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Opinions

Journée internationale de la femme: ce que coûte le 08 mars à l’Etat

La célébration de la traditionnelle fête internationale de la femme au Cameroun coûte des dizaines de millions de Fcfa des caisses de l’Etat, notamment à travers l’organisation de plusieurs activités et l’achat des pagnes distribués à titre gratuit aux femmes des administrations des services centraux des ministères.

La journée internationale de la femme au Cameroun est synonyme de pagne, défilé, repas copieux et autres festivités. Cette année, plus de 50 000 femmes ont pris part au défilé vendredi dernier au Boulevard du 20 mai à Yaoundé, dans la cité capitale, selon les chiffres du ministère de la Promotion de la femme et de la famille. Toutes vêtues du pagne mis à disposition à cet effet, les femmes venues de diverses horizons et couches sociales, après le défilé, sont passées au coin du gastronome. À l’esplanade de l’immeuble Etoile et à la Société de presse et d’édition du Cameroun (Sopecam) où nous avons effectué des tours, l’ambiance est la même. Plusieurs tables sont dressées. Des mets traditionnels aux mets occidentaux, différents repas et boissons ont été préparés et dégustés par l’ensemble des personnels. Autant d’éléments pour le grand bonheur des femmes qui sont à l’honneur, mais qui engendrent par ailleurs des dépenses parfois exorbitantes et dont l’Etat n’en tient visiblement pas compte lorsqu’il entend réduire, voire réorienter ses dépenses vers des secteurs générateurs de revenus afin de mieux atteindre ses objectifs de développement.

l’on apprend que le budget mis à disposition pour l’organisation de cet événement par ministère tourne autour de 10 millions de francs, en baisse par rapport aux 15 millions de l’année dernière. Si l’on multiplie ce budget minimal par soixante-dix (70) qui représente le nombre de ministères et assimilés, l’on obtient un résultat d’à peu près 600 millions de FCFA

En effet, on les estime à plus d’un demi-milliard, les dépenses liées à l’organisation de cet événement cette année. Ce résultat est obtenu lorsqu’on fait par exemple des simples calculs. Notamment, l’addition des sommes déboursées pour l’achat des pagnes qui ont été distribués gratuitement aux femmes des administrations, notamment en grande partie des services centraux des ministères et autres administrations publiques, pour l’organisation de près de cinquante (50) activités organisées en prélude à cette journée (tables rondes, séminaires de formation, causeries éducatives, activités et rencontres sportives, visites humanitaires, examens médicaux à coûts réduits dont une partie est prise en charge par l’organisateur, soirée culturelles, excursions, pour ne citer que ceux-là), et pour les agapes.

De sources bien averties dans certains ministères, l’on apprend que le budget mis à disposition pour l’organisation de cet événement par ministère tourne autour de 10 millions de francs, en baisse par rapport aux 15 millions de l’année dernière. Si l’on multiplie ce budget minimal par soixante-dix (70) qui représente le nombre de ministères et assimilés, l’on obtient un résultat d’à peu près 600 millions de FCFA cette année et plus d’1 milliard pour l’année dernière. Par ailleurs, du décompte effectué par Nicolas Njoh, directeur commercial et marketing de la Cotonnière industrielle du Cameroun, (CICAM), la production du pagne de la journée internationale de la femme a atteint 5 millions de mètres, soit plus de 833 mille tissus de 6 yards chacun, pour un revenu de 5,4 milliards de FCFA au 05 mars 2019 ; avec l’Etat comme le plus gros acheteur. Des dépenses qui certes sont importantes en ce sens qu’elles contribuent à l’épanouissement des femmes et à la survie de la CICAM qui, en ce moment est victime d’une concurrence déloyale du tissu asiatique, mais qui en même temps doivent faire l’objet d’une remise en question quant à leur importance par rapport à la réalisation de certains projets qui sont à l’arrêt ou presque, à cause du manque de financement.

Lire aussi : Entrepreneuriat : Le «Made in Cameroon» au féminin se dévoile à Douala

 Les agapes, malgré la crise

Le Cameroun est engagé sur plusieurs fronts, la lutte contre la secte islamique dans l’Extrême-Nord, la crise en Centrafrique dont les effets sont ressentis à l’Est, et la crise anglophone dont les dépenses militaires ne cessent de crever le budget. C’est dire que le pays a mieux à faire de distraire les fonds dans le divertissement et les fêtes telles que le 8-Mars dont les célébrations gagnent en ampleur au fur et à mesure que les années passent. Impossible de rester indifférent au regard de la prolifération de l’accessoire, alors que le niveau d’endettement du Cameroun ne fait que croître, atteignant des proportions inquiétantes.

Le dernier en date, c’est la mobilisation d’une enveloppe de 50 milliards de FCFA sur le marché des titres de la Banque des Etats de l’Afrique centrale, à travers une émission de Bons du trésor assimilables (BTA) à 26 semaines, selon le communiqué officiel. Une opération qualifiée de grande prouesse réalisée sur ce marché depuis son lancement en décembre 2011. Les autorités camerounaises avaient pourtant en 2018 réitéré leur engagement à respecter la limite d’endettement non concessionnel. Les services du FMI relevaient en effet l’an dernier, que le stock de la dette publique du pays a augmenté de 5% du PIB depuis 2016. Dans le scénario du programme économique avec le FMI en exécution depuis juin 2017, la « dette publique du Cameroun culminerait à 38,7% du PIB en 2018, avant de diminuer progressivement jusqu’à environ 33,6% du PIB d’ici à 2023 », selon le Rapport.

Si les dépenses liées au fonctionnement d’où se retrouvent notamment les lignes destinées à financer les agapes coulent à flot, le budget d’investissement public, lui, est quelque peu grippé. L’exécution des projets financés par les ressources internes (crédits à gestion centrale et crédits délégués) s’est inscrite en effet à la baisse de l’ordre de 15,11 points au 1er semestre 2018, selon un Rapport du ministère en charge de l’Economie. Globalement, l’exécution du BIP qui représentait 28,6% du budget de l’Etat au titre de l’exercice 2018, présente un taux d’engagement de ressources de 58,69%, un taux de liquidation des ressources de 54,55%, et un taux d’exécution physique des projets de 52,31%, contre respectivement 69,86%, 66,90%, et 52,83% à la même période de l’exercice 2017.

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