Le gouvernement échoue à ramener la pauvreté de 40 à 28%
Cet objectif contenu dans le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi devait être atteint sur la période 2010-2020, mais le taux de pauvreté n’a reculé que de trois points.
Le gouvernement de la République s’était fixé l’objectif pour le moins gargantuesque de ramener le taux de pauvreté de 40% de la population camerounaise en 2010 à 28,7% en 2020. A la veille de cette échéance, les chiffres officiels disponibles rendent compte d’un échec cuisant de cet objectif contenu dans le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (Dsce) : 37% des habitants du Cameroun, soit plus de 8 millions de personnes, vivent toujours sous le seuil de pauvreté (avec moins de 1,90 dollars par jour, soit environ 1000 Fcfa), selon une étude publiée il y a deux ans par la coordination du système des Nations unies au Cameroun. La quatrième Enquête camerounaise auprès des ménages (Ecam 4) réalisée par l’Institut national de la statistique (Ins) et publiée il y a un an, elle, établit qu’entre 2001 et 2014, l’incidence de la pauvreté n’a reculé que de 2,7 points, passant de 40,2% à 37,5%. « Selon l’approche subjective, qui reflète la perception que chaque individu a de sa propre situation comparativement aux autres, 56,8% de chefs de ménage se considèrent pauvres ou très pauvres », relève l’enquête.
Laquelle ne manque pas d’attirer l’attention sur « l’aggravation des inégalités qui, en atténuant l’impact de la croissance économique, traduit les efforts à déployer pour que les mesures de réduction déjà engagées ou envisagées profitent prioritairement aux populations pauvres ou vulnérables». Globalement, le progrès social dans le pays est très peu perceptible. L’étude des Nations Unies citée supra indique que 40% de la population camerounaise n’a toujours pas accès aux soins de santé de qualité, et près de 60% éprouvent des difficultés à faire face aux dépenses de santé.
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En zone urbaine, moins de 60% de la population a accès à l’eau potable. La situation est plus dramatique dans l’arrière-pays. Selon l’Ong Africain Center for Advocacy (ACA), qui promeut l’égalité d’accès aux services de base pour tous en Afrique, 80% de la population n’a pas accès à l’eau potable dans les trois régions septentrionales du Cameroun. « 69% des ménages de Yaoundé subissent au moins quatre fois des coupures d’eau par mois. Ces coupures périodiques et chroniques poussent les ménages à s’alimenter en eau souterraine : les puits (35,9%), les sources non aménagées (5,6%) et les sources aménagées (46,6%) », relève l’Organisation non gouvernementale.
Autre domaine névralgique faiblement impacté au cours de la dernière décennie et en dépit de la mise en œuvre de nombreux projets structurants du gouvernement, c’est celui de l’emploi. Selon le Groupement inter patronal du Cameroun (Gicam), sur 10,3 millions d’actifs au Cameroun, seulement 9,5 % (plus d’un million de jeunes diplômés) sont employés dans le secteur formel, 3,7% dans le secteur formel privé et 25,8% dans le secteur formel public. L’une des raisons majeures de cette situation c’est que le gouvernement a fait appel en grande partie à l’expertise étrangère pour la réalisation de ses projets d’infrastructures, car ne disposant pas d’une main d’œuvre domestique suffisante.