Yaoundé : Où est passé le projet d’aménagement du lac municipal ?
Le démarrage des travaux de la première phase, annoncé pour le premier semestre 2017, avait été ajourné sine die, du fait des modifications de la consistance des travaux instruites par le Secrétaire général de la présidence de la République.
S’exprimant sur le retard observé dans le démarrage des travaux du projet d’aménagement du lac municipal de Yaoundé dont les financements sont disponibles depuis septembre 2016, Arnauld Philippe Ndzana, conseiller technique N˚ 1 à la communauté urbaine de Yaoundé, confiait au confrère de Mutations, en avril 2018, que le Secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, en sa qualité de président du comité de pilotage de ce projet, avait instruit des modifications au niveau de la consistance des travaux. Sans s’étaler sur lesdites modifications, il précisera que, « lorsqu’il y a modifications dans la consistance des travaux, il faut que la banque qui finance valide ces modifications. C’est à ce stade que nous en sommes ». Près d’un an après, c’est le black-out total sur les suites données à ces modifications par la filiale anglaise de la Deutsche Bank, qui s’était engagée, en septembre 2016, à financer ce projet à travers un prêt d’un montant global de 32,5 milliards Fcfa, dont la contrepartie de l’Etat du Cameroun qui est de 7,5 milliards Fcfa. L’ex-ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire, Louis Paul Motaze, avait en effet négocié et obtenu un crédit-acheteur auprès de ce partenaire financier pour financer cette contrepartie.
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Le projet de valorisation touristique et économique du lac municipal et d’aménagement de la vallée de la Mingoa, située en contre-bas de ce lac, porte sur la dépollution et l’assainissement des eaux du lac pour y installer des équipements de sport nautique, l’aménagement de ses berges et la construction sur ses abords d’un hôtel cinq étoiles et des restaurants de classe internationale, d’un centre de remise en forme, de boutiques, ainsi qu’un espace de détente et de loisirs. Le démarrage de la première phase des travaux, annoncée pour le premier semestre 2017 par l’ex-ministre de l’Habitat et du Développement urbain (Minhdu), Jean Claude Mbwentchou, avait connu un début d’effectivité avec la destruction d’un certain nombre d’administrations publiques qui se trouvaient sur le site du projet. Le 28 novembre 2018, le président de la République, Paul Biya, avait créé un comité de pilotage du projet qui comprend, outre ceux de la présidence de la République et des services du Premier ministre, des représentants de la communauté urbaine de Yaoundé, du Minhdu, du ministère du Tourisme et des Loisirs, etc.
Courant 2013, une première convention de financement du projet d’aménagement économique et touristique du lac municipal de Yaoundé avait été signée entre le gouvernement camerounais et l’espagnole Caixa Bank. Ce partenaire financier s’était ensuite désisté sans raison officielle
2000 emplois directs attendus
Courant 2013, une première convention de financement du projet d’aménagement économique et touristique du lac municipal de Yaoundé avait été signée entre le gouvernement camerounais et l’espagnole Caixa Bank. Ce partenaire financier s’était ensuite désisté sans raison officielle. Au-delà de l’embellissement du paysage urbain et de l’augmentation de la capacité d’accueil des établissements hôteliers de la capitale, – une aubaine pour le Cameroun qui accueille la Coupe d’Afrique des nations (Can) 2021 -, ce projet est censé créer pas moins de 2000 emplois directs et des milliers d’autres indirects, selon le gouvernement.
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Pour l’histoire, à l’abandon depuis le début des années 1980, le lac municipal de Yaoundé avait été viabilisé pour des courses nautiques en 1952 par l’homme d’affaires Grec Georges Kyriakides, propriétaire du très célèbre Parc Kyriakides, situé derrière l’immeuble siège de l’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle (Oapi). Sa réhabilitation tant projetée puis ajournée par le gouvernement consiste en la construction à ses abords, du moins pour ce qui est de la première phase, d’un hôtel 5 étoiles de 80 chambres, l’installation d’un nouveau dispositif nautique, la dépollution de ses eaux, de restaurants Vip, de boutiques, d’espaces de divertissement, etc.
L’aménagement de ce lac charrie beaucoup d’espoir, notamment chez les pratiquants des sports nautiques, le Cameroun ne disposant jusqu’ici d’aucune piscine olympique. Sur l’ensemble de l’Afrique centrale, d’ailleurs, la seule piscine semi-olympique se trouve à Douala. Il s’agit du « Complexe Sportif City Boy », situé au Camp Sic Bassa.