Beac: l’opération de reprise de liquidité de 150 milliards de Fcfa boudée par les banques commerciales
Lancée le 14 novembre dernier par l’institution d’émission monétaire, l’opération principale de ponction de liquidité a été déclarée infructueuse. De fait, la Banque centrale n’a pas pu stériliser les réserves oisives observées dans les banques commerciales, ce qui pourrait traduire une crise de liquidités dans le système monétaire de la Cemac.
L’opération principale de ponction de liquidité de 150 milliards de Fcfa, lancée le 14 novembre dernier par l’institution d’émission monétaire a été déclarée infructueuse. C’est ce que révèle le communiqué du résultat dudit appel d’offres rendu public par la Beac. Pour cause, les établissements de crédit rechignent à souscrire à ces offres de placements hebdomadaires rémunérés à 0,85 %. Les opérations de reprise de liquidités permettent généralement à la Banque centrale de stériliser les réserves oisives observées et mieux contenir les risques pesant sur la stabilité monétaire. Pour le cas échéant, cet échec pourrait traduire une crise de liquidités dans le système monétaire de la Cemac, d’où le désintérêt des banques commerciales pour cette opération de rétrocession du cash à la Beac.
Origine
Depuis le 21 février 2023, les banques commerciales, principaux investisseurs sur le marché financier, n’ont plus la possibilité de se refinancer auprès de la Beac. L’institut d’émission monétaire ayant suspendu jusqu’à date l’opération hebdomadaire d’injection de liquidités. Cette mesure d’assèchement des banques induit le resserrement des conditions d’emprunts sur le marché, réduisant ainsi les capacités d’interventions des banques sur les opérations des Etats. Une situation qui se fait ressentir sur les séances d’adjudication des États qui demeurent épineuses et ardues, donnant parfois lieu à des émissions infructueuses, avec aucun franc collecté.
Le durcissement politique monétaire est lié à plusieurs facteurs qui visent à contrer l’inflation en zone Cemac. Depuis le mois de décembre 2021, la Banque centrale a procédé à une hausse à 4 reprises de ses principaux taux directeurs. S’agissant de l’orientation de la politique monétaire, plusieurs facteurs ont milité pour un maintien du taux d’intérêt des appels d’offres (Tiao) et du taux de la facilité de prêt marginal respectivement à 5 % et à 6,75 % à fin mars 2023, soit une augmentation cumulée de 175 points de base. Il s’agit, notamment, de l’anticipation des pressions inflationnistes moins fortes, le taux d’inflation prévu étant de 6,1 % en moyenne annuelle (décembre 2023).
Théoriquement, le durcissement de la politique monétaire vise à diminuer la liquidité du système bancaire. Interrogée sur la pertinence d’un durcissement à l’extrême de la politique monétaire, la présidente de l’Apeccam (Association professionnelle des établissements de crédit du Cameroun) se veut prudente. « Toutefois ce durcissement doit être limité dans le temps, au risque d’avoir un impact sur la liquidité bancaire et, par conséquent, l’habilité à financer l’économie », confie-t-elle à EcoMatin dans une interview exclusive qu’elle a bien voulu lui accorder.
Au regard de l’échec enregistré sur l’opération hebdomadaire d’injection de liquidités de 150 milliards de Fcfa susmentionnée, l’assertion de Gwendoline Abunaw, par ailleurs Administrateur Directeur Général de Ecobank Cameroun et Head Cluster Cemac se confirment. En attendant les statistiques de la seconde moitié de l’année 2023, pour mesurer l’impact du durcissement de la politique monétaire, il y’a comme un air de crise de liquidités dans le système monétaire de la Cemac.
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