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Opinions

Par Dieudonne Essomba
-CAMAIRCO N’EST PAS VIABLE !!!

La Camair-Co n’est pas viable ! Il n’existe aucune mesure humaine capable de la faire vivre !

Voilà ce que j’avais dit il y a plus de 25 ans, quand on m‘avait demandé de faire des propositions pour la redresser dans le cadre de la stratégie sectoriel du transport, alors que j’étais Charge d’Etudes au MINEPAT.

Il ne sert absolument à rien d’insister !

Les raisons sont très techniques. En fait, et contrairement à ce que croient l’homme de la rue et les prétentieux Economistes administratifs qui occupent les postes et ne connaissent rien, ce n’est pas la mauvaise gouvernance, ni les détournements massifs qui tuent la Camair-co : c’est son inadaptation structurelle par rapport à l’environnement macroéconomique du Cameroun.

Camair-co est une entreprise lourdement capitaliste et dont tout l’outil de production est importé et à un montant très élevé. C’est une source de dilapidation pure des devises.

En conséquence, elle est très sensible à la situation de la balance courante, autrement dit, au stock de devises disponibles capable de financer ses besoins. Dès lors que le pays n’arrive pas à accumuler ces devises, et sans un marché conséquent, l’entreprise est condamnée à mort. Rien ne peut plus la sauver !

C’est exactement comme on allait prendre un ours polaire et qu’on l‘installait au parc de WAZA au motif qu’il est carnivore comme les lions qui y vivent.

Cet ours va mourir, quel que soit ce qu’on fait, car inadapté au climat et à la chaleur tropicale!

On ne peut donc jamais redresser la Camair-co avec sa configuration actuelle. Pour comprendre ce qu’il faut faire, imaginons que nous sommes au Ghana qui utilise le Cédi inconvertible. Dans ces conditions, les importations au Ghana se font avec les devises acquises par la vente du cacao.

Si la compagnie aérienne ne circule qu’à l’intérieur du Ghana, elle ne travaille qu’en Cédi. Autrement dit, elle-même n’est pas capable de générer les devises qui doivent entretenir son outil de production. Ce sont les devises fournies par le cacao qui lui permettront d’acheter les pièces détachées. Dans ces conditions, sa situation financière n’est pas tributaire de son dynamisme propre, mais des cours du cours du cacao sur le marché mondial.

Dès lors que ces cours s’effondrent, la compagnie ne trouve plus de devises pour acheter les pièces détachées et elle s’écroule.

C’est exactement ce qui arrive à la Camair-co. Mais nous ne pouvons pas le voir tout simplement parce que notre monnaie est convertible, ce qui nous donne l’illusion que nous pouvons acheter au-delà de ce que nous vendons et maintenir CAMAIRCO à flot. C’est impossible, car dans ce monde méchant, il n’y a pas de parasites ! Vous importez l’équivalent de ce que vous avez importé, point final ! Personne n’est notre esclave pour nous donner ses biens sans payer !

La situation est même pire ! Dans la Zone Franc, les déficits courants se traduisent concrètement par la destruction physique de la monnaie centrale, c’est-à-dire, les billets et les pièces. Ce qui réduit considérablement la base monétaire, et par suite, la liquidité de l’Economie. Le petit marché local sur lequel pouvait compter Camair-co se restreint davantage et la compagnie est mise KO !

Ce qu’on fait dans ce cas, c’est de la refinancer en la transformant en un isolat économique. Cela signifie que si on lui achète quelques avions, l’entreprise doit elle-même travailler ses propres devises qui sont isolées des comptes de la Nation, de telle sorte que ces devises ne soient pas compromises par l’assèchement des réserves extérieures de la Nation. L’entreprise fonctionne alors comme une extraterritorialité qui peut maintenir ses stocks en devises même si la Nation est en faillite.

L’entreprise étant désormais préservée des contrefactuels macroéconomiques, sa survie devient alors un simple problème de gestion interne. C’est un peu comme si on avait créé à notre ours un microclimat froid à WAZA, totalement isolé de la chaleur de l’environnement, à l’intérieur duquel lui-même doit se battre pour sa survie.

Mais comme je faisais cette analyse, un Economiste Administratif se leva, écumant de rage : « Ce ouistiti d’Essomba se prend même pour qui ? Le Chef de l’Etat lui-même, son Excellence BIYA prescrit de hautes instructions pour redresser CAMAIRCO et au lieu de les appliquer, il ose nous faire des leçons d’Economie ? Il a étudié l’Economie plus que nous ? Quel individu misérable ! »

Nti Dieudonné ESSOMBA

 

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