Autoroutes de l’électricité : le Comité Ngoh Ngoh en hibernation
Créée en 2017, cette instance dont le rôle est de formuler les orientations stratégiques dans le secteur énergétique et d’examiner les plans de financement n’a jamais siégé.
L’actualité dans le secteur de l’énergie est marquée depuis deux semaines par d’intenses perturbations du réseau de l’électricité dans la ville de Yaoundé, du fait d’une gigantesque panne intervenue au poste de transformation de la Brigade de recherches géologiques et minières (Brgm), au quartier Melen. Le ministre de l’Eau de l’Energie, Gaston Eloundou Essomba, avait sommé l’entreprise adjudicataire du service public de l’électricité, Eneo Cameroon S.A, jusqu’au 23 août dernier (vendredi), pour remédier à cette situation qui a plongé plus de 25% de la population de la capitale dans le noir. Comme on peut s’en rendre compte, la filiale du fonds d’investissements britannique Actis, qui avait prévenu que la situation allait « s’étendre en diminuant progressivement jusqu’à la fin du mois » et mis provisoirement sur pied un calendrier de rationnement qui met depuis les populations sur les nerfs et fait trinquer les entreprises, n’est pas parvenue à rétablir la situation dans les délais prescrits par la tutelle.
Beaucoup l’ont dit, l’incident de la Brgm aurait eu moins de conséquences si la boucle de 90 Kv reliant les postes de transformation de d’Ahala, Kondengui et Oyom-Abang était hermétiquement fermée. Les experts ont évalué depuis plusieurs années entre 2 et 3 milliards Fcfa, le montant de l’investissement à faire pour fermer cette boucle ; mais, comme toujours, le gouvernement a pris tout son temps. Et si, entretemps, une autre panne survenait sur un second poste de transformation, c’est pratiquement toute la capitale et ses environs qui seraient privés d’électricité. Et pourtant, outre le ministère de l’Eau et de l’Energie et d’autres services étatiques chargés de la mise en œuvre de la politique énergétique du Cameroun, il existe depuis deux ans une structure publique qui a vocation à anticiper sur tous les problèmes qui pourraient intervenir dans ce secteur. Il s’agit du Comité de pilotage du projet d’autoroutes de l’électricité, que préside le ministre d’Etat, secrétaire général de la présidence de la présidence de la République (Sg/Pr), Ferdinand Ngoh Ngoh.
Crise énergétique
Cette instance a, entre autres membres, le ministre de l’Eau et de l’Energie, le ministre de l’Environnement, de la Protection de la nature et du Développement durable (Minepded), et des entreprises Grenor (Norvège) et Power China International, comme partenaires techniques. Selon le décret qui le crée, ce Comité a pour missions, de « s’assurer de la cohérence des projets avec les politiques publiques, valider les études y relatives, formuler les orientations stratégiques, examiner les plans de financement, veiller au respect des engagements et obligations de l’Etat, recruter des consultants externes », etc. Seulement, et paradoxalement à la situation de crise énergétique qui sévit sur le pays depuis plusieurs décennies, cette instance n’a jamais siégé depuis sa création.
La mise sur pied de cette instance avait suscité beaucoup d’espoir, grâce notamment aux promesses des partenaires chinois et norvégien, de construire une centrale thermique de production et de distribution d’électricité d’une capacité de 150 mégawatts à Douala et ses environs, d’étendre les capacités du barrage hydroélectrique de Memve’ele (211 MW et de construire à moyen terme une grande centrale thermique d’une capacité de 1 000 mégawatts. Tous ces chantiers devaient entraîner la création de 8000 nouveaux emplois directs et indirects.