Transport aérien : pourquoi l’Etat congolais rachète la compagnie française Corsair
Ce pays pourrait injecter 15 millions d’euros (environ 10 milliards de FCfa) dans le capital de ce transporteur aérien, soit la moitié des 30 millions d’euros (près de 20 milliards de FCfa) nécessaires à sa recapitalisation.
Depuis le 18 décembre 2023, après la suspension de la quasi-totalité de ses compagnies aériennes du ciel européen, la République du Congo semble avoir trouvé un début de solution à ses problèmes de transport aérien vers l’Europe. En effet, ce pays va rejoindre le tour de table de la compagnie française Corsair. L’information est contenue dans un communiqué publié par le journal français Le Monde, et repris par nombre de médias occidentaux. « Oui, c’est clair, net et précis ; nous avons réussi à trouver le financement qui permettra à Corsair de poursuivre son activité » a indiqué le PDG de la compagnie, Pascal de Izaguirre, au journal Le Monde le 18 décembre 2023. Cité par le quotidien français, le patron de Corsair ajoute que « la République du Congo pourrait ainsi débourser 15 millions d’euros pour détenir la moitié du capital » de ce transporteur aérien.
Le montant de l’investissement envisagé par l’Etat congolais pour reprendre 50% des actifs jusqu’ici principalement détenus par des actionnaires antillais, apprend-on, correspond à la moitié des 30 millions d’euros (près de 20 milliards de FCfa) recherchés pour la recapitalisation de la compagnie, dans le cadre de la restructuration en cours. Au Congo, les autorités ne commentent pas pour l’instant l’information rendue publique par le communiqué publié par Le Monde. Mais, si l’on s’en tient aux informations révélées par le quotidien français, le pays de Denis Sassou Nguesso, qui est pour l’instant sans compagnie susceptible d’assurer la desserte des lignes européennes, vient de marquer un pas vers la fin de cet « isolement » aérien. Le Congo pourrait ainsi mettre un terme au monopole exclusif d’Air France sur les marchés de Pointe-Noire et de Brazzaville, les deux principales villes du pays. Le transporteur français, selon le journal français Le Point, y pratique des tarifs inexplicablement élevés.
Des tarifs inexplicablement élevés à Air France
Ainsi, par exemple, un billet Air France aller-retour pour Pointe-Noire (8 h 15 de vol) coûte 1 656 euros soit 1 086 264,792 de FCfa. Sur la base de ce tarif, il est beaucoup plus cher d’aller à Paris à partir de Pointe-Noire, que de se rendre à Shanghai en Chine à 1 400 euros pour 12 h 45 minutes de vol, ou à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe à 904 euros pour 8h 50 de vol. Pour cette dernière destination, par exemple, la compagnie française impose 752 euros de plus aux voyageurs congolais, soit 493 279 de FCfa. Du coup, avec la venue de Corsair, Air France devrait subir une concurrence sur les lignes congolaises. Jusqu’ici, les voyageurs qui ne peuvent pas se payer le luxe des cabines du transporteur français sont obligés de se rabattre sur Royal Air Maroc, avec une escale imposée à Casablanca.
Selon les analystes, l’arrivée de Corsair dans le ciel congolais devrait être bénéfique du point de vue des tarifs. Par exemple, souligne le journal français Le Point, sur la desserte d’Abidjan, en Côte d’Ivoire, où opère Corsair depuis son hub de Orly, Air France pratique des prix acceptables. Idem à Cotonou, au Bénin, ou encore à Bamako, au Mali, où le transporteur ne va plus depuis le déclenchement de la crise entre la France et ce pays d’Afrique de l’Ouest.
Au 30 septembre 2023, Corsair, dont la flotte est composée de neuf Airbus, dont cinq de nouvelle génération (A330 neo), a réalisé un chiffre d’affaires de 643 millions d’euros (421,7 milliards de FCfa), alors que la compagnie visait seulement 500 millions d’euros (environ 328 milliards de FCfa) au cours de la période.
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