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Cemac : la République centrafricaine aux affaires

Déjà à la présidence de la conférence des chefs d’État et de gouvernement, du Parlement, de la première chambre de la Cour des comptes communautaire et au secrétariat général de la Cobac, le pays s’apprête à prendre le gouvernorat de la Banque des Etats de l’Afrique centrale l’année prochaine. Cette place prépondérante dans les institutions sous-régionales donne-t-elle à la Rca une marge de manœuvre suffisante pour peser sur les réformes attendues, notamment au plan monétaire ? Décryptage.

On peut dire sans exagération que c’est le mandat de la République centrafricaine (Rca) à la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). Le pays assure actuellement le leadership de 5 des 10 institutions spécialisées et organes de l’organisation sous-régionale, à commencer par la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement dont Faustin Archange Touadera a hérité, pour un mandat de 2 ans, de la présidence tournante à l’issue du 15e Sommet de l’instance, tenu le 17 mars 2023 à Yaoundé. Depuis son arrivée à la tête de cette instance décisionnelle, le président centrafricain travaille au retour de la commission de la Cemac à Bangui, laquelle avait été délocalisée à Malabo (Guinée équatoriale) pour des raisons sécuritaires en 2013, à la suite du putsch contre François Bozizé et de la guerre civile qui s’en était suivie dans tout le pays sur fond de prolifération de groupes armés. Ce retour est en bonne voie, à en juger par les travaux en cours de réhabilitation des locaux de la commission et de l’Ecole inter-Etats des douanes, dans la capitale centrafricaine. Au plan sécuritaire, les conditions sont en tout cas réunies pour ce retour qui constituera sans doute une grande victoire pour le chef de l’Etat centrafricain, déterminé à sortir son pays de l’isolement diplomatique.    

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Réformes financières

Autre  poste de responsabilité important actuellement aux mains de la Centrafrique, c’est le secrétariat général de la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac). Il est occupé par Maurice Christian Ouanzin qui a succédé en février 2022 au Camerounais Halilou Yerima Boubakary, après avoir été son adjoint pendant 7 ans. Le Parlement de la Cemac a également à sa tête le député Evariste Ngamana, par ailleurs vice-président de l’Assemblée nationale de la Centrafrique, qui en a hérité en vertu du principe de rotation alphabétique après le Camerounais Hilarion Etong. Au niveau de la Cour de justice communautaire de la Cemac, à N’Djamena (Tchad), la magistrate centrafricaine Clémentine Fanga Napala assure la présidence de la première chambre qui est la Cour des comptes. Première dans l’ordre alphabétique, la République centrafricaine s’apprête à décrocher le Graal, en héritant du gouvernorat rotatif de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) dans un mois, c’est-à-dire, en janvier 2024. C’est au président Faustin Archange Touadera qu’il revient de pourvoir à ce fauteuil très convoité pour les 7 prochaines années. Il le fera sans doute au mieux des intérêts de son pays.

L’arrivée d’un gouverneur centrafricain à Yaoundé pourrait donner un coup de fouet à un certain nombre de réformes financières déjà amorcées au plan interne en République centrafricaine, notamment au processus d’élaboration d’un cadre normatif régissant les cryptoactifs au sein de la Cemac, du reste objet de réflexions instruites par les 6 chefs d’Etat, d’autant que c’est la Beac qui mène le débat. Les réformes à faire doivent aller dans le sens de la préservation des conditions de transparence dans l’émission de la monnaie numérique et anticiper les implications sur le plan de l’inclusion financière, le secteur financier et la finance publique au niveau communautaire en général. Il faudrait, par exemple, mettre en place un mécanisme de fiscalisation des cryptomonnaies comme c’est le cas dans certains pays, à l’instar  des États-Unis où elles sont soumises aux impôts, parce que considérées comme des actifs financiers.

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Poids diplomatique

Fermement opposées à la Centrafrique après le vote, en avril 2022, d’une loi régissant la crypto-monnaie, au motif que celle-ci allait avoir « un effet négatif » sur l’unité légale des membres de l’Union monétaire de l’Afrique centrale (Umac), les autorités de la Cemac) sont depuis acquises à l’idée d’un réaménagement du dispositif législatif autour de la politique monétaire commune aux 6 pays de cet espace. Outre l’idée d’un arrimage de cette politique aux évolutions de la technologie, notamment la mise en place d’un dispositif législatif sur les monnaies numériques, la question de la réforme du Fcfa est de plus en plus évoquée de manière décontractée. Après avoir été la première à accorder un cours légal aux cryptoactifs en mettant le bitcoin au même pied d’égalité que le Fcfa, avant de reculer sous la pression des 5 autres pays de la Cemac, jusqu’où la République centrafricaine peut-elle profiter de sa présence prépondérante dans les institutions sous-régionales pour peser sur les réformes attendues ? La prochaine session extraordinaire de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement devrait donner ou non des indices sur la capacité de Bangui à jouer les premiers rôles dans la marche des institutions communautaires. 

Au plan diplomatique, il ne fait plus de doute que la présidence de la conférence des chefs d’Etat confère un poids non négligeable à la Rca. En septembre dernier, Faustin Archange Touadera s’était rendu au Cameroun pour rencontrer son homologue Paul Biya. Rien n’a filtré  officiellement du tête-à-tête de Yaoundé entre les deux hommes, mais les échanges ont sans doute tourné autour du coup d’Etat ayant renversé Ali Ben Bongo, le 30 août. Avant la capitale camerounaise, le président centrafricain était à Libreville au Gabon où il avait rencontré le président de transition, Brice  Clotaire Oligui Nguema. Cette mission de bons offices initiée par ses pairs de la Cemac avait été suivie de voyages du chef de la junte gabonaise en Guinée équatoriale, au Congo, en Rca, au Tchad et il y a tout juste quelques jours, le 06 décembre, au Cameroun.

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