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Opinions

Par Viviane Ondoua Biwole
-Emergence et qualité des institutions

Viviane Ondoua BiwoleL’émergence est un objectif visé par plusieurs pays d’Afrique subsaharienne. Le Cameroun l’envisage en 2035, le Gabon et le Congo en 2025. Défini comme un pays présentant de fortes potentialités dans la mesure où la croissance est convenable et équitablement répartie, un pays émergent se caractérise par de faibles inégalités de revenus entre les individus. Il charrie donc beaucoup d’espoirs. Ce qui justifie la convoitise de ce concept le plus souvent exprimée en indicateurs macroéconomiques. Ces indicateurs sont en réalité le résultat d’agrégats microéconomiques dont les leviers renvoient entre autres à la qualité des institutions. A ceux qui focalisent le modèle d’émergence sur les indicateurs macroéconomiques, je réponds que cette émergence n’est pas possible avec la faible qualité des institutions. La gouvernance doit être au cœur de nos préoccupations. Celle-ci est analysée ici dans sa relation entre les politiques publiques et les inégalités de revenus.

Bien que le lien entre politiques publiques (dont le succès est censé conduire à l’émergence) et inégalités de revenu aboutissent à des résultats contrastés, il est évident que la qualité des institutions n’est pas neutre sur les inégalités de revenu et l’accroissement de la pauvreté. Prenant l’exemple sur les politiques de la santé, l’éducation et la fiscalité, deux résultats majeurs se dégagent. Le premier résultat s’inspire de la Conventional wisdom. Il démontre particulièrement que le ciblage des politiques publiques vers les populations défavorisées a un effet redistributif permettant de réduire les inégalités. Le second résultat démontre que les politiques publiques ont des effets limités voire neutres sur la réduction des inégalités de revenu. Quoi qu’’il en soit, il apparaît que ces résultats dépendent de la qualité des institutions. On aurait donc une relation : Politique publique ⇒ qualité des institutions ⇒ réduction des inégalités de revenu

En effet, suivant les travaux empiriques de Rodrik et al. (2004), l’efficacité de toute politique publique est conditionnée par la bonne qualité des institutions. Gupta et al. (1998) ont démontré que la mauvaise qualité des institutions incite à la mise en place des politiques qui faussent la distribution des revenus conformément aux objectifs initiaux. De même, une meilleure qualité institutionnelle améliore la transparence, la responsabilisation et la responsabilité des décideurs, ce qui conduit à des politiques publiques plus délibérées, efficaces et moins onéreuses. On pourrait alors conclure qu’une mauvaise qualité des institutions est la caractéristique évidente des pays qui affichent des niveaux d’inégalités élevés. En revanche, les pays qui affichent une bonne qualité institutionnelle, enregistrent des faibles niveaux d’inégalités de revenu.

La question de la qualité des institutions camerounaises est donc digne d’intérêt. La démarche préconisée s’inscrit dans une double logique. La première est une analyse empirique du fonctionnement des institutions camerounaises. La deuxième vise à évaluer la capacité du cadre institutionnel à assurer l’efficacité des institutions. Ainsi, bien que restrictif, le nouveau dispositif institutionnel du secteur public mérite une attention particulière. Ce dispositif est consacré par les lois de 2017 sur le fonctionnement des entreprises et établissements publics, les décrets sur la maturation des projets, le nouveau code des marchés, le code de transparence et de bonne gouvernance qui prétendent garantir la performance des entreprises et établissements publics. Il apparaît malheureusement que ce dispositif présente des failles qui sont autant de zones d’incertitudes sources d’inefficacité. Quelques questions sont alors envisageables : ce nouveau contexte améliore-t-il la qualité du travail des conseils d’Administration des entreprises et établissements publics ? Garantit-il une meilleure reddition des comptes ou une plus grande transparence ? Quels sont les outils déployés pour s’assurer de l’appropriation des lois et décrets ? Comment évalue-t-on les gestionnaires publics ? Comment sont assumées les fonctions de gestion et quelle idéologie managériale guide la prise de décision ? De toutes les questions qu’on peut se poser la plus importante pour moi (car elle engage les générations actuelles et futures), est de savoir si ce dispositif permet de faire face à l’économie changeante, à la complexité sans cesse croissante de l’environnement ? Permet-il de gérer les entreprises en contexte de crise sécuritaire et économique ?

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