Eneo menace de suspendre l’énergie à la Communauté urbaine de Douala
L'entreprise de production et commercialisation de l'énergie électrique réclame à cette collectivité territoriale décentralisée plus d'un milliard de FCFA au 31 décembre 2018. Elle envisage une interruption de son service au sein de cette institution dont le budget prévisionnel 2019 est de près de 50 milliards de FCFA.
Le sujet a été abondamment débattu par les grands conseillers de la Communauté urbaine
de Douala. A l’occasion de l’adoption du compte administratif, exercice 2018 de cette
institution, le 29 mars 2019. Celui de la gestion du portefeuille débiteur de la Communauté
urbaine de Douala à l’endroit de ses partenaires multilatéraux particuliers ou institutionnels.
Parmi les plus préoccupants, figurent les comptes de gestion Cud-Eneo et Cud-Camtel
(Cameroon telecommunications).
Dans un speech fort évocateur, Fritz Ntone Ntone, le délégué du gouvernement auprès de la
Communauté urbaine de Douala a évalué la dette due à Eneo, entreprise de production et
de commercialisation de l’énergie électrique au Cameroun, à près d’un milliard de FCFA au
31 décembre 2018! L’entreprise publique menace d’ailleurs d’interrompre son service au
profit de la Cud. Stupéfaction dans la salle de conseil. Les grands conseillers prennent la
menace au sérieux au point de susciter de vives réactions. Jean Jacques Lengue Malapa, le
maire de Douala 1er trouve « inadmissible » l’attitude des dirigeants d’Eneo: « la Communauté
urbaine de Douala reste une grande institution malgré les tensions de trésorerie qui parfois
lui sont exogènes. Vouloir lui couper le courant est intolérable. Eneo et la Cud sont deux
démembrements de l’Etat« , dira-t-il.
Jean Jacques Lengue Malapa propose tout simplement d’opposer aux concessionnaires
Eneo, Camwater et Camtel, leurs dettes envers la Communauté urbaine de Douala. Ce, en
vertu d’une Convention conjointe signée en de 2016. Convention portant sur la prise en
charge financière des dégradations portées aux infrastructures et mobiliers urbains à
l’occasion des travaux effectués dans la ville de Douala par ces entreprises: « si nous devons
payer nos dettes, ces entreprises doivent également régulariser les leurs « , a insisté Jean
Jacques Lengue Malapa. Réaction immédiate de Fritz Ntone Ntone : » cette situation
préoccupe l’exécutif communautaire. Nous envisageons trouver au plus vite une solution afin
de lever cette menace qui pèse sur notre institution « . Aucun chiffre sur les créances de la Communauté urbaine de Douala envers Eneo, Camwater ou Camtel n’aura filtré, séance tenante. Mais d’après Jean Jacques Lengue Malapa, « leur règlement permettra de réduire substantiellement la dette de la Cud« .
Malgré ces propositions, Charles Etoundi, grand conseiller et président de la Commission
des finances du Conseil de communauté, reconnait néanmoins que « la signature et la
crédibilité de la Communauté urbaine de Douala se sont fortement dégradées du fait de sa
lourde dette« . Au final, une rencontre d’urgence de haut niveau entre l’exécutif
communautaire et les dirigeants d’Eneo s’est tenue le lundi 1er avril 2019, avec comme
principal point inscrit à l’ordre du jour, l’évaluation de la situation des portefeuilles débiteurs
des deux institutions, ainsi que l’examen des voies et moyens pour une compensation de
dette, suivie de leur règlement concerté.