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Archives nationales : les travaux de réhabilitation entamés depuis 2 ans pour 5 milliards piétinent toujours

Annoncé pour une durée de 16 mois, le chantier de réhabilitation des archives nationales lancé en 2016 par le ministre des arts et de la culture piétine. Un retard qui plonge d’avantage cette structure essentielle dans la gestion du patrimoine culturel camerounais dans la tourmente. Analyse

Les palissades installées par la China Machineray engineering company (CMEC) renseigne d’emblée des activités qui se déroulent sur le site abritant les archives nationales du Cameroun. A l’Intérieur, des ouvriers s’activent sur un chantier de construction. Certains de ces travailleurs appartiennent à la compagnie chinoise CMEC et d’autres aux bureaux d’étude Bati Concept et Ama consultant, toutes trois retenues en avril 2016 pour le projet de réhabilitations des locaux abritant les archives nationales.

La structure en construction commence certes à prendre forme, mais la livraison de l’ouvrage n’est visiblement pas imminente. Le 27 mai 2019, le ministre des arts et de la culture Pierre Ismael Bidoung Mkpatt annonçait pourtant des travaux devant s’étaler sur 16 mois. A cette époque, le projet de réhabilitation des locaux abritant les archives nationales était présenté comme la matérialisation de l’engagement de notre pays à assurer la préservation et la sécurisation pérenne de la documentation, ceci dans le cadre du plan de sauvetage engagé la même année pour sortir nos archives de l’ornière dans laquelle elle se trouvait.

Seulement plus de deux ans après, les camerounais continuent de s’interroger sur le sort réservé aux 5 milliards déboursés par le contribuable et affectés à ce projet. Ce d’autant plus que la question des archives demeure un sujet qui peine à trouver une réponse au sein de l’opinion. Fin juin notamment, des images vraisemblablement prises au Cameroun et présentant des archives dans des conditions de conservation extrêmement inquiétantes ont fait irruption sur la toile, suscitant indignation et interrogations quant au traitement réservé à notre mémoire collective.

Au-delà de ces écueils, les spécialistes de la documentation questionne, eux, la stratégie choisie par le Cameroun, qui de leur avis, ne résoudra de sitôt le problème de la conservation du patrimoine documentaire. « Le cœur même d’un service d’archives c’est sa capacité à accueillir, fait noter à cet effet Loïc Simo, spécialiste en documentation. Car il faut le savoir, l’ensemble des administrations publiques sont censées, selon l’Arrêté no 4325 du 02 juillet 1952, y transférer leur archives. Ce qui signifie qu’il faut de l’espace pour cela or le projet de réhabilitation en cours est au 75% constitué de bureaux. On parle de près de 1149 agents à recruter et à caser. Où seront disposés les documents collectés s’il n’y a pas assez d’espace prévu à cet effet ».

Selon les prévisions de ces derniers, la réhabilitation des locaux des archives nationales ne devrait pas considérablement fluidifier le flux de documents devant circuler entre les archives nationales et les administrations publiques. « Il nous faut plus de magasins de stockage et de traitement. Vous imaginez une production documentaire qui ne peut pas être reversée car il n’y a pas assez d’espace ? Ça bouche non seulement les archives, mais aussi les services publics », ajoute notre spécialiste. Depuis lors, ces professionnels militent pour une diversification géographique des centres qui devront accorder la part belle aux magasins de stockage et de traitement.

Aux archives nationales, la préoccupation de ces professionnels est balayée d’un revers de la main. Ici, l’on se réjouit de la prise de conscience des autorités camerounaises qui est « un pas dans la bonne direction ». « C’est un véritable défi dans un pays comme le nôtre de réussir à démontrer aux pouvoirs publics qu’il est important de prioriser les politiques archivistiques à côté des autres actions naturellement prioritaires telles que la santé, l’éducation ou les autres infrastructures de communication, dans un contexte de rareté des ressources, affirme un responsable de la structure sous anonymat. Le Cameroun dispose d’un plan de sauvetage de ses archives. C’est à saluer. Le reste viendra petit à petit ».

En attendant la mise en place complète de ce programme qui prévoit outre la réhabilitation des centres des archives de Douala et de Buea, la construction de 10 annexes dans les dix chefs-lieux de régions du pays, l’histoire du Cameroun consignée dans ses archives continue de baigner dans la précarité. Plus que jamais, la livraison du premier ouvrage contenu dans le plan de sauvetage des archives est vivement attendue.

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