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Air France KLM : les défis africains de Florence Parly

Dans un ciel continental de plus en plus concurrentiel, la future présidente du conseil d’administration du transporteur franco-néerlandais, devra maîtriser les turbulences qui secouent certaines destinations, équilibrer le rapport qualité/prix, mettre en place une politique des coûts des billets d’avion accessible, et rendre la compagnie plus compétitive dans un environnement où les offres de la concurrence rognent considérablement ses parts de marché. Décryptage

 En attendant la prochaine assemblée générale d’Air France KLM qui va ratifier nomination de Florence Parly, à la présidence du conseil d’administration du transporteur franco-néerlandais prévue en 2025, la remplaçante d’Anne-Marie Couderc n’aura pas d’état de grâce au sommet de ce géant des airs. Un changement de direction qui intervient alors que la compagnie vient de clôturer le troisième trimestre sur fond de performances. 

Ainsi, grâce à une forte demande estivale, son résultat d’exploitation à 1,3 milliard d’euros affiche une marge opérationnelle de 15,5% ; un taux de remplissage à 90% ; un chiffre d’affaires total du groupe établi à 8,7 milliards d’euros, en hausse de 7% par rapport à l’année précédente, ou encore des liquidités de l’ordre de 10,2 milliards d’euros.

Rentabilité du réseau Afrique subsaharienne

Ces résultats démontrent la solidité du groupe face aux turbulences que vit la compagnie sur le continent africain. En effet, si la compagnie aérienne maîtrise la situation sur le reste de son réseau, elle essuie des frayeurs sur nombre de dessertes continentales avec la suspension des vols sur les lignes malienne, burkinabè et nigérienne.

Selon les résultats 2022 du transporteur qui a assuré l’année dernière le transport de quelques 3,87 millions de passagers vers ou depuis l’Afrique, sur un total de 16,490 millions de passagers dans le monde, l’Afrique de l’Ouest et centrale ont permis de réaliser une «forte performance». «Les rendements se sont maintenus à de bons niveaux, principalement grâce à la performance des cabines premium en Afrique de l’Ouest et centrale», assure la compagnie.

Cependant, en dépit de la taille réduite des marchés burkinabè, malien et nigérien, ces pays en proie à des crises géopolitiques qui empoisonnent leurs relations avec la France, marquent l’activité d’Air France. Car, leur perte impacte douloureusement l’activité du groupe. 

Selon des sources médiatiques, les appareils qui desservaient ces pays ont été réaffectés vers d’autres destinations. De plus, l’interdiction de survol imposée par la junte au Niger engendre des surcoûts opérationnels, rallongeant le temps de trajet vers des villes clés telles que Lagos, Johannesburg et un pays comme le Cameroun. Ces trois destinations constituent des marchés à fort dynamisme et à haute compétitivité. Malgré cela, le nombre de passagers transportés entre janvier et fin septembre 2023 est en hausse de 10% à 3,124 millions de personnes contre 2,830 millions en 2022 à la même période. 

Politique de prix prohibitive

Toute chose qui démontre l’importance et la place qu’occupe l’Afrique chez ce transporteur qui y pratique cependant des prix assez prohibitifs. La compagnie aérienne a en effet annoncé en avril dernier à ses clients à destination du Cameroun, qu’ils devront désormais payer leur billet d’avion plus cher, en raison du relèvement droit de timbre aéroportuaire sur les vols internationaux institué par la loi de Finances 2023 du Cameroun en son article 606. Ce montant, pour tout passager au départ du Cameroun, est passé de : 25 000 FCFA à 40 000 FCFA en cabine Economy ; 25 000 à 120 000 FCFA en cabine Business».

Seulement, face à la retenue des autres compagnies aériennes concurrentes opérant sur le ciel camerounais, des interrogations fusent sur l’impact réel de cette décision sur les charges de la compagnie, la concurrence n’étant abstenue de suivre ce mouvement. De plus, sur nombre de lignes desservies par la compagnie en Afrique de manière générale, les prix des billets d’avion se sont envolés. 

Si les cours du baril ont à un moment expliqué et justifié l’augmentation des prix des billets d’avion, sans oublier les longs détours imposés par l’interdiction de survol du Niger, reste que la politique des prix des billets d’avions d’Air France ne fait pas les affaires des voyageurs quand on sait que sur d’autres dessertes, notamment en Asie, dans le Pacifique, en Amérique du Nord et Latine, les plaintes des clients face à cette ascension des prix des billets d’avion sont sourdes.

Lire aussi : Air France : un airbus évite un crash sur Paris-Accra

De fait, alors que les prix des billets d’avions connaissaient de manière globale depuis 2021 une baisse de 2,3% au départ de la France et d’autres réseaux, en Afrique, ceux-ci ont souvent connu des seuils critiques de progression. Depuis la mi-septembre, à cause de la hausse des cours du baril, les prix du Kérosène sont montés et ont amené les compagnies à relever de 5,8% les prix des billets d’avion. 

Concurrence rude

Mais la compagnie française s’en défend en mettant en avant le paiement annuel de 03 milliards d’euros de taxes et de redevances, en plus des prix du kérosène qui flambent. Dans tous les cas, avec l’instauration d’une nouvelle taxe aéroportuaire en France dès 2024, les prix des billets d’avion d’Air France vont continuer leur grimpée. Ce qui, sur les destinations africaines, pourrait avoir des conséquences imprévues. Notamment, le recours à d’autres transporteurs qui pratiquent des prix compétitifs en dépit des raisons invoquées par la compagnie franco-néerlandaise. 

La compagnie compte également doper sa flotte et rendre compétitive son exploitation en opérant à compter de juin 2024, 63 rotations hebdomadaires vers l’Afrique subsaharienne, soit 126 vols par semaine. Elle offrira ainsi « plus de choix que jamais aux voyageurs au départ et à destination » du continent, assure sa directrice générale, Dorothea von Boxberg, dans un communiqué diffusé par la compagnie en septembre.

 Les autres compagnies, qui pour la plupart, mettent à l’index l’interdiction de survol du Niger (Turkish Airlines, Ethiopian Airlines, Royal Air Maroc, etc.), pour justifier la hausse légère des billets d’avion, à cause des hausses de consommation en carburants, du rallongement du temps de vol et de l’inflation généralisée, n’ont pas forcément et mécaniquement répercuté ces contraintes sur les prix des billets d’avion.

Raison pour laquelle, la compagnie franco-néerlandaise va devoir rythmer ses ambitions et objectifs de rentabilité au diapason des besoins de sa clientèle africaine et de l’environnement concurrentiel qui prévaut sur le continent. Mais déjà, depuis juin de cette année, la compagnie a ajouté Dar Es Salam en Tanzanie à son réseau. Car, sur plusieurs itinéraires, Air France n’est pas seule et devra en tenir compte. Aussi, e plus de cette nouvelle destination, la compagnie entend-elle assurer la desserte de Nairobi au Kenya quotidiennement. 

En plus de Dar Es Salam, la compagnie compte étendre son activité dans le pays vers Zanzibar jusqu’à l’hiver 2024. De plus, il faudra normaliser les relations avec les pays où la compagnie est aujourd’hui « blacklistée » : le Niger, le Burkina Faso, le Mali. Ce qui permettra un retour à la normale dans sa consommation de carburants. Mais à ce propos, Air France a déjà prévu de ne pas se presser. “En raison du contexte sécuritaire, les vols de/vers Niamey (Niger), Bamako (Mali) et Ouagadougou (Burkina Faso) restent suspendus jusqu’à nouvel ordre“, précise Air France.

Une dame d’expérience

Des défis que va affronter Florence Parly, fille de haut fonctionnaire et d’un homme d’affaires, passée par Sciences Po et l’ENA, et revient à tout juste 60 ans, dans une maison qu’elle a quittée il y a neuf ans. En effet, l’ancienne ministre des Forces armées d’Emmanuel Macron, en qualité de directrice générale adjointe de l’activité «Passage Point» à Point Orly et Escales France, a été membre du comité exécutif du groupe Air France entre janvier 2013 et août 2014. Période au cours de laquelle, elle a également siégé aux conseils d’administration d’Air France et d’Ingenico Group. 

Celle qui a fait ses classes au gouvernement sous Lionel Jospin, va quitter ses fonctions chez Air France fin août 2014. Mais avant, Florence Parly dont la ratification de la nomination interviendra en 5 juin 2024, passée chez Altran comme administratrice indépendante, aura enchaîné les cabinets ministériels sous plusieurs chefs d’Etat dont Jacques Chirac.

Comme dirigeante d’entreprise, elle a été le 18 novembre 2014, nommée directrice générale déléguée de la SNCF pour «assurer le pilotage stratégique et la cohérence économique» de l’entreprise ferroviaire. En mars 2016, elle devient directrice générale de SNCF-Voyageurs, la branche de la SNCF spécialisée dans le transport ferroviaire de voyageurs longue distance et à grande vitesse.

S’agissant de la compagnie franco-néerlandaise, le groupe constitué d’Air France, KLM Royal Dutch Airlines, et Transavia, elle forme le groupe Air France-KLM depuis 2004. L’alliance de ces trois transporteurs a permis de donner naissance à un géant en termes de trafic intercontinental au départ de l’Europe. Depuis la fondation d’Air France en 1933, la compagnie selon son site internet, structurée autour de trois activités principales, notamment le transport de passagers, le fret et l’entretien aéronautique, propose à ses passagers de vivre une expérience unique à bord de ses avions qui desservent un vaste réseau dans le monde entier. 

Lire aussi : Afrique subsaharienne : péril sur un marché de 3 millions de passagers pour Air France

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