Finance climat : la taxation du carbone en débat en Afrique Centrale
Les assises sur l’action climatique et la décarbonisation de l’économie ont débuté ce 23 janvier à Yaoundé-Cameroun et ont pour objectif principal de dégager une démarche stratégique et régionale d’accompagnement des initiatives de marchés volontaire du carbone dans l’espace francophone de la région d’Afrique Centrale et du Bassin du Congo en particulier.
Ce 23 janvier 2024, le Cameroun a accueilli les premières assises sur l’action climatique et la décarbonisation de l’économie en Afrique Centrale sous le thème « Renforcer l’action climatique et développer une Alliance pour les marchés carbone et la finance climat en Afrique Centrale ». Cet événement majeur pour l’économie environnementale, qui se déroule jusqu’au 25 janvier, rassemble des acteurs actifs de la finance climatique, du secteur privé et du public, venus de la sous-région afin de répondre à l’enjeu spécifique des forêts du Bassin du Congo et des crédits carbone qui pourraient en être tirés.
Organisées par la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (Bdeac) et l’Institut de la Francophonie pour le développement durable (Ifdd), ces assises ont pour objectif principal de dégager une démarche stratégique et régionale d’accompagnement des initiatives de marchés volontaire du carbone dans l’espace francophone de la région d’Afrique Centrale et du Bassin du Congo en particulier.
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Durant son exposé, Cécile Martin-Phipps, Directrice de l’Ifdd, a dressé l’état des lieux des initiatives de marchés du carbone dans l’espace francophone. En Afrique centrale en particulier, Le paysage de la finance climatique reste très contrasté malgré un très fort potentiel de marchés carbone. « La République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda s’imposent comme les deux pays les plus avancés sur la question. Ils ont mis en place des structures à même de gérer la complexité du développement des marchés carbone (le Fonds national REDD – FONAREDD en RDC, la Rwanda Environment Management Authority – REMA au Rwanda). Le Gabon a, en 2022, reçu la certification et la réduction de plus de 90 millions de tonnes d’émissions de CO2 entre 2000 et 2009. Quant à l’Angola, le Burundi, le Cameroun, le Congo, Sao Tomé et Principe et le Tchad, ils bénéficient d’une forte volonté politique visant au développement de ces marchés », indique-t-elle.
L’Institution française relève que l’Afrique centrale a des besoins qui s’élèvent à 21 118 milliards de Fcfa (35 milliards de dollars US) par an, alors que les sommes actuellement dédiées au climat se limitent à environ 1 206 milliards de Fcfa (2 milliards de dollars US). Ainsi, on constate que les pays francophones sont ceux qui accèdent le moins aux mécanismes officiels de la finance climat notamment les guichets des différents fonds mis en place (Fonds Vert Climat, Fonds d’Adaptation et Fonds pour l’Environnement Mondial).
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C’est donc ce double risque de pénalisation des pays francophones (faible accès aux mécanismes de la finance climat et développement non optimal de marchés du carbone) qui a emmené la Bdeac, l’Ifdd et la Ccnucc à organiser des assises francophones sur les marchés du carbone avec un accent particulier sur les pays du bassin du Congo. « Pour les problématiques relatives au climat et au développement durable, il faut trouver des financements adaptés c’est pour ça que nous avons eu l’initiative d’organiser ce séminaire atelier afin d’emmener les Etats et experts à réfléchir sur la façon de pouvoir rassembler ces financements qui seront utilisés dans les projets durables », explique Dieudonné Evou Mekou, président de la Bdeac. Il indique également qu’une enveloppe de 400 milliards de Fcfa est prévue pour financer les projets durables ; un financement extrait des 1 700 milliards de Fcfa réservés au financement du plan stratégique Azobé de la banque pour la période 2023-2027.
Ainsi, l’ultime enjeu de ces assises est d’arrêter une feuille de route pour les pays de l’Afrique Centrale qu’ils se mobiliser pour accéder aux financements du marché du carbone. C’est donc l’achèvement de tout ceci qui va concourir à la création d’une Alliance Afrique centrale des marchés du carbone et de la finance climatique, inspirée des modèles ouest-africains et est-africains.
Soulignons que, l’Afrique est tout autant touchée par l’éclosion des marchés du carbone que l’Occident. Selon l’Ifdd, certaines organisations internationales expertes en développement durable estiment qu’à l’horizon 2050, le continent africain pourrait devenir un des plus gros exportateurs de crédits carbone, avec entre 1,5 et 2,5 gigatonnes d’équivalent CO2 évités, entre 70 000 et 120 000 milliards de Fcfa de capitaux mobilisés et entre 110 et 190 millions de nouveaux emplois crées.
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