Yaoundé : vers un énième report de la date de livraison du Projet d’alimentation en eau potable lancé en 2016 ?
Après maints reports, le projet démarré depuis sept ans et dont l’achèvement des travaux était finalement prévu pour la fin d’année 2023, pourrait encore subir un glissement de date. La loi de finances 2024 prévoit d’ailleurs une prise en compte de 23 milliards de Fcfa pour cette infrastructure déjà réalisée à 98% à date, selon les sources officielles.
A deux semaines de la fin d’année, des incertitudes planent sur la livraison effective en 2023, du Projet d’approvisionnement en eau potable de la ville de Yaoundé et ses environs à partir du fleuve Sanaga (Paepys). Pourtant, au terme d’une visite d’inspection en juillet dernier, le ministre de l’Eau et de l’Energie(Minee) Gaston Eloundou Essomba rassurait que le Paepys produira un complément de 300 000 m3/jour d’eau potable au profit de la capitale politique et de ses environs, « dans sa première phase en fin 2023 ». C’est du moins, la conclusion que l’on puisse tirer du rapport sur l’« Évolution des grands projets d’investissement » annexé à la loi de finances du Cameroun pour l’exercice 2024.
En effet, d’après ledit document, le Paepys figure parmi les 14 « grands projets » infrastructurels qui seront pris en compte dans la loi de finances 2024. Ceux-ci coûteraient 423,512 milliards de Fcfa à l’Etat, soit 26% du budget d’investissement public(BIP) en hausse de 23% par rapport à l’année 2023.
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Alors que le Paepys affiche selon la même source, un taux de réalisation de 98% à date, il est encore prévu un allocation de 23 milliards de Fcfa pour la même cause. A fin juin dernier, le projet se situait à 97%. C’est dire qu’il n’a avancé que de 1% en 6 mois. Nos démarches entreprises pour savoir à quoi servira cette enveloppe budgétaire (à deux pas de la finalisation du chantier) sont restées sans réponses concrètes. Une source contactée au Minee avoue être « dans l’incapacité totale d’apporter une réponse à cette question ». Parce, poursuit-elle, « nous gérons une tension en ce moment dans le domaine des produits pétroliers et dans le secteur de l’électricité ». A la Cameroon Water Utilities(Camwater) ; concessionnaire public en charge de la production, la distribution et la commercialisation de l’eau potable, on n’a non plus souhaité dire mot. Sous ce rapport, ce serait donc une surprise agréable que le Paepys soit achevé d’ici au 31 décembre 2023 d’autant plus d’après le rapport sur l’Évolution des grands projets d’investissement supra indiqué, la date probable de la fin des travaux est plutôt projetée en mars 2024.
Vers un énième report
A cette allure, l’on court vers un énième report de la date de livraison du Paepys. Lancé en 2016, le projet exécuté par l’entreprise chinoise Sinomach devait initialement être bouclé en juillet 2019 pourtant, en août de cette année-là, l’on annonçait un taux de réalisation de 50,2%. L’échéance a ensuite été reportée en 2020 puis 2021 ; 2022 et avril 2023. La principale raison évoquée par les autorités est la libération de l’emprise du projet encombré par une ligne électrique et une conduite « DN 1 800 ». Il n’est pas fortuit de souligner que le projet piloté par le Minee aura finalement coûté plus de 399 milliards de Fcfa de l’entreprise chinoise car, l’on apprend que son coût est de 588, 887 milliards de Fcfa soit un écart de 189, 887 milliards de Fcfa entre les deux chiffres ; ce qui représenterait certainement l’apport de l’Etat.
Selon un rapport de Camwater publié au premier trimestre, l’offre de la ville de Yaoundé en eau potable est de 180 000 m3/j, produits respectivement par les usines d’Akomnyada (130 000 m3/j) et Mefou (50 000 m3/j), pour une demande de 230 000 m3/j. Le déficit journalier qui se situe calculette en main à 50 000 mètres-cubes induit oblige l’entreprise à procéder au rationnement de l’eau. Pourtant, réceptionné, le Paepys devrait mettre un terme à ce déficit en eau potable à Yaoundé en injectant dans sa phase initiale un complément de 300 000 m3/j, puis 400 000 m3/j dans la phase d’extension.
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