Assurance-crédit: les chantiers BTP du Cameroun exclus de la couverture Coface
D'après la Compagnie française d'assurance pour le commerce extérieur (Coface), les activités commerciales et économiques engagées par l'Etat et ses démembrements ne sont pas susceptibles d'être prises en charge, pour risque de couverture élevé. Installée au Cameroun depuis une décennie, la Coface, partenaire de la compagnie d'assurance Activa, dispose de plus de 500 clients dans son portefeuille risque, dont une dizaine de banques.
Après sa privatisation en 1994, la Coface (la Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur) est sortie de son rôle classique de financement et de refinancement des risques d’exportation des entreprises françaises. Depuis 2009, cet organisme accompagne également les entreprises africaines, dont celles du Cameroun, dans le financement des risques liés à leurs activités, soutient le commerce local et régional, et participe à quelques projets de développement. Les besoins en financements, de refinancements, préfinancements, d’assurances et de réassurances se font pourtant toujours ressentir avec acuité au Cameroun: les banques frileuses à accorder des crédits, les compagnies d’assurance hésitantes, l’Etat qui tarde à payer sa dette intérieure, la faible surface financière des entreprises locales, l’étroitesse du marché freinent sérieusement la compétitivité de l’économie camerounaise. « Assurer ses créances pour pérenniser son activité », c’est le thème très opportun abordé le 16 avril 2019 par la Coface, la compagnie d’assurance Activa, des experts financiers et plusieurs entreprises de la place afin d’apporter des solutions rapides et efficaces au problème de crédits-assurances.
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Sujet opportun car le « Guide Coface risques pays et sectoriels 2019« , analysant les risques et prévisions sur 161 pays de la planète et 13 secteurs stratégiques, présente un environnement peu propice aux affaires au Cameroun. Dans son évaluation risque, la Coface place le Cameroun parmi les pays dont le risque d’investissement est élevé: « les perspectives économiques sont très incertaines. Le contexte politique instable. L’environnement institutionnel et celui des affaires sont très difficiles. La probabilité moyenne de défaut des entreprises est très élevée« , indique le guide Coface. Dans son exposé, Carmine Mandola, le Coo Middle East and Africa de la Coface, confirme la position du Cameroun dans la catégorie C sur » la définition des évaluations pays ».
Dans le portefeuille de crédits fournisseurs de la Coface, figurent 10 banques locales dont les segments affacturage et escompte sont couverts
Pour ce qui est de « l’évaluation de l’environnement des affaires » Carmine Mandola soutient que « les bilans des entreprises sont souvent disponibles et peu fiables. Le recouvrement des créances est très aléatoire. Les institutions présentent d’insuffisances significatives. Le marché domestique est très difficilement accessible. L’environnement des affaires est très difficile« , conclut-il. Conséquences, le Cameroun est fiché D dans le guide Coface 2019. Comme exemple concret de cette mauvaise notation, les rapports méfiants entre la Coface et l’Etat du Cameroun et ses démembrements. Dans son exposé portant sur le thème « Coface, acteur global, expert de l’Afrique », l’italien exclut le secteur des Bâtiments et travaux publics (Btp) dans le portefeuille d’accompagnement risque Coface. Au moment où le Cameroun est engagé dans d’importants chantiers d’envergure.
Bilan des incertitudes
Après dix ans d’existence au Cameroun, la Coface enregistre pourtant quelques avancées. D’après Fabienne Yomsi, la Commercial manager West and Central Africa de la Coface, « la Coface prend des risques sur 500 contreparties au Cameroun ». Dans le portefeuille de crédits fournisseurs de la Coface, figurent 10 banques locales dont les segments affacturage et escompte sont couverts. Dans un exposé sur le thème « Assurer ses créances pour pérenniser son activité », Fabienne Yomsi présente les avantages de l’assurance-crédit: « elle permet à l’entreprise de protéger, moyennant le paiement d’une prime, ses créances commerciales réalisées à crédit, contre le risque de non-paiement de ses clients ». Ainsi, en cas de sinistre, poursuit-elle, » l’assureur-crédit reverse à l’assuré une indemnité égale à 90% du montant garanti « .
Les petites et moyennes entreprises bénéficieront ainsi de solutions faciles d’accompagnement dans le financement (affacturage, escompte commercial), les grands groupes, des solutions de gestion des risques « sur mesure » dans leur recherche de débouchés internationaux, et les institutions financières bénéficieront grâce à l’accompagnement de la Coface, « d’une bonne connaissance de leurs débiteurs, d’une capacité de garantie chez les acheteurs spécifiques, d’un allègement du capital et d’un partage des risques« . La Coface propose in fine à ses partenaires et potentiels partenaires, d’après Fabien Yomsi, « une anticipation des changements dans l’environnement commercial de l’entreprise, la prise de bonnes décisions commerciales, la gestion efficace du portefeuille des débiteurs« , ou en » une protection des bilans des incertitudes économiques « .
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La Coface est détenue à 42% par Natexis, et 58% côtés en bourse. C’est également 540 millions d’Euros de couverture dans le monde, 50.000 clients dans le monde, une présence dans 100 pays, et 4800 employés issus de 77 nationalités.