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Politiques Publiques

Cameroun : le secteur privé a dépensé près de 1 000 milliards de Fcfa en 5 ans pour payer la prestation des services étrangers

Selon le « Rapport sur l’état de la compétitivité de l’économie camerounaise en 2022 », ce chiffre témoigne d’une faible capacité de réponse de l’offre camerounaise à la demande sans cesse croissante de plusieurs services.

Le « Rapport sur l’état de la compétitivité de l’économie camerounaise en 2022 » renseigne que le solde des échanges des services a essuyé un déficit de -617 milliards de Fcfa. Par rapport à l’année 2021 où ce chiffre s’est situé à  – 343,7 milliards de Fcfa, il s’est creusé de 273,3 milliards de Fcfa en glissement annuel. A en croire le rapport publié par le Minepat, ce creusement du solde est attribué essentiellement aux services de transports de marchandises, tirées par la hausse des importations de biens dont le fret est assuré par des compagnies étrangères.  

Lire aussi : Loi de finances 2024 : le patronat camerounais plaide pour la révision des frais de visas appliqués aux travailleurs étrangers

En d’autres termes, « le niveau du solde des achats/ventes des services d’assistance technique interpelle sur la compétitivité des compétences nationales, et sur l’application de la préférence nationale dans la sollicitation de l’expertise pour la réalisation de certains travaux techniques par les entreprises : près de 1 000 milliards ont été dépensés par le secteur privé pour l’importation des services d’assistance technique étrangère sur la période 2017-2022(5 ans) », lit-on.

C’est dire que depuis 2017, les opérateurs économiques du privé ont dû dépenser en moyenne 200 milliards de Fcfa par an pour payer la prestation des services externes alors qu’ils font déjà face aux charges du personnels, de fonctionnement, etc. dans un contexte où nombreux d’entre eux  sollicitent sans cesse, l’accompagnent des pouvoirs publics.  « Toutes ces évolutions illustrent une perte de compétitivité de l’économie camerounaise dans la période sous-revue, et témoignent d’une faible capacité de réponse de l’offre camerounaise à la demande sans cesse croissante de plusieurs services », souligne le rapport.

Lire aussi : Travail des étrangers au Cameroun : vers un échec des recettes de 14 milliards de Fcfa visées en 2023 ?

A noter que le secteur public n’est non plus exempt de l’importation des services. Pour preuve, selon « Les Comptes nationaux» de l’INS, le gouvernement a déboursé 158,7 milliards de Fcfa (+11,3%)  au 2e trimestre 2023 pour l’importation des services.

Ainsi, le rapport sur la Compétitivité ne le dit pas clairement mais il pourrait avoir un lien avec la problématique de la formation professionnelle au Cameroun. L’insuffisance d’un personnel hautement qualifié pour certains domaines d’activités (maintenance des infrastructures portuaires, aéroportuaires, etc.) entraîne très souvent le recours à l’expertise extérieure pour les réaliser malgré les coûts conséquents.

Lire aussi : Les mesures du gouvernement pour accélérer la traque des travailleurs étrangers illégaux

En vue d’améliorer les performances du secteur, le gouvernement a entrepris  la transformation de 288 SAR-SM (section artisanale rurale et section ménagère) en centres de formation aux métiers ultramodernes. Pour ce faire, les pouvoirs publics misent notamment sur les recettes issues des frais de visas appliqués aux travailleurs étrangers. Sauf que la réforme introduite par la loi de finances 2023 est actuellement en débat au parlement. En effet, le patronat camerounais plaide pour la révision de cette mesure qui institue des frais de visa de travail équivalents à 2 mois de salaire et traitement brut pour les travailleurs non africains, et 1 mois de salaire et traitement brut pour les travailleurs africains, avec abattement de 50%. A en croire les chiffres du ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle(Minefop), le Cameroun n’a recouvré à date, que 4 milliards de Fcfa (28%) sur les 14 milliards de Fcfa visés en 2023.

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