Appui aux agriculteurs : la BAD pose ses conditions au Cameroun pour bénéficier de sa facilité de financement
Les clauses de cette facilité de 927,5 milliards de FCFA énoncé à l’endroit des agriculteurs africains ont été rendus publiques lors des assemblées annuelles 2022 du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD). C’était du 23 au 27 mai 2022 à Accra, au Ghana.
Pour bénéficier des facilités de 1,5 milliard de dollars (927,5 milliards de FCFA) octroyé aux pays africains le 20 mai dernier, par la Banque africaine de développement (BAD) chaque Etat sait désormais sur quel pied danser. Lors des assemblées annuelles 2022 de cette institution bancaire tenues du 23 au 27 mai à Accra, au Ghana, une pluralité de conditions a été posée à ces derniers, dont le Cameroun. Entre autres démarches à suivre, le pays devrait formuler à l’endroit du bailleur de fonds une demande d’appui qui explique clairement ses réformes politico-économiques. Pour cela, il devrait dans le détail, maturer de bons projets agricoles, afin de bénéficier de cet accompagnement technique et financier de la BAD qui, en cas de réponse positive, pourrait apporter des intrants modernes aux agriculteurs du pays. « C’est une facilité qui existe, mais c’est basé sur les besoins. Ce qui est important c’est de faire le développement d’un projet et le soumettre à la BAD. La Banque va l’étudier et elle pourra financer les agriculteurs des pays qui le sollicitent sur la base d’un projet soumis par les gouvernements », a expliqué Akinwumi Adesina, président de la BAD.
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Urgence d’une relance de la filière meunière
Depuis le déclenchement de la crise russo-ukrainienne qui oppose deux des plus grands importateurs mondiaux de blé, le prix de cette denrée connaît des fluctuations haussières (+65% en glissement annuel) qui tendent à perdurer. Ce qui rend difficile l’approvisionnement en cette matière première nécessaire à la fabrication de la farine de blé. Au vu de cette situation, l’initiative de la BAD doit être une opportunité pour le pays dont la production en blé reste encore « embryonnaire ». Selon l’organe en charge du développement agricole au Cameroun (Irad), cette faible production est due à l’insuffisance de moyens financiers. Ce qui pousse le Cameroun à être esclave des importations. Mentionnons ici qu’en 2020, le Cameroun a importé une cargaison totale de 860 000 tonnes de blé, révèle l’étude sur le positionnement stratégique de la filière fabrication des produits à base de céréales. Ces importations, qui ont coûté environ 150 milliards de FCFA au pays.
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Secteur aquacole
Selon les analyses de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, la production potentielle de la pisciculture au Cameroun pourrait être comprise entre 2 300 et 20 000 tonnes par an. Bien que le pays ait mis sur pieds des projets aux fins de booster la production nationale, le secteur n’arrive pas à couvrir son objectif de production qui est de 100 000 tonnes de poissons par l’aquaculture. L’accompagnement de la BAD serait donc au profit du pays qui œuvre pour la relance de ce secteur. L’on a encore en mémoire l’atelier de travail du 25 mai 2022 entre le ministère de l’Élevage, des Pêches et des Industries animales et les aquaculteurs qui était essentiellement basé sur la production des aliments pour poissons à moindre coût afin de booster la filière. Notons par ailleurs que cet atelier est en droite ligne de la politique d’import-substitution que prône désormais le gouvernement camerounais, à l’effet de réduire les importations massives, qui obèrent la balance commerciale du pays.
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Céréales
En 2018, le Cameroun a produit 4 198 483 tonnes de céréales. Sur une période de 12 mois, la tendance haussière des prix des céréales au Cameroun s’évalue à 23% selon de récentes données fournies par l’Institut national de la statistique (INS). Cette situation est généralement imputable à la hausse du prix des engrais et des intrants agricoles. En effet, à cause de la crise russo-ukrainienne, le Cameroun a du mal à se ravitailler sur le marché international. La Russie est par ailleurs son premier fournisseur d’engrais, avec à titre d’illustration, des importations de ces intrants d’une valeur de 16,4 milliards de FCFA. Les importations russes ont représenté 43% des quantités totales d’engrais importées par le Cameroun en 2020. Les perturbations dans les chaines d’approvisionnement mondiaux ont occasionné des pénuries sur le marché, avec pour corolaire un renchérissement des prix. A Garoua par exemple, un sac de 50kg d’engrais est vendu désormais à 35 000 FCFA, contre 18 000 FCFA il y a 12 mois, soit une hausse de 94,4%. Dans le même temps, l’urée, un intrant dérivé du pétrole et utilisé comme fertilisant dans l’agriculture, est vendu à plus de 40 000 FCFA dans la capitale régionale du Nord, contre 17 000 FCFA il y a un an, soit une augmentation de plus de 100%. D’où l’importance pour le Cameroun de jouer sa carte pour bénéficier du financement de la BAD.