Industrie agro-alimentaire: de la farine locale pour réduire les importations
C’est une recommandation des experts au terme d’une réunion tenue ce 20 février au ministère du Commerce sur la réduction des dépenses liées à l’importation de ce produit, tout en répondant à sa croissante demande interne.
Le gouvernement camerounais songe à imposer l’utilisation de la farine locale dans la fabrication du pain et autres dérivés sur l’étendue du territoire national. L’intention a été dévoilée à l’issue d’un atelier présidé par le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, sur l’incorporation de la farine locale, c’est-à-dire provenant de la patate, du manioc, maïs, plantain et de l’igname produits localement, dans les habitudes alimentaires des populations, en collaboration avec des responsables de son ministère, de boulangeries et autres industries agro-alimentaires, des spécialistes nutritionnistes et des spécialistes en contrôle de qualité. L’objectif étant de réduire les importations du blé et ses dérivés, produits alimentaires de grande consommation, ayant un impact sur le déficit de la balance commerciale.
avec un poids moyen de 22% dans le total des importations des produits alimentaires en 2017, la farine de blé et ses dérivés occupent la 3ème place au rang des importations
En effet, avec un poids moyen de 22% dans le total des importations des produits alimentaires en 2017, la farine de blé et ses dérivés occupent la 3ème place au rang des importations (après le riz et le poisson), et sont parmi les denrées les plus consommées au Cameroun, selon des données publiées par l’Institut national de la statistique (INS). Selon cette administration, le Cameroun a importé plus de 600 000 tonnes de farine de blé en 2017, pour un coût de 103, 7 milliards de FCFA sur la balance commerciale.
Avec une demande en hausse en raison de la croissance démographique, couplée à une balance commerciale toujours déficitaire, le gouvernement, à travers ce projet, semble vouloir anticiper sur une immersion totale du pays sous le coût des importations : « Nous ne pouvons pas vivre en autarcie. Mais sachons que la majorité des ingrédients doivent être pris localement. Nous pouvons fabriquer du pain au Cameroun à base de farine locale. Il est temps de sortir de cette dépendance alimentaire », a martelé le ministre au cours des échanges. Un avis partagé par les responsables conviés, mais qui nécessite toutefois une main plus présente des pouvoirs publics à plusieurs niveaux.
De l’avis de certains responsables de boulangeries et pâtisseries, plusieurs mesures sont nécessaires pour mener à bien les objectifs fixés. Entre autres, une garantie de la disponibilité de la farine locale panifiable en quantité et en qualité régulière sur le marché, qui selon eux, est un véritable problème jusqu’ici : « On a souvent eu besoin de 100 sacs de farine locale, mais c’est à peine si on vous donne 10 sacs », témoigne le directeur général d’une boulangerie de la place. Une mesure qui implique donc l’accompagnement financier et matériel des acteurs de la chaîne aussi bien au niveau de la production que la transformation de ces matières premières selon Jacquis Kemleu, représentant du Centre technique agro-alimentaire. Les boulangers souhaitent aussi, la mise en œuvre des « mesures administratives fortes comme dans d’autres pays », pour ainsi dire une législation qui oblige l’incorporation de la farine locale dans toutes les structures qui font usage de la farine de blé au Cameroun.
Autant de recommandations que le Mincommerce a dit avoir pris en compte au terme des échanges. Dans les prochains jours, un examen des capacités et un état des lieux actuels du pays en termes de production de farine locale panifiable seront établis et des délais seront fixés pour le lancement officiel de l’incorporation obligatoire de cette farine locale panifiée dans la fabrication du pain et autres produits dérivés au Cameroun, a-t-il rassuré.