Accord tacite entre Paul Biya et le parlement pour une adoption urgente de la loi anti-corruption
En attendant que le président de la République daigne enfin enclencher le processus de promulgation d’une loi anti-corruption dont un exemplaire est bloqué depuis dix ans dans ses tiroirs, un réseau parlementaire créé dans le but de proposer des solutions efficientes de lutte contre ce fléau multiplie les appels du pied.
Les caisses de l’Etat ont de nouveau souffert d’un important déficit en 2021 en raison de la multiplication des actes de corruption. Selon le dernier rapport de la commission nationale anticorruption (Conac) comptant pour l’année 2021 présenté le 23 septembre 2022, le préjudice financier pour l’Etat s’élève à 43, 947 milliards de FCFA. Soit une hausse de 26,336 milliards de F en valeur absolue par rapport à l’année 2020, ou le même préjudice s’est établi à 17,611 milliards de FCFA, et 149,54% en valeur relative.
Pour remédier à ce fléau qui semble s’éterniser, la Conac a comme à l’accoutumée, de nouveau prêcher l’urgence de l’adoption d’une loi anticorruption, dont un exemplaire élaboré par le ministère de la Justice en collaboration avec la Conac et le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) a été soumis depuis 10 ans à l’appréciation de Paul Biya. Elle n’a pas oublié de plaider à la même occasion pour la rédaction et l’adoption d’une loi sur l’enrichissement illicite. Redondant! Diront certainement ceux qui ont l’habitude de feuilleter les rapports de la Conac, mais certainement nécessaire en ceci que ces recommandations peuvent être considérés comme des rappels tacites formulés par cette structure placée sous l’autorité de la présidence de la République, à Paul Biya, dont les décisions sont rarement frappées du sceau de la célérité.
Le Chef de l’Etat est tout de même d’accord qu’il est important de renforcer la lutte contre la corruption. Même s’il n’a pas annoncé d’initiatives majeures s’inscrivant dans le cadre de cet objectif dans son discours à la nation prononcé le 31 octobre 2022, il a tout de même promis que tous ceux qui s’enrichissent illicitement, en spoliant l’Etat, à quelque niveau que ce soit, «vont rendre des comptes». Et quoi de mieux qu’une loi anti-corruption pour y parvenir? Le Réseau des parlementaires camerounais contre la corruption (Apnac)y croit dur comme fer. Ses membres espèrent par ailleurs que cette dernière va venir renforcer l’indépendance de la Conac. « Une loi anti-corruption permettra de renforcer l’indépendance de la Conac, il va falloir accélérer ce processus et le concrétiser à l’issue du prochain débat d’orientation budgétaire», a déclaré l’honorable Joseph Nomo Bengono, président de l’Apnac.