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Opinions

Communication de crise : curieux silence des banques autour des scandales

Grèves ou vraie-fausse cession de la Banque internationale du Cameroun pour l’épargne et le crédit (Bicec). Détournement de deux milliards à la Société camerounaise de banque (Scb). Arrestation du Directeur général adjoint de la Scb. Distraction d’un milliard au Crédit Communautaire d’Afrique (CCA)…sont autant de scandales bancaires sur lesquels les autorités compétentes restent aphones. Et pourtant, le domaine sensible qu’est la banque s’accommode très peu d’une communication de crise muette.

Motus et bouche cousue sur les grèves et la cession de la Bicec
C’est au forceps qu’EcoMatin a pu glaner des informations qui ont secoué la Banque internationale du Cameroun pour l’épargne et le crédit (Bicec), filiale du groupe français Banque populaire caisse d’épargne (Bpce). Pas plus tard que le 10 juin dernier, les employés de cette banque ont engagé un mouvement de grève générale depuis. « Nous ne sommes pas contents du traitement qu’on nous inflige. Depuis près de 4 ans, on ne nous octroie plus de crédits par exemple », avait confié sous cape une employée. Elle avait ajouté que le mouvement de grève concerne les 37 agences que compte la Bicec dans le pays.


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Ce mot d’ordre de grève a été programmé pour s’étendre sur trois jours. Le mouvement de protestation devait s’effectuer en deux phases. La première du lundi 10 au mercredi 12 juin 2019. La deuxième, du 24 au 26 juin 2019. L’arrêt du service devait être observé durant les jours de grève de 8 h 30 à 13 h 30 dans l’ensemble du réseau Bicec.
Malgré nos multiples tentatives pour en savoir plus sur le sujet, les services de la communication de la Bicec ont répondu par le silence. Mais un autre employé fait savoir que lundi au début de la grève, les responsables de la banque ont envoyé un huissier de justice faire un constat d’abandon de poste dans les différentes agences.


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EcoMatin a appris qu’après le débrayage, la Banque a repris du service depuis le 13 juin 2019 après une concertation entre le top management de la Bicec et le syndicat des employés. Il en ressort une promesse de paiement d’une prime de cession équivalente à deux mois de salaires au personnel. Ladite prime sera versée, conformément aux conclusions de la concertation, en 6 mois. Il a également été convenu d’une renégociation de la prime de cession en discussion. Mais jusqu’ici, aucun mot officiel de la banque.

Imbroglio autour de cession de la Bicec
D’après des témoignages, les employés revendiquent aussi le non-paiement d’une prime promise par la Bicec dans le cadre de la cession de la banque au groupe marocain Banque centrale populaire (BCP). Cette cession est supposée avoir été faite alors qu’une procédure de protestation reste pendante au tribunal de première instance (TPI) de Bonanjo à Douala.
En effet, deux avocats au barreau du Cameroun (Michel Janvier Voukeng et Guy-Alain Tougoua), ont déposé une requête, le 4 octobre 2018, aux fins d’être autorisés à assigner en référé d’heure à heure, les dirigeants de la Bicec, de BPCE, la Commission des marchés financiers (CMF) et la Commission bancaire des États de l’Afrique centrale (Cobac). La première audience s’est tenue le 12 octobre 2018. Joint par téléphone, Me Michel Janvier Voukeng, dit n’avoir pas été informé d’aucune finalisation de la transaction.


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Dans leur exposé des motifs, ces avocats reprochent à BPCE l’entrée en « négociations exclusives », avec le groupe marocain en vue du projet de cession de ses participations en Afrique. Me Michel Janvier Voukeng et Guy-Alain Tougoua arguent que la Bicec étant l’un des fleurons de l’industrie bancaire du Cameroun, « l’exclusion des nationaux tant personnes physiques que morales du processus de sa cession est une violation grave de principes constitutionnels et de droit public et privé en vigueur au Cameroun ». « Cet ostracisme est particulièrement proscrit par les règles de droit applicables aux multinationales», ajoutent-ils. Les requérants sollicitent la réforme du processus initié par le BPCE, du moins en ce qui concerne la Bicec, voire sa suspension.
En dehors de la procédure judiciaire pendante au tribunal de première instance à Bonanjo, les deux avocats Camerounais opposés à la vente exclusive de la Bicec au marocain BCP ont également sollicité l’intervention, le 12 octobre 2018, de la Commission nationale de la concurrence (CNC). « Conformément aux dispositions de la loi relative à la concurrence, la Commission entend mener les diligences nécessaires afin de s’assurer que l’opération de concentration concernée sera menée dans le strict respect des dispositions prévues par la législation en vigueur en la matière », répond le CNC, le 13 novembre 2018. Depuis lors, la cession de la Bicec, détenue à 68,5 % par BPCE, à BCP est dans le brouillard.

Près d’un milliard volé à la CCA
C’est encore dans la presse, que le public a appris, médusé, le scandale financier qui s’est déroulé entre 2016 et 2018 dans les agences de la banque Crédit Communautaire d’Afrique (Cca), à Douala et Yaoundé. L’affaire est en instance au Tribunal de Grande instance du Mfoundi. L’établissement de crédit réclame au total la somme de 924 millions de FCFA frauduleusement débités de ses guichets automatiques par piratage du système informatique. Le mode opératoire pour les faussaires consistait à effectuer un dépôt d’une somme minimale dans un compte, et d’ajouter ensuite par un jeu d’écritures informatiques, quelques chiffres devant le montant réel versé. Les titulaires des comptes frauduleusement approvisionnés par manipulation irrégulière de bases de données de la banque et de son système informatique, allaient, sans inquiétude, retirer via les guichets automatiques de billets, la somme gonflée.
Le pot-au-rose a finalement été découvert par les services internes de la banque Crédit Communautaire d’Afrique (Cca), après des dysfonctionnements notés sur la balance des comptes. Balance des comptes fortement déséquilibrée dans certains guichets Cca de Douala et Yaoundé. Les enquêtes et audits internes ont tout simplement révélé que les comptes frauduleux étaient débiteurs: leurs titulaires ayant retirés plus de fonds qu’ils n’avaient épargné. Les faits remontent entre 2016 et 2018, et le préjudice financier subi par la banque s’élève à près d’un milliard de FCFA.


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Le Crédit communautaire d’Afrique, institution camerounaise de microfinance devenue CCA Bank en mai 2018, affiche pourtant une progression de ses dépôts de 20 % à fin mai 2019. L’information est révélée par le journal Défis Actuels, qui cite un communiqué officiel du nouveau-né des institutions bancaires au Cameroun.
Dans le détail, les dépôts de CCA Bank sont passés de plus de 174,3 milliards de FCFA en mai 2018, à 209,3 milliards de FCFA à fin mai 2019. La même évolution est observée sur les crédits. Ils progressent de 35 % sur la même période, passant de 79,5 à 107,3 milliards de FCFA.

Le silence de la Scb après des scandales à répétitions
La Société camerounaise de banque (Scb), filiale du Groupe marocain Attijariwafa Bank, est l’une de ses banques qu’aucun scandale n’arrache un mot, ou un simple de communiqué pour rassurer. Les exemples pour le démontrer foisonnent à profusion. En mars dernier, par exemple, EcoMatin, a révélé, de sources bien introduites, qu’une plainte a été déposée par Mohammed Mejbar, le directeur général marocain de cette institution financière à la Délégation régionale de la Police Judiciaire pour le littoral à Douala-Bonanjo. Et pour cause, l’institution a enregistré d’importantes pertes financières consécutives à des virements suspects dans certains comptes.


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Indexés, des cadres officiant à la direction informatique de la Scb, et placés depuis le 1er mars 2019 en détention provisoire à la Délégation régionale de la Police Judiciaire pour le Littoral. Tous relèvent de Douala où se trouve le siège de la banque, en attendant que l’enquête en cours dévoile d’autres suspects. A ce stade de l’affaire, au total cinq personnes ont été interpellées, dont 3 employés et deux opérateurs économiques locaux. Ces personnes, d’après nos enquêtes, ont récemment reçu dans leurs comptes, d’importantes sommes d’argent. Le montant total des fonds transférés de façon occulte est estimé à environ 2 milliards de F.CFA. Que se passe-t-il à la Scb ? Mystère et boule de gomme.


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Toujours au mois de mars, tout un directeur général adjoint de la banque a été mis en prison pour des affaires de détournement présumé de biens publics. Aucune communication là-dessus. Agé de 59 ans, Victor Emmanuel Menye, le directeur général adjoint (DG-A) de la Société commerciale de banque (Scb), est en détention provisoire depuis le 9 mars dernier. C’est dans le cadre de ce qu’il est convenu d’appeler « l’affaire Mebe Ngo’o ». En effet, le commissaire de police divisionnaire, Oko Petis, a signé le 5 mars 2019 dans la nuit, un bon de garde-à-vue aux noms des nommés : Edgard Alain Mebe Ngo’o, ancien ministre de la Défense ; Maxime Mbangué, ancien conseiller technique au ministère de la Défense ; Joël Mboutou, colonel de l’armée et ancien adjoint en chef du secrétaire militaire ; puis Victor Emmanuel Menyé, directeur général adjoint de SCB Cameroun, la filiale locale du groupe bancaire marocain, Attijariwafa Bank.


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M. Menye est considéré proche de M. Mebe Ngo’o. Il est même présenté comme son banquier. Le bon de garde-à-vue contre ces personnalités, précise le commissaire Oko Petis, est lié «aux instructions du parquet général du Tribunal criminel spécial (TCS) dans l’affaire ‘’situation de la société Magforce Cameroun’’». En effet, depuis fin janvier 2019, l’ancien ministre de la Défense et certains de ses anciens collaborateurs sont interdits de sortie du territoire camerounais et sont régulièrement auditionnés par les enquêteurs du Tribunal criminel spécial, juridiction d’exception mise en place pour traquer les prévaricateurs de la fortune publique.

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