Yabassi : mafia autour des immatriculations foncières
Les faits sont contenus dans une correspondance adressée le 30 juillet 2019 à Henri Eyebe Ayissi, le ministre des Domaines, du Cadastre et des Affaires Foncières.
La crise foncière se poursuit irrémédiablement dans le département du Nkam, dont Yabassi est le chef-lieu. Les scandales se déroulent dans plusieurs villages de l’arrondissement de Yabassi: Djeng, Diwom, Mangoule village, Bonepoupa 3, Dibeng, Massoumbou village, en plus du canton Wouri Bwele. La correspondance révélatrice signée de Nsota Mbango, le chef du canton Dibeng Ndogbele, porte clairement en objet «dénonciation des immatriculations directes et concessions irrégulières et frauduleuses dans l’arrondissement de Yabassi ». Adressée à Henri Eyebe Ayissi, le ministre des Domaines, des Cadastres et des Affaires Foncières, avec plusieurs ampliations à l’endroit de Ferdinand Ngoh Ngoh, le ministre d’Etat, Secrétaire général de la présidence de la République, du Premier ministre, Joseph Dion Ngute, du ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, ou encore à l’adresse de Samuel Ivaha Diboua, le gouverneur de la région du Littoral: «j’ai l’honneur d’appeler votre haute attention sur le fait que les immatriculations de terrain en cours dans l’arrondissement de Yabassi, département du Nkam, sur la base des autorisations spéciales, ainsi que des concessions sont, pour la plupart émaillées d’irrégularités flagrantes ou obtenues par la fraude...», indique la notabilité plaintive.
Les chefs traditionnels ne sont pas associés dans les procédures, leurs signatures sont dans certains cas falsifiées, ou encore certains chefs complices de cette fraude signent en lieu et place des chefs concernés, ou aussi les signatures des personnes désignées comme riverains ou notables, ne sont en réalité ni riverains, ni notables, apprend-on. Sur les immatriculations et concessions, le chef du Canton de Dibeng Ndogbele reprécise: «elles portent sur les mises en valeur des populations, y compris des sépultures et sites cultuels, lesquels n’appartiennent pas aux demandeurs à l’immatriculation ou à la concession, toute chose qui créé des frustrations, des spoliations brutales sans contrepartie générant des conflits qui mettent en mal la cohésion sociale».
En dehors de certains chefs traditionnels indexés dans la correspondance, des «autorités administratives locales agissent tels des entrepreneurs fonciers par leurs implications personnelles et leurs complices dans ces transactions foncières au caractère mafieux….».
Nsota Mbango sollicite fort de ce qui précède du ministre des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières, «la suspension de toutes les immatriculations directes et concessions en cours appuyées par les autorisations spéciales» dans les villages et cantons indiqués, «la prescription de l’ouverture d’une enquête minutieuse qui devra élucider les procédures cavalières d’immatriculation directe et de concession dans l’arrondissement de Yabassi de 2007 à 2019…». La correspondance incendiaire date du 30 juillet 2019.