Route Batchenga-Tibati-Lena: des doutes sur la livraison à date du projet
Au regard des retards constatés dans l’exécution des travaux, il est fort plausible que ce chantier commencé le 22 juin 2017 ne soit pas livré en juin 2020, date prévue pour sa livraison.
La route Batchenga-Tibati-Lena pourrait ne pas être livrée à temps. L’état d’avancement de ses travaux est fort inquiétant. Démarrés le 22 juin 2017, les travaux sur certains lots sont à moins de 10% de taux de réalisation. Le constat a été fait la semaine dernière lors de la visite sur ce chantier du ministre des Travaux publics, Emmanuel Nganou Djoumessi. Toute chose qui jette un sérieux doute sur la livraison à date, notamment en juin 2020, de cette infrastructure routière longue de 380,1 km. Et, c’est l’entreprise Elevolution à qui a été confiée l’exécution des travaux sur deux lots, qui est pointée du doigt comme étant à l’origine des retards constatés dans la réalisation des travaux sur ce chantier. En réaction, le Mintp a prescrit à cette entreprise de se concentrer sur le lot 3 reliant Mankim et Yoko. « Une entreprise performante va se déployer sur le terrain, pour que la route soit livrée en 2020 », a tranché Emmanuel Nganou Djoumessi. Il ressort en effet des constats effectués sur le terrain par les éléments du ministère des Travaux publics, que l’entreprise est très peu mobilisée, les bases vie ont à peine commencé à être construites. Plusieurs sous-traitants ont été mobilisés par l’entreprise, et qui se focalisent actuellement sur les travaux de terrassement, témoignent-ils.
Sur le lot 3 entre Mankin et Yoko, d’un linéaire de 82,10 km, également attribué à Elevolution, c’est le même constat sur le niveau d’avancement jugé alarmant. Le taux d’exécution affiche seulement 8% pour une consommation de délai de 56% et une exécution financière de 27,07%
Même constat sur le lot 2, Ntui-Yoko, où l’entreprise Elevolution est aussi installée. Au regard des retards relevés et du chronogramme d’exécution des travaux, une mesure conservatoire consistant pour l’entreprise à faire parvenir son projet d’exécution dans les délais prescrits et qui permettra un nouveau redéploiement de l’entreprise, a été prise. Passés ces délais et si le même rythme persiste, Elevolution sera également dessaisie de ce projet. L’état d’avancement des travaux réalisés sur ce lot affiche 4,56%, soit 16,67% pour l’installation de chantier ; des travaux préparatoires à 22,38% ; des travaux de terrassement à 0,20% ; et la gestion sociale et environnementale pour 25,48%. Alors que l’état d’exécution affiche une consommation de délai à 56% ; l’exécution physique étant à 6,5% ; alors que l’exécution financière, y compris 20% d’avance de démarrage, portée à 23,57%. Par ailleurs, les travaux d’aménagement de la voirie de Yoko, confiés de manière contractuelle à la même entreprise Elevolution, lui ont été retirés. Ces travaux seront désormais exécutés par Sinohydro.
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Sur le lot 3 entre Mankin et Yoko, d’un linéaire de 82,10 km, également attribué à Elevolution, c’est le même constat sur le niveau d’avancement jugé alarmant. Le taux d’exécution affiche seulement 8% pour une consommation de délai de 56% et une exécution financière de 27,07%. Les travaux ici consistent en la construction d’une chaussée de 7 m de large et des accotements de 1,5 m de part et d’autre. Tout comme l’aménagement des voiries sur 9 km dans la ville de Yoko. « Il est attendu de l’entreprise qu’elle mette à disposition, les projets d’exécution des travaux, qu’elle mobilise davantage de matériels et de personnels et que les locaux de base vie soient achevés », a précisé le Mintp. Néanmoins, sur le Lot 4, Yoko-Lena, long de 45 km, l’entreprise Sinohydro précise qu’elle achèvera les travaux le 08 août 2019. Et sur les lots 5 et 6 qui vont de Léna à Tibati, l’entreprise Sogea Satom évolue bien sur le terrain, avec une mobilisation de 250 engins sur un linéaire de 135 km, informe-t-on. Les travaux démarrés le 22 juin 2017, d’un coût de 38 695 422 052 FCFA, soit 46 144 290 797 FCFA TTC, devaient être livrés le 22 juin 2020.
Un maillon important du corridor Douala-N’Djamena
C’est donc une route d’une importance stratégique majeure qui prend du plomb dans l’aile dans sa réalisation. La route Batchenga-Tibati-Lena devrait contribuer à l’atteinte des objectifs de croissance contenus dans le Document stratégique de Réduction de la Pauvreté pays (DSRP) des pays de la Communauté Economique de l’Afrique Centrale (CEMAC). Ce, en améliorant la facilitation du transport et du transit des personnes et des biens dans la sous-région. Cette route permettra d’accroître l’intégration régionale des états membres de la CEMAC, en améliorant les infrastructures routières. Ce projet, précise-t-on, contribuera à l’augmentation des échanges commerciaux à l’intérieur de la sous-région et entre la sous -région et le reste du monde. L’aménagement de la route Batchenga-Ntui-Yoko-Lena contribuera également à l’amélioration des conditions de vie des populations de la zone d’influence du projet. Au plan institutionnel du secteur des transports, cette route est en cohérence avec la vision 2035 qui vise élaboration d’un programme prioritaire de développement des infrastructures de transport au Cameroun.
Plusieurs aménagements connexes sont aussi prévus dans ce projet, à l’instar de la construction et de la réhabilitation des infrastructures socioéconomiques, l’appui aux activités spécifiques et entrepreneuriales des femmes, l’appui au développement urbain, à la réorganisation et au renforcement des capacités institutionnelles techniques des services municipaux. En effet, depuis le début des années 1990, la politique du gouvernement en matière de transport, informe-t-on, vise à éliminer progressivement les rigidités et dysfonctionnements du secteur dont les effets néfastes augmentent les coûts de transport. C’est dans cette optique et dans le cadre de sa stratégie de renforcement de l’intégration sous régionale et d’équilibre intra-régions, que le gouvernement a entrepris l’aménagement de la route Batchenga-Ntui-Yoko-Lena qui constitue un des maillons essentiels des voies d’intégration entre le Cameroun et le Tchad avec l’appui de ses partenaires au développement.
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Pour soutenir le Cameroun dans l’aménagement de cette route longue de 245,2 km avec environ 120 km de pistes rurales, cinq bailleurs de fonds apportent leurs concours financiers, il s’agit de la Banque africaine de développement (Bad) comme chef de file avec 40,87% des financements ; du Fonds africain de développement (Fad) 3,74%; de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BDEAC) 16,18% ; de l’Agence française de développement (AFD) 17,36% et de la Japan International Coopération Agency (JICA) avec 10,59%.