Barrage de Memve’ele : le transfert des activités à EDC dans l’impasse ?
Plus de 18 mois après la signature par le président de la République du décret confiant la gestion de cet aménagement à Electricity Development Corporation, la convention de concession avec le ministère de l’Eau et de l’Energie, pourtant prête depuis plusieurs mois selon nos informations, tarde à être signée. Les ex-employés du projet, qui cumulent plusieurs mois d’arriérés de salaires, sont dans l’incertitude.
Le personnel de l’Unité de gestion de l’aménagement hydroélectrique de Memve’ele (Sud) est aux abois. Reste mobilisé sur le terrain pour assurer la continuité du service depuis la fin en 2018 des travaux de ce barrage hydroélectrique qui produira 211 MW dès la fin de la construction de la ligne d’évacuation de l’électricité de 225 Kva entre Nyabizan et Yaoundé, il cumule plusieurs mois de salaires impayés depuis le lancement du processus de transfert de toutes les activités du barrage à Electricity Development Corporation (EDC), en application des décrets présidentiels du 04 mai 2020 portant réorganisation et fonctionnement de cette entreprise de patrimoine et approbation de ses statuts. « Généralement, la réorganisation d’un établissement entraîne non seulement une nouvelle structuration avec un nouvel organigramme correspondant aux nouvelles missions assignées à la structure, mais aussi le renouvellement des organes sociaux, notamment une Assemblée générale respectant les nouveaux statuts, un conseil d’administration intégrant ses nouvelles représentations, une direction générale nouvelle pour épouser la nouvelle configuration. Ces transformations n’ont pas accompagné les actes du président de la République et restent attendues jusqu’à ce jour pour rendre effective l’application des mesures prises », regrette un cadre du projet.
De sources autorisées, toute la documentation relative au transfert définitif de l’ensemble des activités du barrage de Memve’ele à EDC a déjà été préparée. Mais au ministère de l’Eau et de l’Energie, personne ne semble savoir quand est-ce que les choses vont se concrétiser. En effet, la non signature des textes d’application, notamment la convention de concession, assortie des cahiers de charges, tel que prévu par les décrets du chef de l’Etat pour conférer les pouvoirs à EDC, ne facilite pas le transfert envisagé aussi bien pour le patrimoine que pour le personnel. Il est à relever que depuis quelques années, la centrale de Memve’ele produit et fournit de l’énergie au concessionnaire du service public de l’électricité qu’est ENEO. Des dires du ministre de l’Eau et de l’Energie (Minee), Gaston Eloundou Essomba, à l’Assemblée nationale en décembre 2019, le montant dû était de 8 Milliards Fcfa. Celui-ci atteindrait à date les 45 milliards de FCFA selon le même membre du gouvernement.
Faux diplômes
Le problème c’est qu’en l’état actuel des choses, le recouvrement des sommes dues n’est pas possible en raison de l’absence d’une convention de concession qui acterait le transfert et donnerait le pouvoir à l’Agence de régulation du secteur de l’électricité (ARSEL) de délivrer une licence d’exploitation à EDC pour lui permettre de négocier un contrat de vente de l’énergie avec ENEO. Et en attendant, ENEO ne reverse qu’à peine 200 à 300 millions à EDC au titre des revenus issus de la vente de l’électricité de Memve’ele. S’agissant de la gestion du personnel, une mission conjointe MINEE, ARSEL et EDC a effectué une descente sur le site de Memve’ele il y a plusieurs mois pour s’enquérir des conditions d’exploitation de l’aménagement.
Le personnel avait à l’occasion, clairement dit sa surprise et son étonnement de ce que, à date, rien n’ait été fait en vue de son intégration à EDC. Cependant, les arriérés du personnel pourtant en activité dans le cadre de l’exploitation de la centrale et poursuivant les travaux restants s’agissant de la construction des lignes et postes dans certaines localités sont répétés, très incertains lorsqu’ils sont payés, arrivent sans aucune échéance précise, et surtout de manière discrétionnaire. Des sources proches du dossier chez EDC confient que le reversement du personnel de l’ex-projet traîne principalement à cause du processus de vérification des diplômes que mènent conjointement l’entreprise et le ministère de l’Enseignement supérieur. Plusieurs personnes recrutées et disposant d’un contrat en bonne et due forme dans le cadre de ce projet l’auraient, soupçonnent-ils, été sur la base de faux parchemins.