Poisson et riz: comment les prix ont augmenté en catimini
Les coûts de ces deux produits de grande consommation ont flambé depuis environ deux ans pour le premier, et au lendemain de la présidentielle 2018 pour le deuxième.
Jusqu’à ce matin, le sac de 25 kilogrammes de riz de moyenne gamme coûte entre 10500 et 11000 Fcfa sur le marché de Yaoundé, contre 9500 Fcfa il y a environ six mois. Celui de 50 kilogrammes s’arrache entre 20.000 et 21.000 Fcfa, contre 18500 et 19000 Fcfa il n’y a pas longtemps. Cette situation qui ne semble guère préoccuper les autorités de la République dure depuis l’élection présidentielle du 07 octobre 2018 pour ce qui est du riz, relève des spéculations des commerçants véreux (gros et détaillants), qui ont profité du spectre d’une crise post-électorale au Cameroun. Quant au poisson, la hausse du prix est effective – mais non officielle – depuis au moins trois ans. C’est-à-dire, avant même la réintroduction, dans la loi de finances de 2017, des dispositions telles que le droit de douane de 5% à l’importation du poisson congelé, ou encore la taxe communautaire d’intégration, qui est de 0,6%. De 1250 Fcfa en décembre 2015, le kilogramme de maquereau qui demeure le poisson le plus prisé des ménages camerounais, est passé à 1400 Fcfa. Or, cette année-là, Congelcam, arguant une pénurie, avait déjà opéré une importante majoration aussi bien sur le prix du kilogramme que sur celui du carton. Contrairement à la hausse du prix de la bière qui a provoqué une levée de boucliers, les augmentations des prix du poisson et du riz, qui demeurent les produits les plus consommés au Cameroun, se sont faites en catimini. Or, elles sont plus élevées.
Le marché des denrées de grande consommation souffre aujourd’hui d’un manque de régulation. Le ministère du Commerce, lui, semble avoir axé son action surveillance du marché uniquement sur les grandes surfaces. Les ménages pauvres, qui ne s’approvisionnent pas dans ces espaces, sont comme laissés à la merci de commerçants véreux qui en ont fait de véritables vaches à lait. Or, c’est ce département ministériel qui élabore la règlementation en matière de prix et assure le suivi de leur application, autant qu’il est censé assurer la régulation des approvisionnements des produits de grande consommation.
Globalement, l’on assiste à une surchauffe sur le marché des denrées alimentaires de grande consommation, et le gouvernement semble dans l’incapacité de maîtriser la spéculation sauvage. Et si rien n’est fait pour endiguer le phénomène la situation pourrait devenir asphyxiante pour les ménages les plus pauvres.