Au TCS, Amadou Vamoulké admet le double paiement d’une facture pour les droits d’images du match Cameroun-Îles Maurice
L’ex-directeur de l’entreprise audiovisuel à capitaux publics motive cette décision prise en 2010 par la nécessité de satisfaire aux exigences du public et du gouvernement.
Comment explique-t-on que, pour une seule et même prestation, on procède au paiement de deux prestataires différents ? La question est l’objet des échanges le 11 septembre dernier. Ce jour, le contre-interrogatoire de l’accusé Amadou Vamoulké se poursuit au Tribunal criminel spécial (Tcs). D’emblée, le mis en cause dit comprendre qu’une telle question lui soit posée par une personne qui n’a pas encore occupé les fonctions de directeur général d’une entreprise : « Un Dg peut être contraint par les circonstances à poser des actes apparemment repréhensibles », relève-t-il. De quelles circonstances s’agit-il ?
Au mois de septembre 2010, la Cameroon Radio Télévision (Crtv) envisage l’acquisition des droits d’image, notamment pour le match qui oppose l’équipe du Cameroun à celle de l’îles-Maurice. La Crtv se rapproche de l’entreprise CCFOOT Limited. Amadou Vamoulke indique que le contrat avec l’entreprise CCFOOT Limited stipule que « pour la somme de 880 millions de FCFA que vous payiez, nous allons vous donner le signal A, b, c, parmi lesquels le match Cameroun-Ile-Maurice. »
A la veille du match, une autre entreprise, du nom d’Ifap Sport saisit la Crtv d’une note. Elle lui signifie : « c’est nous qui détenons les droits de retransmission. Si vous ne payez pas un tel montant, vous n’aurez pas les droits. »
Le directeur général se tourne vers l’entreprise CCFOOT Ltd à l’effet de clarifier la situation. Les responsables de cette structure lui promettent de trouver un terrain d’entente avec Ifap Sport. Une promesse qui peine à se réaliser. « Mais lorsqu’à l’approche du match nous constatons que c’est bien Ifap sport qui est détenteur des droits, le Dg que je suis prend ses responsabilités. Je paie Ifap sport avec la certitude que cet argent sera remboursé. » De l’avis d’Amadou Vamoulké, il est possible pour la Crtv de rentrer plus tard dans ses frais. « Car, de toutes les façons, CCFOOT Limited était un partenaire incontournable des télévisions africaines pour les droits de retransmission. Nous aurions le temps de récupérer ce qui nous est dû au moment de l’admission des droits avenirs. »
Jeu trouble de CCFOOT LIMITED ?
Par la suite, Amadou Vamoulké dit avoir engagé les procédures contre CCFOOT Ltd en son temps. « Je ne sais pas ce qu’elles sont devenues » lance-t-il. Au cours de son audition, l’ex-directeur général de la CRTV explique les motivations à l’origine du double paiement. Cela lui a permis d’éviter des désagréments. « Si le match n’avait pas été vu par les Camerounais, l’image de marque de la CRTV aurait pris un coup. Le gouvernement n’aurait pas apprécié, avec les conséquences disciplinaires qui accompagnaient ce genre désagrément», explique-t-il.
En outre, Amadou Vamoulké n’a pas manqué de souligner l’implication d’un de ses collaborateurs lors des opérations. « Monsieur Wongibe est celui qui a mené toutes les négociations dans le cadre de ses attributions de chef de division de la coopération et des relations publiques. Il n’y a rien que je sache sur ce dossier et que lui monsieur Wongibe ignore. » Emmanuel Wongibe est l’actuel directeur général adjoint de la CRTV.
Préalablement au contre-interrogatoire de l’accusé, les Avocats de la Crtv ont produit des pièces à conviction. Ces documents ont été admis au dossier de procédure après consultation par les différentes parties au procès. La suite de l’interrogatoire de l’accusé Amadou Vamoulké est prévue le 28 octobre. Elle reprendra les 10 et 11 novembre prochains.
René Ombala