Zones industrielles : au Cameroun, la Magzi menace d’expulser les entreprises insolvables
La direction générale de la Mission d’aménagement des zones industrielles donne jusqu’au 31 janvier prochain aux sociétés qui accusent des arriérés locatifs de plusieurs semestres pour certaines, pour s’acquitter de l’intégralité de leurs dettes.
L’insolvabilité a fait son lit sur les installations de la Mission d’aménagement des zones industrielles (Magzi) du Cameroun. Dans un communiqué publié par voie de presse le 15 janvier, le directeur général de cette entreprise publique, Christol Georges Manon, relève pour le déplorer que nombre des sociétés installées sur ses parcelles accusent plusieurs semestres de non-paiement de leurs redevances locatives « dont l’important volume » lui cause « un énorme préjudice financier » et « compromet gravement » la réalisation de ses objectifs de performance. Il invite les entreprises concernées à prendre toutes les dispositions nécessaires à l’effet de s’acquitter de l’intégralité de leurs dettes, au plus tard le 31 janvier prochain. Faute de quoi, des actions en résiliation de leurs conventions de bail et de recouvrement forcé des sommes dues seront engagées à leur encontre, conformément à la loi. Des informations glanées à bonne source indiquent que les administrateurs de la Magzi se réuniront dans quelques jours pour faire le point sur cette situation devenue critique au fil du temps.
Un examen des états financiers de cette structure effectué à l’occasion de la 9e session de son conseil d’administration, le 30 juin 2023, avait déjà mis en évidence l’existence d’un important stock d’arriérés locatifs d’un montant d’un peu plus de 3,2 milliards Fcfa. Dans la foulée, les administrateurs avaient prescrit au directeur général d’engager une opération d’assainissement du portefeuille clients de la Magzi à soumettre à leur approbation et de mettre en œuvre des mesures plus coercitives en vue d’une diminution significative de ces impayés « ayant négativement impacté les résultats de l’entreprise ». Au 31 décembre 2023, les résultats financiers de la Magzi affichaient un chiffre d’affaires d’un peu plus de 2,8 milliards Fcfa, en hausse +19% grâce à une augmentation de ses recettes non locatives de l’ordre de +70%, pour un bénéfice de 73,7 millions Fcfa. L’entreprise renouait ainsi avec un résultat positif après trois années de contre-performances. En effet, les exercices 2021, 2020 et 2019 de la Magzi ont été marqués par des pertes de -993 millions Fcfa, -719 millions et -685 millions Fcfa, respectivement.
Cette embellie a également été marquée par l’augmentation de ses capitaux propres de 1 milliard Fcfa, passant de 20 milliards Fcfa en 2021 à 21 milliards Fcfa. Dans son rapport 2022 publié il y a environ une semaine, la Commission technique de réhabilitation (CTR) des entreprises publiques souligne que le chiffre d’affaires de la Magzi continue d’être absorbé par les charges d’exploitation, en raison de la part encore importante des dotations aux amortissements (29%), des charges du personnel (24,86%), des achats (11,08%) et des services extérieurs (22,39) constitués des charges liées au contentieux et des études réalisées dans le cadre de l’amélioration de sa gouvernance, etc. Bras séculier de l’État dans la mise en œuvre de sa politique de promotion industrielle la Magzi dispose actuellement de 11 zones industrielles dans 9 régions réparties sur 1454 ha.
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Outre le stock important des arriérés locatifs, les contraintes qui plombent ses performances en dépit de l’amélioration de ses indicateurs financiers sont principalement liées aux conflits fonciers avec les populations expropriées et la persistance des troubles dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. La CTR attribué les performances susmentionnées à la mise en place de son plan triennal d’investissement (2021-2023) dont la visée principale est la constitution et la sécurisation des réserves foncières, ainsi que l’amélioration des infrastructures dans les zones industrielles. En dépit du taux mitigé. Le bilan général de ses activités présente une augmentation de ses clients dont le nombre est passé de 381 en 2021 à 409 en 2022, pour 494 parcelles louées sur les sites de Yaoundé, Douala (Bassa et Bonabéri), Ombé, Garoua, Ngaoundéré, Bafoussam (Banengo et Koptchou) Bamenda, Koumé-Bonis et Mandjou Kano.
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