Aliments importés: au-delà de la polémique, la problématique de la conformité
Même si les pouvoirs publics ont levé la polémique sur le riz qui serait en plastique, il n’en demeure pas moins que cette rumeur a relancé le débat sur la qualité des produits commercialisés sur le marché camerounais.
Au moment où les pouvoirs publics et les opérateurs concernés bataillent pour stopper les effets de la polémique sur le riz importé dit « en plastique », des interrogations sous-jacentes des consommateurs remontent à la surface au sujet de la qualité des aliments importés en terre camerounaise.
Selon les autorités, les dangers sont inexistants, ou quasi-nuls, au regard des dispositifs mis en place pour s’assurer de la qualité des aliments commercialisés. « En matière des denrées alimentaires, le gouvernement a mis en place un dispositif serré de contrôle de la qualité des produits commercialisés sur notre territoire, notamment sur les produits à l’importation », assure par exemple le ministre du Commerce.
Dans ce cadre, indiquent les officiels, un programme d’évaluation avant embarquement des marchandises, géré par la Société générale de surveillance (SGS) a été mis en œuvre pour faire les analyses nécessaires avant que les produits importés ne prennent la direction du Cameroun.
Le processus de contrôle prévoit également une police phytosanitaire des marchandises, notamment d’origine végétale comme le riz, qui procède également à des analyses avant qu’ils ne soient mis sur le marché dans le pays. Au-delà de plusieurs autres étapes, il y a un troisième verrou qui vient de l’Agence des normes et de la qualité (ANOR) qui, en dépit de tous les autres contrôles, doit pouvoir délivrer un certificat de conformité.
A toute cette batterie de mesures, l’on a ajouté récemment le Centre technique agro-alimentaire du Cameroun (CAT-Cam). Initiative conjointe des pouvoirs publics et du secteur privé, cette institution est chargée de procéder aux dernières analyses sur les denrées alimentaires rendues sur le marché camerounais ou produites localement.
Difficile de passer entre les mailles du filet ? « Pas si sûr », répondent certains acteurs du segment de la consommation au Cameroun, qui estiment que cette surveillance n’est pas toujours efficace à 100%. « Les mécanismes mis en place permettent en effet de contrôler la qualité des aliments commercialisés dans notre pays (…) Toutefois, l’on ne devrait pas donner un blanc-seing aux opérateurs car ils pourraient, pour diverses raisons, ne plus se conformer et vendre des denrées alimentaires impropres à la consommation », relève Jacquis Kemleu Tchapgou, président du CTA-Cam, un habitué de la lutte contre les produits alimentaires non conformes à la consommation.
Au sein des associations de défense des droits des consommateurs, l’on reste convaincu que de nombreux produits continuent d’être commercialisés au Cameroun, alors qu’ils sont impropres à la consommation. « A plusieurs reprises, nous avons constaté dans nos marchés des produits avariés. Très souvent, ce sont des produits importés », souligne un membre de l’Association camerounaise pour la défense des droits des consommateurs.
En réalité, autant les mécanismes de contrôle sont multipliés par l’Etat, autant certains opérateurs véreux multiplient des méthodes pour les contourner. Raison pour laquelle, à plusieurs reprises, des produits importés non-conforme à la réglementation ont été saisis puis retirés du marché national. On se souvient des huiles végétales raffinées qui n’étaient pas enrichies aux vitamines selon la législation en vigueur au Cameroun, ou encore des pâtes alimentaires avariées trouvées dans certains magasins de Yaoundé et Douala. Des preuves que la surveillance doit être plus stricte et permanente.
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