Exploitation du Cobalt de Lomié : des divergences au sein de l’actionnariat de Geovic Cameroun bloquent le projet
Le ministre des Mines par intérim préconise le démarrage du projet pour que le désaccord soit résolu.
Dans son plan quinquennal 2023-2027, le gouvernement camerounais envisage le lancement de 12 projets miniers. Parmi ceux-ci, l’exploitation du Cobalt, Nickel et Manganèse de Nkamouna-Lomié porté par Géovic Mining. La pose de la première pierre de ce projet est annoncée pour cette année. Sauf qu’à date, le projet piétine en raison des désaccords affichés par les actionnaires de Geovic (dont le principal est l’américain Phoenix Mining) et la Société nationale des investissements (SNI) qui détient 29,5% des parts au sein de l’entreprise. A en croire les déclarations du ministre en charge des mines lors de la session parlementaire en cours. « À l’intérieur du capital de cette société, il y a divergence entre deux principaux actionnaires ».
En effet, selon une source proche du dossier, le nœud du problème serait un règlement de la dette due à la SNI. « Le cadre du code minier de 2016 exige que : quand un opérateur ne peut pas mener une activité de terrain c’est-à-dire ne peut pas développer la mine, il a besoin d’un partenaire stratégique qui l’aide à reformuler ou à restructurer son projet et à le démarrer effectivement. Dans ce contexte, on se souvient que l’entreprise phœnix a fait un communiqué dans lequel elle reconnaît avoir acheté Geovic Cameroun. Suite au développement de Phœnix, il ressort ce que : l’entreprise a décidé de faire venir ses engins de la Guinée et de lancer des activités de terrain au Cameroun. Mais une fois les engins arrivés au Cameroun précisément à Lomié, il sera sommé par la SNI d’arrêter les travaux jusqu’à apurement de sa dette parce que la SNI avait investi un certain montant lors de la 1ere réforme, ce qui se chiffre à plusieurs milliards de FCFA».
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A l’en croire, Geovic aurait même récemment reçu une mise en demeure de l’entité publique. « Quand ces engins doivent effectivement finir le déboisement et lancer les travaux, il reçoit la mise en demeure de la SNI, cessation des travaux jusqu’à apurement de la dette. Lorsqu’il y a mise en demeure, il n’y a pas d’autres options que d’arrêter les travaux car c’est une action légale ».
Pourtant, selon la même source « l’affaire avait été débattue en concert de la SNI et les administrateurs avaient demandé à la SNI de surseoir à la demande de tous ces paiements jusqu’à ce que l’entreprise puisse apurer la dette progressivement selon les travaux sur le terrain ».
Pour l’heure, des négociations sont en cours pour une sortie de solution. « Le ministère des Mines doit prendre sa place pour mettre de l’ordre ». Il préconise d’ailleurs, le démarrage du projet pour que le problème soit résolu.
Le lancement de ce projet pourrait permettre à Yaoundé d’engranger d’importantes ressources. En effet, le site de Nkamouna est présenté comme l’une des plus grandes réserves primaires prouvées de cobalt au monde et détient également des gisements de nickel, de manganèse et de terres rares. Le projet a pour objectif de produire un total de 68,132 millions de tonnes de minerai, avec des teneurs en cobalt de 0,26%, en nickel de 0,66%, et en manganèse de 1,48%. L’exploitation de site se présente donc comme une opportunité à saisir pour le Cameroun surtout dans un contexte de montée de la demande de cobalt internationale, minerai essentielle dans la fabrication des batteries pour véhicules électriques mais aussi dans d’autres produits électroniques, comme les smartphones, tablettes…
Un projet qui tarde à se concrétiser ?
19 ans après avoir obtenu le permis d’exploitation de ce gisement minier à Geovic Mining, celui-ci s’est retiré du projet en 2022 sans jamais avoir pu sortir le moindre gramme de Cobalt pour le commercialiser. En effet, Phoenix Mining, nouveau propriétaire de Geovic, avait conclu un accord avec Geovic Mining pour « financer et exploiter » le gisement de cobalt de Nkamouna, localité située dans l’arrondissement de Lomié, région de l’Est du Cameroun. La junior minière américaine avait, en effet, cédé tous ses actifs sur ce projet, notamment les 60,5% des parts qu’elle détenait au sein de sa filiale locale Geocam, l’entreprise qui possède le permis d’exploitation de ce gisement.
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A cette période, les dirigeants de Phoenix Mining avaient rencontré les autorités camerounaises et annonçaient le démarrage de l’exploitation de ce minerai dans exactement 24 mois. « On s’attend à ce que le cobalt devienne rapidement une source d’exportation très importante pour le Cameroun, justifiant le soutien de longue date de la présidence camerounaise au projet ».
