Afrique centrale : la Ceeac maintient la suspension du Gabon jusqu’en 2025
C’est l’une des informations fortes qui ressort de la Conférence extraordinaire des chefs d’Etats de la Ceeac tenue le 15 décembre dernier.
La 5e session extraordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté des Etats de l’Afrique centrale (Ceeac) dans le cadre du conseil de paix et de sécurité de l’Afrique centrale (Copax), consacrée à la transition gabonaise, a rendu sa copie. Les travaux se sont tenus le 15 décembre 2023 à Djibloho, en République de Guinée-Equatoriale.
Au sortir de ces travaux l’on pourrait penser que les lobbyings enclenchés par le président de la Transition au Gabon, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, pour réintégrer la Ceeac n’ont pas fonctionné de façon globale. « Tout en tenant compte du caractère paisible et inclusif de la Transition politique en cours en République Gabonaise et de la nécessité d’accompagner cet Etat membre vers un retour à l’ordre constitutionnel, la Conférence a décidé de maintenir la décision de suspendre la participation du Gabon aux activités de la Communauté jusqu’au retour à l’ordre constitutionnel, conformément aux textes de la Communauté et de l’Union africaine », peut-on lire dans le communiqué final ayant sanctionné les travaux. Indiquons ici que la suspension du Gabon de la Ceeac est effective depuis le 4 septembre dernier, date à laquelle le nouveau président Gabonais prêtait serment.
Un choix qui peut se justifier de plusieurs raisons. « Il s’agit tout simplement pour les dirigeants de la CEEAC d’être cohérents, logiques et en accord avec leurs propres principes et autres textes applicables en matière de gouvernance et de prise anticonstitutionnelle de pouvoir. De plus, la CEEAC ne peut pas s’inscrire en porte à faux contre les principes corollaires de l’Union Africaine qui a également suspendu le Gabon sur la base des règles en vigueur de l’organisation continentale, dont notamment la Charte Africaine sur la Démocratie et la Gouvernance (CADEG) qui condamne vigoureusement et énergiquement toute prise de pouvoir par la force ou par des voies anticonstitutionnelles. Du coup, une levée de sanction unilatérale au niveau sous régionale aurait entrainé des conséquences immédiates au niveau continentale et pourrait éventuellement nuire davantage à l’image de l’organisation panafricaine qu’on accuserait alors de faire du deux poids deux mesures eu égard à des situations similaires dans d’autres pays du continent.», nous explique Simon Pierre Omgba Mbida, ministre Plénipotentiaire.
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Conséquence
L’on se souvient que peu de temps avant la tenue de Djibloho, le Général d’armée avait effectué des visites officielles auprès de ses pairs de la Cemac pour renouer le contact après le putsch d’aout dernier. La dernière visite était 6 décembre dernier à Yaoundé avec le président camerounais Paul Biya et ou la question de la réintégration de la Ceeac avait été évoquée. Il faut tout de même dire que le maintien de cette suspension par la Ceeac revêt quand même de conséquences. « L’une des conséquences directe comme l’a si bien rappelé il y’a quelque temps le Premier ministre de la transition Raymond Ndong Sima est que le Gabon risque de se retrouver au ban des nations, les bailleurs de fonds, entre autres, la Banque Africaine de Développement (BAD) et la Banque Mondiale qui ont annoncé la reprise de leurs programmes au Gabon poseront des problèmes politiques. Ils se rétracteront tôt ou tard et refuseront de continuer à les financer. De plus, cela va davantage renforcer l’isolement du pays dans la sous-région en particulier et en Afrique en général sachant que les sanctions de l’Union Africaine demeurent également intactes. Or, l’offensive diplomatique du président de la Transition, le Général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, dans la sous-région, visait aussi à faire sauter cet isolement préjudiciable pour le Gabon. L’enjeu est donc très important pour le pays tout entier.», nous confie Simon Pierre Omgba Mbida, ministre Plénipotentiaire.
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Toutefois, ce pays d’Afrique centrale d’une superficie de 267 667 KM2 continuera d’abriter le siège de la Ceeac. « S’agissant de la décision relative à la délocalisation provisoire du siège de la Communauté à Malabo, en Guinée-Equatoriale, la Conférence a tenu compte de l’évolution positive et encourageante de la situation politique et sécuritaire actuelle en République Gabonaise et a décidé de sursoir à sa mise en œuvre jusqu’à nouvel ordre », rajoute le communiqué. Une nouvelle plutôt bien accueillie par Libreville. « Bonne nouvelle : la CEEAC a suspendu le transfert de son siège de Libreville à Malabo, reconnaissant ainsi la stabilité du processus de Transition au Gabon. Cela reflète notre engagement envers une transition pacifique et démocratique », a commenté Oligui Nguema sur son profil Twitter devenu X. Il en est de même pour les observateurs de la scène internationale africaine. « Quoique le Gabon n’ait pas pu convaincre pour sa réintégration légitimement espérée, le pays est tout de même sorti de là avec une petite satisfaction ou mini victoire en obtenant la suspension du transfert provisoire du siège de la CEEAC de Libreville au Gabon vers Malabo en Guinée Equatoriale. C’est très positif et encourageant pour les autorités de la transition qui devraient évidemment poursuivre et accélérer leurs efforts pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel. Au regard des efforts fournis par le pays, on peut dire que les sanctions ont été atténuées à minima.», rajoute notre interlocuteur. Rappelons ici qu’en principe c’est la Gabon qui est à la tête de la Ceeac, la Guinée-Equatoriale n’en assure que l’intérim.
Outre résolution toujours prise en faveur de ce pays, la mise sur pied d’« un mécanisme de financement des activités de la Facilitation de la CEEAC pour la transition politique en République Gabonaise basé sur une contribution spéciale des Etats membres et a exhorté les Etats membres à tout mettre en œuvre pour matérialiser leur solidarité à travers cette contribution ».
En somme le challenge qui pointe à l’horizon tant pour le peuple gabonais, que pour ses frères de l’Afrique centrale est la tenue des élections pacifiques en 2025, comme annoncé par le gouvernement de Transition.
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