Inflation : le Cameroun restera au-dessus de la norme Cemac au moins jusqu’à fin 2024
Le pays devrait terminer l’année prochaine sur un taux de 4% contre 6,7% à fin décembre 2023, selon les projections du gouvernement.
L’évolution de l’inflation au cours des 9 premiers mois de l’année 2023 affichent une moyenne de 7,8%, selon les chiffres actualisés de l’Institut national de la statistique (Ins) publiés la semaine dernière. Cette situation est entretenue par la flambée continue des prix des produits alimentaires et la hausse du coût des transports en lien avec l’augmentation, en début d’année, des prix des produits pétroliers. Le gouvernement annonce un léger refroidissement du marché à 6,7% à fin décembre prochain. Si l’on s’en tient aux prévisions de la loi de finances soumise le 30 novembre dernier à l’examen et au vote du Parlement, il faudra attendre fin 2024 au moins pour voir se desserrer l’étau de l’inflation à 4%, même si, relativise le document, ce taux restera au-dessus du seuil de 3% admis au sein de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). Ces prévisions tiennent évidemment compte des incertitudes liées à l’évolution de l’environnement internationale dans un sens ou dans l’autre, l’économie nationale étant encore fortement exposée aux chocs externes de sa dépendance aux importations.
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De grosses inquiétudes persistent, en effet, sur le marché des matières premières qui a réussi à reprendre son souffle depuis fin 2022, après avoir touché le fond entre 2020 et mi-2022. Cette période d’instabilité est loin d’être derrière nous, si l’on en croit le rapport Cyclope 2023 publié en mai, qui indique que « les perspectives à partir de 2024 sont sombres pour quelques unes » des matières premières. Les projections du gouvernement du Cameroun relativement au comportement du marché se situent en deçà de celles du Fonds monétaire international (Fmi), qui, au mois de novembre, tablait sur un taux d’inflation de 7,2% à fin 2023 et 5,9% en 2024. Ces prévisions de l’institution de Bretton Woods se rapprochent davantage de celles de l’Ins, qui table sur un taux d’inflation aux alentours de 7,3%, saufs nouveaux chocs externes.
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Du reste, dans le but de réduire la dépendance extérieure du Cameroun, le bras séculier de l’Etat en matière de statistiques insiste sur le fait que la politique de transformation structurelle de l’économie, inscrite dans la Stratégie nationale de développement 2020-2030 (Snd-30) et déjà en cours de mise en œuvre, doit être accélérée. « Ceci est d’autant plus crucial si le conflit russo-ukrainien perdure, avec des conséquences inflationnistes potentiellement persistantes. Le développement des unités de production et de distribution d’intrants agricoles (comme les engrais chimiques, herbicides, semences, etc.) est un autre levier à exploiter pour accroître l’offre diversifiée de produits agricoles ». Enfin, souligne l’Ins, il convient d’intensifier les contrôles sur les marchés pour prévenir les dérives pouvant être induites par la revalorisation des salaires.
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