Electricité : Globeleq met ses centrales à l’arrêt pour la deuxième fois en un mois
Gestionnaire des centrales de Dibamba et de Kribi, le groupe britannique récidive après l’épisode de début novembre et pour lequel l’Etat, venu à la rescousse, avait injecté près de 8 milliards de Fcfa pour rétablir l’électricité dans le réseau interconnecté sud (RIS).
Dans un communiqué daté du 1er décembre, Eneo, l’entreprise de production et distribution d’électricité au Cameroun, annonce la « mise en arrêt complète de deux ouvrages majeurs » dans le système électrique du pays. L’entreprise prépare la population à des futures perturbations du service sur le Réseau Interconnecté Sud (RIS), notamment dans les villes et localités de 6 régions du pays. « Face à cette situation qui occasionnera un déficit de production d’énergie, Eneo va opérer des raisonnements rotatifs de la fourniture électrique dans certaines villes et localités du Centre, du Sud, du Littoral, de l’Ouest du Nord-Ouest et du Sud-Ouest », peut-on lire.
Lire aussi : Défaillance : alerte rouge sur le barrage de Nachtigal
Dans sa communication, le concessionnaire de l’énergie électrique au Cameroun fait savoir qu’un rationnement de la desserte de l’électricité sera appliqué, laissant ainsi les abonnés de l’entreprise (industriels et ménages) dans une situation de délestage sur une période moyenne de 6 heures. L’entreprise précise que cette durée est prévisionnelle et pourrait baisser ou augmenter en fonction de l’évolution de la situation. Elle recommande de fait à ses clients une consommation rationnelle de l’électricité disponible et si possible de se tourner vers d’autres sources alternatives d’énergie. « Se limiter au strict nécessaire dans la consommation d’électricité : régler la climatisation sur 23 degrés, éteindre la lumière dans les pièces inoccupées, débrancher les appareils non utilisés et/ou sensibles et ne les rebrancher que 15 à 20 minutes après le retour effectif du courant », telles sont les consignes de Energy of Cameroon à ses clients et abonnés.
EcoMatin apprend, de sources bien introduites, que les « ouvrages majeurs » auxquels l’entreprise fait allusion, sans plus de précision, sont les centrales à gaz de Kribi (216 MW), région du Sud, et à fuel de Dibamba (88 MW), région du Littoral. Celles-ci ayant fait les frais, le 31 octobre dernier, d’une première mise en arrêt qui a duré près d’une semaine et causé d’importantes perturbations dans les secteurs desservis par le RIS, sont donc à nouveau en cessation d’activité pour une raison encore inconnue.
Lire aussi : Energie : alerte rouge sur la fourniture de l’électricité au Cameroun
Si l’entreprise refuse de s’exprimer sur les motifs de la seconde mise en arrêt desdites centrales, l’hypothèse la plus probable, selon la source d’EcoMatin, est la réclamation du paiement mensuel due par Eneo à son fournisseur Globeleq Cameroon, entreprise britannique qui gère les centrales sus mentionnées. Un autre épisode d’une situation vécue un mois avant et pour laquelle l’Etat, venu à la rescousse, a injecté près de 8 milliards de Fcfa pour rétablir l’électricité dans le RIS du pays, plongé dans l’obscurité durant 6 jours d’affilée.
En effet, avec un cumul de la dette fournisseur élevée à 336 milliards de FCFA à fin 2022, soit 48% de la dette globale de l’entreprise estimée à 700 milliards de FCFA, Eneo peine depuis lors à verser chaque mois à Globeleq les 8 milliards de FCFA (6,36 milliards pour KPDC et 1,79 milliard DPDC) dus pour ses approvisionnements depuis les centrales de Kribi et de Dibamba. La société avait alors décidé de les mettre à l’arrêt face à l’accumulation des impayés par Eneo Cameroon.
Lire aussi : Eneo face à des tensions dans la chaîne d’approvisionnement des compteurs prépayés
La source révèle également que, à côté de ça, les populations du Sud du pays font régulièrement face à des coupures d’électricité dues à la défaillance des ouvrages de transport et distribution. Celles-ci devraient donc s’accentuer à partir de ce 1er décembre et pour une durée non déterminée jusqu’ici.
Criblée de dettes, Eneo est prise en tenaille entre ses créanciers et ses débiteurs. Les premiers protestant contre l’accumulation des impayés de la société de distribution de l’électricité. Les seconds, l’État et ses démembrements, traînent le pas pour régler leurs factures de courant. Dans un contexte où le gap actuel entre l’offre et la demande d’électricité se creuse davantage avec le début de la saison sèche marquée par la baisse du niveau des eaux dans les barrages de Songloulou (388 MW), Edéa (276 MW) et Memvé’élé (211 MW), la perte qui se profile à l’horizon du fait de l’inactivité des centrales de Kribi et de Dibamba dépassera largement les 30 MW de déficit journalier observé sur le RIS en début d’année 2023.
A LIRE AUSSI