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Conjoncture

Agriculture : Plus de trois millions de producteurs menacés par la chenille légionnaire d’automne

Cette peste s’attaque principalement au maïs dont dépendent plus de trois millions de personnes, ainsi qu’au sorgho et au mil, deux céréales consommées par environ 25% de la population camerounaise

L’autosuffisance alimentaire n’est déjà pas un acquis pour le Cameroun à cause de nombreux problèmes liés notamment aux  aléas climatiques. Mais en plus depuis quelques années, certaines cultures tropicales font face à l’invasion de nouvelles pestes qui impactent négativement sur la production. C’est le cas de la chenille légionnaire d’automne qui s’est déclarée à l’échelle continentale en 2016. Le Cameroun n’est pas épargné par ce ravageur transfrontalier qui s’attaque à une gamme variée de plus de 80 cultures. « Pour ce qui est du Cameroun, deux principales cultures sont fortement menacées », déplore Henri Eyebe Ayissi, ministre de l’Agriculture et du développement rural, lors d’une rencontre organisée par la BAD le 11 septembre dernier sur ce fléau. Le maïs, deuxième culture vivrière après le manioc, est directement ciblé par cet agent ravageur, d’où l’ampleur des risques encourus. Selon le ministre, le maïs est la première céréale cultivée, avec une production d’environ 2,204 millions de tonnes en 2016 et plus de trois millions de producteurs dépendant de cette culture. Les autres cultures concernées par le phénomène sont le sorgho et le mil, principaux aliments qui fournissent de l’énergie au quotidien à environ 25%. Ces céréales sont cultivées essentiellement dans les régions septentrionales.

Au niveau continental, c’est toute l’Afrique, à l’exception du Maghreb, qui souffre de ce ravageur transfrontalier qui a connu une expansion fulgurante. « Il n’a pas besoin de passeport ou de visa pour migrer d’un pays à l’autre. Il cible prioritairement les céréales dont l’importance dans l’alimentation humaine et animale ainsi que dans le développement de l’industrie agroalimentaire n’est plus à démontrer », explique Henri Eyebe Ayissi. Et de poursuivre : en l’absence des mesures appropriées, les experts pensent que la chenille légionnaire d’automne pourrait entraîner des pertes de rendement de l’ordre de 21 à 53% de la production dans 12 pays africains, d’ici les cinq prochaines années. La valeur de ces pertes est estimée entre 2,48 milliards et 6,187 milliards de dollars, précise le Minader. Selon les experts, la chenille légionnaire est devenue une menace pour la sécurité alimentaire de plus de 300 millions de personnes en Afrique subsaharienne, les populations rurales étant les plus touchées.

La menace étant transfrontalière, la lutte contre la chenille légionnaire d’automne passe par la mise en place des stratégies régionales, à l’instar de l’initiative que vient d’engager la BAD contre ce ravageur redoutable. L’institution africaine a réuni des experts issus de plusieurs instituts de recherche africains à Yaoundé le 11 septembre dernier en vue de fournir un plan de bataille contre ce fléau. Pour le Représentant résident de la BAD au Cameroun, il est question de bâtir une plateforme pour apporter une réponse contre ce fléau à travers les connaissances et les technologies impulsées au niveau du continent. « Nous avons la connaissance, la technologie, et on ne peut pas faire l’économie de  ne pas catalyser tous ces efforts pour faire face à ce fléau qui a des effets dévastateurs. On ne peut pas être d’une part en train de produire et se permettre de perdre une grande partie de cette production », a déclaré Kone Solomane à l’ouverture des travaux.

[author title= »Par la rédaction d’EcoMatin » image= »http:// »][/author]

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