Gaz naturel: la SNH permet au Cameroun d’intégrer le Top 20 des exportateurs
L’usine flottante de liquéfaction de gaz naturel, en exploitation commerciale aux larges de Kribi depuis le 31 mai 2018, favorise également l’augmentation du gaz domestique de 30 000 tonnes par an.
Le Cameroun a intégré le cercle restreint des exportateurs de gaz naturel, au 20è rang à l’échelle mondiale. Un classement dominé par huit pays (dont le Qatar, l’Australie, la Malaisie, le Nigeria) qui exportent à eux seuls 83,5% du gaz naturel mondial. Cette performance a été rendue possible grâce à l’usine flottante de liquéfaction de gaz naturel, Hili Episeyo, installée au large de Kribi, selon la Société nationale des hydrocarbures (SNH) qui fait cette annonce dans son magazine SNH Infos. « La première cargaison de Gaz naturel liquéfié (GNL) issu du sous-sol camerounais a été livrée en Chine le 14 juin dernier », précise Adolphe Moudiki, Administrateur directeur général de la SNH. Le chargement de la toute première cargaison de gaz naturel liquéfié destinée à l’exportation, effectué en deux lots, a eu lieu les 1er et 17 mai.
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La quantité de gaz naturel liquéfié (GNL) vendue à l’international est estimée à 2 514 112,6 millions de Brittish thermal unit (BTU). Selon Simon Paley, directeur commercial de la SNH, le Cameroun a exporté au 30 septembre, sept cargaisons de GNL dont quatre à destination de l’Inde, deux à destination de la Chine, et une à destination de Taïwan. Jusqu’ici, 100% du GNL camerounais va vers l’Asie. Ce qui est normal, estime le responsable commercial, puisque ce continent représente à lui seul 73% du marché mondial, et sa demande devrait continuer à progresser en raison de la croissance économique et démographique, ainsi que du basculement du charbon vers le gaz pour la production de l’électricité. L’expert justifie le choix de l’exportation par la taille embryonnaire du marché national du gaz naturel (environ 34 millions de pieds cubes de gaz par jour), constitué d’une centrale thermique à Kribi et d’une d’un réseau de distribution à Douala, qui ne permet pas d’absorber les volumes de gaz naturel actuellement exportés, à savoir, 180 millions de pieds cubes par jour.
En plus d’augmenter l’offre de gaz domestique locale, les autres avantages découlant de l’exploitation de l’usine flottante de gaz liquéfié sont : des investissements amont de l’ordre de 150 millions de dollars, soit environ 84 milliards de FCFA ; 700 emplois liés sur les chantiers de Bipaga en phase construction, dont 95% de Camerounais ; environ 100 emplois permanents créés au Centre de traitement de Bipaga ; environ 130 emplois permanents créés par la société Golar à Douala et sur le Hili Episeyo, dont 52 Camerounais recensés à fin mai 2018 ; la contribution de Gollar au compte spécial de développement des capacités locales prévu par le code gazier, de 3,75 millions de dollars. La SNH a par ailleurs continué à approvisionner la centrale thermique de Kribi en gaz naturel, suivant les besoins exprimés par l’opérateur Kribi Power Development Company (KPDC). La quantité de gaz naturel vendu à cette centrale a d’ailleurs connu une augmentation de plus de 17,79%, en raison de l’amélioration de la consommation de cette centrale.
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La durée initiale du contrat de service de liquéfaction est fixée à 8 ans. « Nous espérons que nous irons au-delà des 8 ans d’exploitation prévus », a souhaité le CEO de Perenco, Benoît de la Fouchardière (Ex-directeur général des deux filiales de Perenco au Cameroun), au cours d’une visite au Cameroun, en prélude au lancement solennel des opérations de liquéfaction du gaz naturel camerounais. Pour Jean Jacques Koum, directeur du Gaz de la SNH, la perspective d’une poursuite de l’exploitation de ces installations au-delà de la période contractuelle initiale est presque certaine, dans la mesure où l’ensemble des installations construites dans le cadre de ce projet ont une durée de vie d’au moins 20 ans, et qu’il existe d’autres champs gaziers qui ne demandent qu’à être mis en exploitation.
La moitié de la consommation locale encore importée
Le Floating LNG en exploitation commerciale depuis le 31 mai 2018 permet non seulement de liquéfier du gaz naturel destiné à l’exportation, mais aussi de produire du Gaz de pétrole liquéfié (GPL), communément appelé gaz domestique, pour les ménages camerounais, et des condensas pour la raffinerie. Grace à l’introduction par la SNH de cette quantité supplémentaire de GPL sur le marché national, l’offre locale de gaz domestique augmente de 30 000 tonnes par an, soit le tiers de la demande nationale, précise Adolphe Moudiki, l’Administrateur directeur général de la SNH. Ce qui permet par la même occasion la réduction de la subvention de l’Etat sur le prix de vente de la bouteille de gaz sur le marché local. En effet, la bouteille de 12,5 kg que les ménages camerounais achètent à 6 500FCFA coûte en réalité entre10 000 et 11 000F. Il se dégage un gap de 3 500 à 4 500FCFA par bouteille pris en charge par l’Etat à travers la CSPH pour le compte des consommateurs. Cette subvention a coûté à l’Etat pour la seule année 2017, la somme de 32,6 milliards de FCFA, souligne Simon Paley, le responsable commercial de la SNH.
Selon les statistiques de SNH, au 30 septembre 2018, les quantités de gaz livrées sur le marché domestique s’élèvent à 9 208, 78 tonnes métriques
L’exploitation de l’usine flottante de liquéfaction de gaz naturel aux larges de Kribi depuis le 31 mai 2018 contribue ainsi à la diminution de la dépendance énergétique du Cameroun. En tenant compte des GPL issus de la Sonara qui a enregistré une réduction moyenne de 17 000 tonnes sur les 5 dernières années, la production locale représente désormais 40 à 50% de l’approvisionnement nationale. Toutefois, la consommation nationale de GPL dépassant désormais la barre de 100 000 tonnes métriques par an, la moitié de cette consommation continuera à être importée. Il est dans ce contexte, plausible de parler plutôt d’une amélioration de la disponibilité de GPL sur le marché domestique que d’une fin des pénuries, souligne le responsable commercial. Qui note tout de même une économie des devises, puisque les GPL importés sont facturés en dollars, alors que ceux de Bipaga en francs CFA.
Selon les statistiques de SNH, au 30 septembre 2018, les quantités de gaz livrées sur le marché domestique s’élèvent à 9 208, 78 tonnes métriques (T M). Cet approvisionnement a été effectué par le chargement de 463 camions citernes ; ce qui représente l’équivalent de 736 702 bouteilles de 12,5 kilogrammes, le modèle d’usage courant dans les ménages. La fréquence de chargement à ce jour se situe entre 4 et 5 camions citernes par jour, en fonction de des disponibilités en stock qui elles-mêmes dépendent du débit de fourniture de GPL par l’opérateur Perenco, soutient Simon Paley. D’après le schéma logistique convenu avec la Caisse de stabilisation des prix des hydrocarbures (CSPH), la totalité des GPL (Gaz de pétrole liquéfié) issus de Bipaga est destinée à approvisionner prioritairement la ville de Yaoundé et ses environs qui reçoivent quantité de gaz domestique GPL estimée à 4 094,152 tonnes métriques.
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« Au regard des quantités déjà fournies au marché domestique et compte tenu de la consommation moyenne de la région du Centre, on peut affirmer sans risque de se tromper que les GPL consommés par les ménages de cette région proviennent du dépôt SNH de Bipaga », analyse le directeur commercial. Les ventes effectuées par la SNH ont permis de relever le niveau des transferts au trésor public, effectués après déduction des charges de production.