mokdad, directeur général de BCP. Des propos lourds de sens quand on connait le contexte dans lequel Rochdi Sanhaji arrive à la tête de la banque.
Le nouveau patron arrive en effet au terme d’une acquisition difficile. Les conditions des négociations entre BPCE et BCP n’avaient pas trouvé l’assentiment de tout le monde. Il était reproché à BPCE d’être entré en « négociations exclusives » avec le groupe marocain. L’inquiétude étant que les nationaux, personnes physiques et morales, étaient exclus du processus, alors que l’Etat visait le relèvement du capital de 12 à 20 milliards de FCFA pour leur permettre d’augmenter leurs actifs qui n’était que de 7%. Il faudra donc s’atteler à faire table rase de ces dissensions.
Rochdi Sanhaji a également la lourde tâche de restaurer la confiance déjà effritée des partenaires et clients de la banque. Les scandales qui ont émaillé son fonctionnement ces dernières années sont bien ancrés dans la mémoire collective. Le plus récent est la disparition mystérieuse de 300 millions de FCFA ayant provoqué la fermeture en mai 2019 de l’agence de Ndokoti à Douala. EcoMatin avait révélé qu’il s’agissait d’un réseau de vol dans les distributeurs automatiques de la BICEC, avec des complicités internes. Plus loin, en 2016, une enquête de la COBAC avait révélé un réseau de surfacturations impliquant les dirigeants de la banque, ce qui avait fait perdre à la BICEC au moins 50 milliards de FCFA. Il faut également se rappeler du scandale autour d’un réseau solide qui accordait des crédits à des clients fictifs, à l’exemple des 12 milliards de FCFA octroyés à une entreprise alors qu’elle était en faillite depuis deux ans. Coutumier des scandales, la BICEC doit instaurer une gestion bien plus solide.
L’autre chantier sur lequel devra s’appesantir Rochdi Sanhaji est le climat délétère qui prévaut en interne. Les relations ne sont pas toujours sereines entre les employés et les dirigeants de la BICEC. Du 10 au 12 juin 2019, par exemple, le personnel des différentes agences du territoire camerounais ont observé un débrayage pour demander le paiement d’une prime de cession. En plus du retour aux crédits qui leurs étaient refusés depuis 4 ans, ils demandaient le versement d’une prime de cession du capital équivalent à deux mois de salaire. Cette revendication avait été rejetée par BCP.