La dégringolade économique de la Sodecoton inquiète les acteurs de la filière
Très dépendant des subventions de l’Etat et évoluant dans un secteur hautement concurrentiel, la Société de développement du coton (Sodecoton) veut éviter le pire et recherche 50 milliards FCFA pour l’extension de ses activités.
Le recul des performances de la Société de développement du coton (Sodecoton) a commencé ces dernières années et rien ne semble pouvoir l’arrêter. Tout le monde s’en inquiète. Les cabinets d’études. Les centres de recherches. Les bailleurs de fonds. Les industriels mais aussi les représentants du gouvernement. Ils se sont réunis récemment à Yaoundé au cours du troisième forum d’échanges d’experts sur la filière. Avec pour thème : « vers une stratégie intégrée de l’appui au secteur cotonnier camerounais ».
En effet, la filière souffre de plusieurs maux. Le ministère de l’Economie de la planification et de l’aménagement du territoire (Minepat), qui a pris part aux échanges, regrette les pertes post récoltes importantes dues notamment à la mouille du coton, à la dépréciation des stocks et à la mévente des produits. Bien plus, le Minepat dit être préoccupé par la vétusté des équipements de transports, de stockage et de transformation. Au Cameroun l’accès limité à l’énergie électrique plombe l’activité cotonnière.
Dans le souci de permettre le redressement de la filière coton, la Société a besoin d’un financement d’au moins 50 milliards de FCFA. Dans les détails, 15,5 milliards FCFA vont servir à réhabiliter et à augmenter les capacités des usines d’égrenages existantes. 9,5 milliards FCFA seront destinés à améliorer l’installation d’une 10ième usine d’égrenage de 45 000 tonnes. 4,5 milliards permettront de moderniser et augmenter les capacités des huileries existantes. 4 milliards FCFA contribueront à renforcer et à installer deux centrales solaires de 15 000 Kwc à Maroua et à Garoua. La société recherche enfin 20 milliards FCFA pour l’installation d’une troisième huilerie modulable 300tonnes/jours de graine de coton et 150 sojas. À ce jour, seulement 5 milliards FCFA sont en cours d’investissement pour rentabiliser et augmenter les capacités des usines d’engrenages existantes.
Par ailleurs, les perspectives de la Sodecoton s’annoncent avec beaucoup de défis. Selon les prévisions de l’Etat, la société a l’ambition d’atteindre une production 600 000 tonnes de coton par an dès 2025 alors que la production actuellement stagne autour de 300 000 tonnes depuis de nombreuses années. Pour atteindre ce gap, apprend-on, il faut penser par exemple à augmenter la surface cultivable en passante de 60 000 à 100 000 hectares. Ce qui nécessite aussi 23 000 producteurs sur les 300 actuellement autour de la Sodecoton. Le coton, fait vivre 25% de la population du Grand-Nord avec environ 300 000 producteurs encadrés et 2 millions de personnes dépendant de la chaine de valeur cotonnière. La filière contribue à près de 10% au PIB camerounais.