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Conjoncture

AFIS 2023 : l’avenir de l’industrie financière africaine en débat à Lomé

La 3e édition de l’Africa Financial Industry Summit s’est ouverte ce mercredi dans la capitale du Togo, en présence du président Faure Essozimna Gnassingbé et de plus de 1000 acteurs de la finance mondiale.

L’édition 2023 de l’Africa Financial Industry Summit (AFIS) s’est ouverte ce mercredi, 15 novembre 2023 à Lomé (Togo). Evénement de référence de l’industrie financière africaine, dont le thème de cet acte 3 est « construire une industrie financière africaine de classe mondiale : une opportunité à 1500 milliards de dollars », il réunit cette année plus de 1000 acteurs des secteurs de la finance mondiale (banques, assurances, fintechs, opérateurs de marchés de capitaux et de mobile money), de régulateurs et de décideurs politiques dont, aux premières loges, le président togolais, Faure Essozimna Gnassingbé Eyadema. Pendant deux jours, ces leaders vont débattre et discuter des voies et moyens pour parvenir à un meilleur financement des économies afin de sortir l’Afrique de l’étau de la dette qui frappe la plupart de ses pays, du renforcement de sa résilience face aux futurs chocs externes, et aussi des solutions aux phénomènes météorologiques extrêmes qui contribuent à aggraver la pauvreté et l’insécurité alimentaire sur le continent.

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Au fond, l’AFIS entend répondre à quatre enjeux cruciaux : contribuer au développement d’un secteur financier africain de classe mondiale ; placer l’industrie des services financiers au cœur de la réussite du projet de Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) ; doper l’inclusion financière et assurer un financement durable des économies et donner une voix à l’industrie financière africaine dans les débats sur la régulation internationale. « Ces enjeux sont d’autant plus importants dans cet environnement macroéconomique difficile, marqué par cette inflation persistante, les problématiques de liquidité, de financement des PMEs et de refinancement », soulignait ce matin Ramatoulaye Goudiaby, directeur du Sommet. L’intime conviction de cette financière chevronnée c’est que « nous devons tirer parti de la situation au lieu d’attendre que l’orage passe, car l’Afrique est la nouvelle frontière ».

L’essor des champions continentaux

Et pour construire sa propre industrie financière de classe mondiale et saisir cette opportunité estimée à 1 500 millions de dollars, l’Afrique doit « continuer à mobiliser les ressources locales, approfondir les marchés de capitaux, tirer parti des innovations technologiques, augmenter [ses] niveaux de pénétration financière et « réfléchir à des solutions qui nous mènerons non seulement vers la transition mais surtout vers la disruption à laquelle nous aspirons tous ». Pour elle, en tout cas, l’industrie africaine a le potentiel pour le faire, malgré les polycrises qui la travaillent depuis trois ans. « Nous sommes capables de résister aux chocs exogènes : les résultats des 9 premiers mois de 2023 le démontrent encore, malgré la baisse de la rentabilité au sein de l’industrie. Nous sommes de plus en plus innovants pour nous refinancer (on titrise et on tokenize plus nos actifs). Nous sommes toujours aussi ambitieux et plusieurs acteurs locaux ici présents n’ont pas hésité une seule seconde à renforcer leur taille suite au départ des acteurs internationaux pour devenir des champions continentaux, voire internationaux. Notre intégration régionale tant souhaitée est en marche (AELP) ».

Un contrat de garantie historique

L’AELP est en effet le projet phare de l’Association des bourses africaines (ASEA) et de la Banque africaine de développement (BAD) qui vise à faciliter les transactions transfrontalières entre sept bourses participantes et certaines sociétés de courtage en bourse, lancé en novembre 2022 dans le cadre du projet d’intégration des marchés de capitaux africains. Pour relever ces défis, l ’AFIS se positionne aux côtés des Etats et de l’écosystème financier en tant que catalyseur des ambitions communes de ces entités. Cette année, annonce Ramatoulaye Goudiaby, « nous assisterons à la signature du plus gros contrat de garantie jamais signé en Afrique, pour un montant de 250 millions ». C’est l’une des retombées de l’édition 2022, au terme de laquelle l’un des partenaires de l’AFIS a été mandaté pour effectuer une étude d’impact sur l’application de Bâle 3 au sein d’un groupe bancaire, suite aux discussions de la table ronde dédiée à ce sujet l’an dernier. On se rappelle qu’au terme de cette même édition, Mike Ogbalu, CEO de PAPSS, a initié ses premières discussions avec les banquiers centraux et banques commerciales dans l’optique de développer sa plateforme dont l’enjeu est crucial pour l’intégration régionale et le succès de la ZLECAF.

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Dans son discours à l’ouverture de cette 3e édition de l’AFIS, Faure Essozimna Gnassingbé a relevé que le thème des crises inscrit au menu de ce rendez-vous laisse place à celui des opportunités. « Le dynamisme économique en Afrique de l’Ouest a de quoi nous laisser optimiste. L’Afrique subsaharienne toute entière s’engage sur le chemin de la reprise. À plus long terme, la ZLECAf saura ancrer cette reprise dans la durée », a indiqué le président togolais, pour qui « nous ne pouvons reprendre le contrôle du récit africain sans une action concertée. L’Afrique doit regagner collectivement la maitrise de son narratif ». Le vice-président pour la région Afrique de la Société financière internationale (IFC), co-organisatrice de l’AFIS, Sérgio Pimenta, pour sa part, a souligné que « le secteur financier joue un rôle absolument essentiel dans l’accompagnement de l’émergence d’une Afrique inclusive et connectée, ainsi que de la transition énergétique du continent ».

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