Cameroun : le régulateur des télécommunications (ART) engage la normalisation de la télédistribution pour sauver la qualité du réseau
Cette action constitue en quelque sorte, une réponse aux doléances posées par les opérateurs de téléphonie mobile (MTN Cameroon, Orange Cameroun et Camtel) lors de la Cameroon Digital Week tenue à Yaoundé au mois d’octobre 2023.
L’agence de régulation des Télécommunications (ART) du Cameroun veut voir net dans l’activité des câblodistributeurs. Le constat est clair au sein de l’entité publique, « les câblodistributeurs font un usage anarchique de certaines bandes de fréquences réservées (car payées) aux opérateurs », nous confie notre source. Dans un communiqué rendu public le 30 janvier 2024, le Directeur général de cette entreprise à capitaux publics enjoint donc « toutes les entreprises de télédistribution (câblodistributeurs, partenaires, sous-détaillants et câblons) de la région du Centre à bien vouloir supprimer sous quinzaine les fréquences intermédiaires comprises entre 700 MHz et 800 Mhz (soit environ 20 chaînes pour libérer immédiatement les canaux assignées aux opérateurs mobiles », écrit Philémon Zo’o Zame.
Selon le document officiel consulté par EcoMatin, l’ART entend à travers cette décision, résoudre à la fois les problèmes d’interférence sur les bandes de fréquences « causées par les amplificateurs et d’autres part, résorber ainsi la dégradation de la qualité de service (QoS) des communications électroniques offertes aux consommateurs ». La sortie du régulateur des télécommunications n’est donc pas fortuite dans la mesure où, la qualité du service internet et du réseau ne font pas encore l’unanimité chez les consommateurs.
Pourtant, l’on se souvient qu’en mars 2023, les abonnés ont lancé une campagne de boycott des services des opérateurs de téléphonie mobile, baptisée « Mode avion » ; laquelle campagne visait à faire essuyer des pertes à ces derniers. Ces plaintes avaient même amené l’ART à infliger une amende globale de 6 milliards de Fcfa à ces opérateurs présents au Cameroun en mai 2023 soit 2,2 milliards pour Orange Cameroun, 1,6 milliard d’amende à Nexttel,la filiale locale de Viettel. MTN et Camtel s’en sont sortis avec des sanctions respectives de l’ordre de 1,4 milliard et 800 millions de Fcfa. Le motif prononcé par le régulateur faisait état des « manquements récurrents » dans le cadre du suivi des obligations de couverture et qualité des services de communications électroniques contenues dans leurs cahiers de charges.
Ce qui suppose que le rendu des opérateurs vis-à-vis des abonnés s’est plutôt détérioré à partir de 2023 car, selon la Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic (CTR), en 2022, « dans le cadre du contrôle des obligations non techniques des opérateurs de réseaux et des fournisseurs de services de consommations électroniques (SP4), il ressort que le niveau de conformité des pratiques des opérateurs à l’égard des consommateurs se situe respectivement à 92,08% pour MTN, 80,34% pour Orange et 73,44% pour Camtel », peut-on lire.
Défensive
Toutefois, il convient de souligner que lors de la Cameroon Digital Week qui a réuni à Yaoundé des experts du domaine des télécommunications en octobre 2023, les opérateurs de téléphonie mobile ont justement pointé un doigt accusateur sur ce phénomène d’interférence. Ils appelaient de ce fait, à l’action des pouvoirs publics. « Nous avons des problèmes d’interférence. A Yaoundé (région du Centre) en particulier, beaucoup de points qui viennent interférencer nos fréquences et qui font que, quel que soit ce qu’on mettra comme équipements, on ne peut pas fournir la bonne qualité de service parce qu’il y a d’autres émetteurs qui émettent sur ces fréquences-là. Est-ce que les opérateurs peuvent les démanteler ? Non ! Parce que les opérateurs sont des entreprises privées qui n’ont pas le droit d’intervenir sur certaines choses. Donc, nous avons également besoin d’aide des autorités pour qu’on puisse régler un certain nombre de choses », déplorait le Directeur général d’Orange Cameroun Patrick Benon. De plus, une source interne à l’ART confirme que « les brouillages de fréquences sont l’une des causes dites exogènes (non imputable aux opérateurs) de la détérioration de la qualité de service ».
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Philémon Zo’o Zame ne va pas sans indiquer que l’ART créée en 2012, engage dès lors un processus de régulation de l’activité de câblodistributeurs d’autant plus que des sanctions sont annoncées à l’encontre des contrevenants. A ce titre, il accorde un délai de 02 mois aux acteurs de la chaîne pour se procurer « les titres d’exploitations de leurs réseaux et de l’homologation de leurs équipements dans le secteur des télécommunications électroniques ».
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