Affaire Aboudi Ottou/Awana Ateba: Investir au Cameroun dénonce un harcèlement et menace de porter plainte
Le journaliste Aristide Aboudi Ottou a été convoqué une fois à la direction de la police judiciaire à Yaoundé le 16 novembre. Sur la convocation adressée au rédacteur en chef du fil d’informations opéré par l’agence Ecofin, rien de clair n’apparaît, selon le directeur des rédactions de cette agence qui dénonce le harcèlement et des accusations diffamatoires contre son collaborateur
Sur sa page Facebook, Aristide Aboudi Ottou, rédacteur en chef du site Investir au Cameroun, de retour de sa convocation à la direction de la police judiciaire (DPJ) le 16 novembre au soir, exulte : «Fin de la confrontation ! Le marionnettiste est connu». Avant de déférer à ce deuxième appel face aux enquêteurs de la DPJ, le journaliste était d’une sérénité imperturbable. «J’y répondrai avec sérénité, convaincu d’avoir fait mon travail et rie que mon travail dans cet article», écrivait-il quelques heures avant de rejoindre le plaignant, Michel Guy France Awana Ateba, PDG d’Enangue Holding, principal partenaire au Cameroun du groupe russe Yango, spécialisé dans la gestion de plateformes de commande de services de transport dans les locaux de la police judiciaire.
L’article incriminé, intitulé «Transport urbain : comment le Russe Yango a manœuvré pour obtenir l’autorisation d’exercer au Cameroun», revient sur les faits ayant marqué le retour en grâce de l’opérateur russe au Cameroun après sa suspension par le ministère des Transports en février 2023. Seulement, renseigne le directeur des rédactions de l’agence Ecofin, Idriss Linge, Aboudi Ottou a été interrogé sur les « commanditaires » de cet article lors de sa première convocation. Pour cette deuxième convocation, les faits reprochés à son collaborateur ne sont pas clairs. Aussi se préoccupe-t-il des motivations réelles de ceux qui en veulent à Aboudi Ottou et, surtout, de l’opacité de leur démarche.
«Investir au Cameroun, dans sa conception, a toujours eu pour objectif de fournir des informations pertinentes pour la communauté économique du Cameroun, et non de s’attaquer à des individus. La charte rédactionnelle exige une vérification rigoureuse des informations. Nous sommes donc fortement préoccupés par cette démarche opaque, où les motifs réels de la plainte ne sont pas explicitement définis », a déclaré Idriss Linge, directeur des rédactions du groupe Agence Ecofin, opérateur du site Investir au Cameroun pour Stratline Communication, son éditeur.
D’après lui, l’agence Ecofin dans son ensemble, « continue de rassembler des informations nécessaires à la clarification de la situation », et «espère que cette autre convocation à la DPJ apportera plus d’éléments sur les infractions présumées ».
Mais, manifestement, on n’est pas plus avancé que lors de la première confrontation. Tout juste, apprend-on de la main du journaliste, la confrontation entre les deux protagonistes n’aura pas été favorable au plaignant, si l’on s’en tient à sa déclaration sur sa page Facebook. Mais, pour Idriss Linge, la rédaction n’ayant reçu aucun droit de réponse comme l’exige les canons éthiques et déontologiques de la profession, l’affaire exhale des relents d’acharnement.
«Depuis sa création, Investir au Cameroun a publié plus de 100 000 articles. La rédaction reçoit quotidiennement des messages de soutien pour le service public gratuit d’informations économiques et financières qu’elle offre. Notre média a reçu très peu de demandes de droit de réponse qui du reste sont toujours traitées conformément à la déontologie et l’éthique journalistique. Dans cette affaire, nous percevons un acharnement, d’autant plus qu’aucun droit de réponse n’a été reçu par la rédaction », poursuit-il.
Bien qu’étant disposés à collaborer avec les autorités dans cette affaire, le groupe menace de porter plainte pour harcèlement et diffamation. «…Nous nous réservons le droit de déposer une plainte pour harcèlement et accusations diffamatoires», menace-t-il.
Pour mémoire, avec un faisceau de faits richement documentés, le journaliste revient sur l’octroi d’une licence provisoire d’exercice de transport par taxi des personnes via la plateforme numérique “Yango”, opérée par MLU Europe BV, par le ministre des Transports.
Citant des sources internes au ministère des Transports, Aristide Aboudi Ottou, explique le stratagème mis en place par la société pour bénéficier de cette autorisation spéciale. «MLU Europe BV s’est allié à une entreprise ayant une représentation au Cameroun, du nom de Enangue Holding. C’est elle qui a sollicité, après la suspension des activités de Yango le 6 février 2023, la licence S10. Selon le décret d’application de la loi du 23 juillet 2001 régissant le transport routier au Cameroun, signé le 10 octobre 2022 par le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, cette licence est nécessaire pour offrir le service de transport par taxi de personnes opéré via les plateformes numériques », relate Aboudi Ottou dans son article publié le 22 août 2023.