Bourse de Londres : Bank of America structure l’opération d’ « échange dette-nature » de 267,1 milliards de F du Gabon
La toute première émission de cette catégorie lancée en Afrique, facilitera au pays émetteur, le rachat d’une partie de sa dette publique afin de la convertir en une obligation bleue respectueuse de l'environnement.
Bloomberg News, une agence de presse américaine du groupe Bloomberg LP, spécialisée dans l’économie et la finance a annoncé que la deuxième plus grande banque américaine en termes de dépôt, Bank of America, arrangera une opération ‘’d’échange dette-nature’’ au profit du Gabon. Cette opération, dont les appels d’offres ont été lancés le 25 juillet 2023 par l’émetteur sur la London Stock Exchange lui permettra de réduire à hauteur de 450 millions de dollars (267,1 milliards de Fcfa) sa dette extérieure. En contrepartie, le pays s’engage à protéger son milieu marin abritant d’innombrables espèces marines menacées, avec l’appui de l’organisation à but non-lucratif américaine ‘’The Nature Conservancy’’, basée aux États-Unis.
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Un « échange dette-nature » est une technique d’allègement de la dette des pays en développement aux côtés de l’allongement des délais de paiement, de la diminution des taux d’intérêt, de l’octroi de nouveaux crédits à des taux bas et de l’annulation de créances. Cette technique consiste à échanger une partie de la dette extérieure contre des investissements locaux dans des mesures de protection de l’environnement. Dans leur forme la plus simple, les échanges dette-nature remplacent des obligations ou des prêts coûteux par un financement moins cher, généralement avec l’aide d’une garantie de crédit d’une banque multilatérale de développement.
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Dans le cadre de cette opération, le choix de protéger ses espèces fauniques n’est pas anodin pour le Gabon qui, au fil des ans, a bâti le plus grand réseau de réserves marines, riches et diversifiés d’Afrique. Ce milieu comporte 20 parcs marins et réserves aquatiques protégées est exposé aux menaces de certaines espèces marines (tortues luths et tortues olivâtres) ainsi que 20 espèces de dauphins et de baleines. La réserve faunique gabonaise s’étend sur 53 000 km2, soit 26 % des eaux territoriales du pays.
Dans le document déposé par le Gabon, l’on déclarait que ledit appel d’offres est destiné aux titulaires de ses euro-obligations qui arrivent à échéance en 2025 et février 2031. Des sources proches du dossier ont déclaré à Reuters que la société financière de développement international des États-Unis (DFC) fournirait une assurance contre les risques politiques.
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Hormis le Gabon, plusieurs autres pays africains ont montré un vif intérêt pour les échanges dette-nature : Gambie, Swaziland, Kenya etc. « Les pays africains ont de très bons arguments pour utiliser cette technique de réduction de la dette. Le continent est confronté à de multiples défis : l’augmentation du coût de la dette, un besoin massif de financements climatiques et des problèmes liés à la dégradation des sols et à la perte de biodiversité. Avec les échanges dette-nature, il y a un début de solution », a souligné Hassatou Diop N’Sele, la vice-présidente en charge des finances et directrice financière de la BAD. C’était lors de l’annonce par l’institution financière multilatérale de l’octroi d’une première garantie à un échange dette-nature au profit d’un pays africain dont l’identité reste encore sous anonymat.
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