Franc CFA : position controversée du Président de la Cemac
Daniel Ona Ondo envisage ouvertement l'organisation d'un colloque international sur l'avenir de cette monnaie de plus en plus contestée et regroupant 14 Etats d'Afrique centrale et de l'Ouest. Sa position tranche net avec l'attitude de la majorité Chefs d'Etat d'Afrique centrale qui évoquent à peine le sujet.
Le Franc CFA suscite en effet un vif débat. Après le Président ivoirien Alassane Dramane Ouattara, Kako Nubupko, économiste et ancien Ministre togolais, a affirmé à son tour de façon claire que « le Franc CFA est une monnaie néocoloniale, économiquement inefficace, politiquement illégitime, socialement inéquitable et historiquement indigne« . Rejoignant la position de Luigi Di Maio, le vice-Président du Conseil italien, pour qui « l’Union Européenne devrait imposer des sanctions à la France et à tous les pays comme la France qui appauvrissent et obligent les Africains à partir, parce que les Africains devraient être en Afrique et non au fond de la méditerranée« . Kako Nubupko envisage même aller plus loin: proposer la suppression du Franc CFA et organiser des états généraux de cette monnaie. Quasiment dans la même veine que Daniel Ona Ondo, le Président de la Commission de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (Cemac).
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Invité à participer à une table ronde de haut niveau, ce 14 février 2019, au siège de la Banque de France à Paris, le gabonais est lui aussi favorable à l’organisation « d’un débat franc, sincère et passionné entre les partenaires que sont la Banque de France, le Fmi et la banque mondiale sur la politique monétaire entre la France et les Etats-membres de la Zone Cemac« . Un débat sous la forme d’un colloque international. Daniel Ona Ondo se fonde sur la volonté des Chefs d’Etat de la sous-Région Afrique centrale exprimée à Yaoundé en Décembre 2014, en faveur d’un ajustement réel par la voie budgétaire, au contraire d’un ajustement monétaire susceptible de provoquer une dévaluation. « A un moment, il faut s’asseoir pour parler du Fcfa et de son évolution. Si nous ne le faisons pas, nous risquons d’être confrontés au populisme et aux controverses des acteurs de toute sorte ». Le Président de la Commission de la Cemac prend ainsi position contre la volonté de la majorité des Chefs d’Etats d’Afrique centrale, très frileux sur la question. « On ne peut plus faire l’économie du débat sur le Franc CFA« , persiste et signe Daniel Ona Ondo.
Daniel Ona Ondo : « Je dois anticiper…. »
Moi je suis représentant des Chefs de l’Etat qui m’ont délégués une partie de leur souveraineté. Je dois leur amener une réflexion d’intellectuel sur le Franc CFA. Quelles sont les avantages, les inconvénients? Le compte des opérations est-il bon ou mauvais pour les Chefs d’État d’Afrique centrale? Est-ce que le FCFA doit-il flotter? Les Chef d’Etat doivent le savoir. Mon rôle c’est de faire des anticipations rationnelles sur la base de tout ce qui se dit sur ce sujet. Il faut voir comment il faut relancer la machine. Entend qu’africain, c’est à nous et à nous seuls de savoir si le Franc CFA est bon pour nous. En matière d’avantages, le Gouverneur de la Banque centrale ce n’est pas un français. C’est un tchadien. Avant c’était un un equato-guinéen, puis un gabonais. La Banque centrale est l’organe faîtière qui contrôle la création monétaire. Elle est la Banque des banques, la Banque des nations et la banque des Etats. Pour relancer la machine en zone Franc, si on estime à tort ou à raison qu’il faut sortir du FCFA, il faut sortir du FCFA ou d’arrêter la relation monétaire avec la France, ça devrait se faire en route souveraineté et en toute conscientisation. Il ne faut pas qu’on le fasse par un coup de tête.