Après le rejet du DG d’Atlantique Assurances Cameroun, l’Etat menace d’expulser d’autres travailleurs étrangers illégaux
Un groupe interministériel chargé de lutter contre la main-d’œuvre de nationalité étrangère va descendre dans toutes les entreprises identifiées comme employant la main-d'œuvre de nationalité étrangère, selon une annonce du ministre Issa Tchiroma Bakary.
Après la société Atlantique Assurances Cameroun qui a vu la candidature de son DG ivoirien retoquée par le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, il y a près d’un mois, c’est au tour d’Issa Tchiroma, le ministre de l’Emploi et de la formation professionnelle (Minefop), de mener la guerre contre les travailleurs étrangers illégaux au Cameroun. Et pour cause, révèle le membre du gouvernement dans un communiqué signé le 3 avril, « malgré les campagnes de sensibilisation, les contrôles sur le terrain et les mises en demeure adressées aux chefs d’entreprises, ceux-ci continuent d’employer une abondante main-d’œuvre de nationalité étrangère en marge de la réglementation en vigueur ».
Lire aussi : Louis Paul Motaze retoque la candidature d’un Ivoirien proposé au poste de DG d’Atlantique Assurances Cameroun
Cette situation, déclare Issa Tchiroma Bakary, ne permet pas au gouvernement d’atteindre les objectifs qu’il s’est fixé en matière de promotion et de protection de la main d’œuvre nationale dans toutes les catégories professionnelles. Par conséquent, afin d’éviter tout désagrément préjudiciable au fonctionnement des entreprises et à l’exécution des grands projets d’investissement publics et privés à travers l’expulsion hors des lieux de services des travailleurs, le Minefop invite tous les chefs d’entreprises concernés à régulariser dans les 30 jours qui suivent la publication de son communiqué, la situation de leurs personnels en situation irrégulière sur le territoire camerounais.
Lire aussi : Orange Cameroun et Atlantique Assurances offrent des contrats d’assurances aux journalistes
« Passé ce délai, le groupe interministériel chargé de lutter contre la main-d’œuvre de nationalité étrangère va descendre dans toutes les entreprises identifiées comme employant la main d’œuvre de nationalité étrangère et les sanctions conformément à la réglementation en vigueur en la matière seront prises à l’encontre des structures contrevenantes ».
Au départ, l’affaire Atlantique Assurances Cameroun
L’affaire des travailleurs étrangers illégaux au Cameroun a été médiatisée à travers un recrutement rejeté à la tête d’Atlantique Assurances Cameroun, filiale de Banque Atlantique. En effet, dans une correspondance signée le 2 mars 2023 par le ministre des Finances (Minfi), Louis Paul Motaze, l’on apprend que la candidature d’un Ivoirien proposé au poste de directeur général (DG) de la société Atlantique Assurance Cameroun, filiale du holding financier Atlantic Group.
« J’ai l’honneur de vous faire connaître qu’il ne m’a été possible de donner une suite favorable à la demande d’agrément de monsieur Yapo Raoul Charlemagne Raymond en qualité de directeur général de Atlantique Assurance Cameroun IARDT, dans la mesure où son dossier ne satisfait aux exigences de la circulaire n°0035/Minefop/DRMO du 27 juin 2022 du ministre de l’Emploi et de la formation professionnelle, notamment le contrat de travail visé et la preuve de l’inexistence de camerounais compétent pour le poste sollicité », écrit le Minfi.
Lire aussi : Marketing : Atlantique assurances en campagne de séduction
Louis Motaze évoque ici une circulaire qui a été effectivement signée le 27 juin 2022 par son homologue (Minfof) Issa Tchiroma Bakary. Cette circulaire faisait le constat selon lequel, des chefs d’entreprises déposent des demandes de visas des contrats de travail des personnels de nationalité étrangère, sans y annexer un plan de camerounisation des emplois pour lesquels les visas sont sollicités, ou un mécanisme de transfert de compétences ou de technologies en faveur des nationaux lorsque la demande porte sur un seul travailleur de nationalité étrangère ou qu’elle concerne un poste stratégique ou de gestion.
Postes stratégiques
Or, précise le Minfop, outre les postes stratégiques et de gestion, le ministre chargé des questions d’emplois ne devrait accorder le visa de travail à un travailleur de nationalité étrangère que s’il est prouvé qu’il n’existe pas de camerounais compétent au poste sollicité ou lorsque l’employeur qui envisage d’embaucher un travailleur de nationalité étrangère prouve qu’il a embauché également un camerounais qui assiste le travailleur de nationalité étrangère, pour les besoins de transfert de technologies et de compétences.
Lire aussi : Cameroun : au moins 10.000 travailleurs expatriés en situation irrégulière
Le ministre Issa Tchiroma Bakary prescrit aux chefs d’entreprises publiques et privés la procédure suivante : « Dans le souci d’apprécier judicieusement et de manière diligente les dossiers de demandes de visas des contrats de travail des personnels de nationalité étrangère, tout en veillant à la promotion de l’emploi, je vous invite à compter de la date de la signature de la présente lettre-circulaire, à bien vouloir annexer à chaque dossier de demande visa du contrat de travail concernant un personnel de nationalité étrangère, outre les pièces habituelles, le nom du Camerounais qui assiste en formation, le travailleur de nationalité étrangère bénéficiaire du visa de travail ».